Chromosome X.
Si l'on excepte les aventures cinématographiques de Batman et de Superman (tous les deux de chez DC), les super-héros peinaient encore à atteindre nos écrans de cinéma il y a à peine quinze ans...
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le 4 avr. 2014
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X-Men de Bryan Singer. LE film qui a lancé la nouvelle vague de films de super-héros du XXIe siècle. Le pionnier du genre. Le film qui apporta une toute nouvelle manière d'approche aux films de super-héros. Et la saga qui a su s'éloigner
Et comme X-Men Apocalypse sort cette année, toujours de Bryan Singer, je me suis dis que ce serait une bonne idée de faire la critique de chaque volet de la meilleure saga de films de super-héros de tous les temps (oui désolé, mais les films du Marvel Cinematic Universe et les autres sagas ont une forte tendance à s'épuiser sur la longueur et de filer la réalisation à des yes-man).
X-Men est un excellent film. Je dirai même qu'on pourrai le placer au rang de film culte tant il a apporté au cinéma (dans le genre film de super-héros j'entend bien). Tout est maîtrisé à la perfection, l'histoire est une référence de scénario de super-héros. Les défauts se comptent sur les doigts d'une main. X-Men est un grand film. C'est pas pour rien qu'il a ouvert la voie à des films de super-héros plus matures, plus sincères et il montre que se rapprocher du réalisme, est un excellent moyen de donner de l'enjeu.
Et l'enjeu du film est justement ce qui en fait un exemple, vu que l'enjeu du film est bien réel pour nous. La place de chacun dans la société malgré les différences. X-Men est certes une oeuvre super-héroïque, elle ouvre la voie vers un parallèle qui était inexploité jusque là dans les comics. Le racisme, l'acceptation. On dirait que Bryan Singer a voulu faire un film là-dessus, et ensuite il a pris X-Men comme une excuse pour exploiter ces thématiques tout en satisfaisant son sens du spectacle. D'ailleurs, du spectacle, il y en a revendre. La manière de filmer de Singer est plein de détail et les scènes d'actions sont vraiment plaisantes et bien filmés. Le film en montre beaucoup avec des images qui ouvrent à plusieurs niveaux de lecture qu'avec mille discours.
Les personnages sont interprétés par de brillants acteurs, mais là où le film surprend dans sa multitude de niveaux de lecture, c'est que chaque personnage mutant représente un type de personne pointé du doigt par la société, formant un parallèle intelligent avec la condition des mutants:
Hugh Jackman incarne à merveille Wolverine. Il est parfaitement dans la peau du personnage, rude, rustre et détaché. Mais non sans montrer de la tendresse paternelle pour la seule personne qui la prend en sympathie (en plus du fait qu'il fait confiance à la seule personne capable de le tuer). Et il incarne les vétérans de la guerre traumatisés et isolés du reste de la population.
Anna Paquin incarne Malicia, elle est la première visée par cette croisade anti-mutants. L'actrice présente à merveille la fragilité et la peur constante que quelqu'un la touche, et elle souffre d'un autre côté d'un manque de contact. On sent clairement cette crainte à travers elle. Et elle incarne les personnes touchés par le SIDA qui sont privés de contact humain par la population.
Tornade incarnée par Halle Berry. Elle n'est pas plus présentée que les autres personnages secondaires mais son jeu de regard rempli de compassion nous la fait tout de suite attaché à elle. Elle est certes une mutante que les humains pointent du doigt, mais elle les craints et souhaitent tout de même les protéger parce que c'est le bon choix le plus humain. Dans l'histoire, elle représente les personnes de couleur.
Charles Xavier, incarné par Sir Patrick Stewart. Tous le monde l'aime. Il est le bon père de tous les mutants. Compassion, éducation, tolérance, acceptation, compréhension sont ses maîtres mots. Il est immédiatement attachant quand on comprend son idéologie d'une humanité unifié dans la différence. Son pouvoir de télépathie lui permettrait de faire accepter les mutants à l'humanité mