Plus qu’un film de super héros classique

Jamais les fans de comics et de spectacle cinématographique n’oublieront l’été des années 2000 où, après moultes rejets, le premier film X-men débarquait sur grand écran. Créer un film comportant plein d’effets spéciaux avec un budget aussi modeste n’aura pas été une mince à faire, tout comme le travail sur l’éclairage, le son, les costumes, le maquillage et prothèses. En prime, il y avait l’inquiétude des fans. Bryan Singer allait-il être en mesure de leur fournir ce qu’ils attendaient ?

Un des phénomènes de la culture pop enfin en film

Jamais je n’oublierais le 19 Aout 2000. Après avoir découvert au cinéma, trois plutôt…Batman et Robin (on est vraiment naïf à cet âge hein ?), voila que je retournais en salle pour voir un autre film de super héros que j’adorais en dessin animé : les X-Men. Agé de 15 ans, tout comme d’autres, j’avais très peu d’attente. Du moment que le film correspondait visuellement et narrativement à l’œuvre originale, que le casting est bien été trouvé et qu’il y est des scènes spectaculaires, c’était l’essentiel. Bryan Singer, fan de cet univers qu’il adorait depuis des années a réalisé ce film en ce mettant à la place du spectateur. Un bon point pour lui. Deuxième bon point, son film, bien que comportant quelques pics d’humour, sera un film de science fiction sérieux. De l’action oui, du fun oui, mais un film prit au sérieux.

Si vous pensiez qu’X-Men faisait parti de ces films de super héros bons que pour leurs effets spéciaux, vous feriez fausse route. Depuis sa création en comics, puis, par la suite, ses dérivés en série animée et maintenant en film, X-Men , au-delà des costumes, du spectacle, de l’action, et du fun, traite de thèmes importants amenant à réfléchir de très près. Les préjugés, le sentiment de rejet, la peur de l’inconnu, le besoin de trouver sa place, le tout englobé par une sous ambiance politique qui, pour une fois, ne barbera pas.

Ces concepts sont universels, attirant les gens, de toute race, de tout âge. Combien d’entre vous, enfants, adolescents, adultes, avez eu une fois dans votre vie cette sensation de rejet, ce sentiment de ne pas avoir votre place dans la société ? X-Men, c’est LE film de super héros thérapeutique. A travers ses personnages, les mutants, Bryan Singer critique celles et ceux jugeant les personnes différentes. Du coup, on s’interroge, se demandant si ce n’est pas finalement ceux qui jugent, ceux qui sont cruels, qui sont les monstres et non le contraire.

La mutation, c’est la clé de notre évolution. C’est elle qui nous a
mené de l’état de simple cellule à l’espèce dominante sur notre
planète. Mais tous les deux ou trois cents milles ans, l’évolution
fait un bon en avant...

X-Men et ses personnages charismatiques

X-Men, ce sont deux camps : les bons avec de bonnes intentions, et les « mauvais » avec des attentions louables mais néanmoins maladroites au point d’en devenir dangereuses de par leurs extrémités.

D’un coté, dans le camp des gentils, nous avons une grosse pointure : Charles Xavier (Patrick Stewart, ancien Capitaine Picard dans Star Trek Nouvelle génération), de l’autre, une autre grosse pointure : Magneto alias Erik Lehnsherr (Ian McKellen). Nos deux personnages sont plutôt bien entourés.

Dans le camp de Xavier :
• Scott Summers alias Cyclope, le leader des X-men. Il peut tirer des rafales d'énergie de couleur rouge par ses yeux. Soucis, il doit constamment porter des lunettes spéciales. Il est fiancé à Jean Grey.
• Le Dr Jean Grey, fiancée de Scott, assistante de Charles Xavier. Elle possède des pouvoirs télépathiques et télékinésiques. Elle est aussi le médecin de l'école.
• Ororo Munroe alias Tornade: Une des professeurs de l'école de Xavier. Elle possède le pouvoir de contrôler les éléments climatiques. On aimerait bien la voir bosser dans la météo!

Dans le camp d’Erik :

• Raven Darkhome alias Mystique. L'assistante de Magnéto et ancienne amie d'enfance de Charles Xavier (même si, première incohérence, on n'y fera pas allusion). Cette mutante a le pouvoir de changer à volonté d'apparence. Et elle a bien raison puisque sa véritable apparence laisse apparaitre un corps couvert d'écailles bleues. Souple, elle est redoutable au corps à corps.
• Victor Creed alias Dents de sabre. Comme Wolverine, Dents de sabre dispose d'un pouvoir de régénération. Il possède de plus des griffes au bout de ses doigts et se trouve doté d'une force nettement supérieur à celle de Wolverine. Dents de sabre est peu bavard.
• Le crapaud. Ce mutant ne ressemble pratiquement plus à un humain. Son pouvoir lui permet d'effectuer des bonds gigantesques, de s'accrocher à n'importe quelle surface et de cracher une sorte de grosse glaire bien gluante. Son surnom de Crapaud, il le doit surtout à sa puissante langue de plusieurs mètres de long. Le crapaud est un sarcastique plutôt blagueur.

Tornade ?... Et vous c'est quoi ? Roulette !?

Les mutants sont parmi nous !

Dans ce premier X-Men, nouveaux venus dans cet univers ne seront pas largués. Tout sera expliqué sans aller dans la complexité la plus totale avec plein de noms et termes sitôt entendus, sitôt oubliés. Nous apprenons que l’homme a évolué et semble sur le point de changer. Nous vivons les débuts d’une nouvelle étape de l’évolution humaine. Une chance de progrès ? Certains humains présentant des aptitudes spéciales dangereuses, le monde a perdu ses illusions. La peur inspirée par ces pouvoirs c’est installée.

Les mutants sont partout et, parce que pour ceux qui ne sont pas comme eux, ces personnes sont différentes, possédant toutes des capacités hors normes, ils sont une menace. Le sénateur Kelly milite pour la sécurité, tente de faire adopter une loi visant à identifier et enfermer tous les mutants dont l'existence doit être révélée au monde. Alors que le professeur Xavier, qui a le pouvoir de lire et contrôler les pensées, tente de le convaincre de changer d'avis et de laisser la chance aux humains de les accepter et leur accorder une chance, Magnéto, survivant des camps de la mort lors de la seconde guerre mondiale, refuse de courir le risque et entend bien s'occuper de Kelly. De plus, on découvrira qu’il a créé une machine capable d’émettre des radiations et faire ainsi, muter n’importe quel humain.

Que ce soit dans le camp des X-Men ou celui de Magnéto, les costumes et l’apparence de nos personnages ont un coté extravagant et pourtant, contrairement à d’autres films basés sur l’univers des super héros Dc Comics et Marvel, Bryan Singer a tout fait pour que ca paraisse réel et naturel. Et c’est réussi. L’utilisation des musiques mi-héroïques, mi-tragiques, la narration nous présentant habillement les personnages, les enjeux de l’histoire et de l’univers, l’interprétation authentique des acteurs et actrices, les effets spéciaux dantesques et l’ambiance à la fois héroïque, sombre, mature tout en étant par moments familiale, font que ce tout premier X-Men est une totale réussite.

En plus d’Ian McKellen, Patrick Stewart, Halle Berry, Famke Janssen, Rebecca Romijn, Ray Park (Mr Dark Maul !) et James Marsden, de grosses pointures allaient révéler leur talent pour la première fois au monde entier.

Parmi elles, Hugh Jackman, ayant un challenge de taille en devant interpréter Wolverine/Logan (autrefois appelé Serval), mutant solitaire, bad ass, et marginal au comportement bestial, ayant un squelette recouvert d’adamantium ainsi que des griffes rétractables. Il vieillit lentement, il possède la faculté de guérir de petites voir graves blessures.

Après X-Men Origins : Wolverine, nous retrouvons notre héros amnésique devenu un vagabond vivant de combats clandestins, errant sans but, ce questionnant sur son passé. Vadrouillant de villes en villes, il tombera accidentellement sur Malicia (Anna Paquin), une mutante âgée de seulement 17 ans qui c'est enfuie de chez elle après qu'elle est faillit tuée son petit ami. Malicia a le pire des pouvoirs: celui d'absorber temporairement l'énergie vitale de celui ou celle qu'elle touche. Impossible pour elle d'avoir le moindre contact physique avec qui que ce soit. A coup sûr, nos deux héros torturés gagneront notre cœur. Attendez-vous à de nombreux moments de tendresse. Alors que Malicia intègrera par la suite l’Institue Xavier, Logan, lui, sera pris en deux feux, ne sachant pas quel camp choisir car ne voulant pas se joindre à camp. Par ses yeux, nous verrons donc différents points de vue.

L’homme a toujours craint ce qu’il ne pouvait comprendre.

Le film qui prônait la différence

Jeune et solitaire, tout comme d’autres, le dessin animé, tout comme d’autres traitant différemment le sujet, me remontait le moral, m’aidais à garder espoir, confiance. On a été nombreux à vouloir intégrer l’école des surdoués du professeur Charles Xavier pour pouvoir améliorer nos pouvoirs fantastiques. Certes, pas les mêmes que les VRAIS mutants de notre film mais améliorer les dons que nous avions.

Encore aujourd’hui, je suis épaté en voyant que beaucoup de gens se sentant seuls, différents, s’identifient aux personnages de cet univers. Nous ne sommes pas des mutants et pourtant, on en a la sensation en vue de cette solitude et ce jugement de l’autre. Belle métaphore que d’utiliser les X-Men pour critiquer tout ça.

Avez-vous la crainte de Dieu, monsieur le sénateur ? C'est si étrange
comme idée. J'ai toujours vu Dieu comme un éducateur, qui porte la
lumière, la compréhension, la sagesse. Voyez-vous, je pense que ce qui
vous terrifie tellement, c'est moi. Moi et mon engeance, la confrérie
des mutants.

Au final, j’adore ce premier X-Men. Spectaculaire, émouvant, philosophique, parfois drôle, Bryan Singer, bien que s’accordant quelques libertés coté histoire et personnages, n’a pas oublié ce pour quoi ce comics a été créer: nous faire réagir sur le racisme et autres discriminations. Narration excellence et fascinante, casting charismatique, musiques et effets spéciaux somptueuses, scènes d'action fun et bien foutues, dialogues intelligents, un des meilleurs opus de la saga dont la scène d'introduction aura balayée bons nombres de films du genre. Dans le genre film de super héros réaliste, on ne fait pas mieux qu'X-men.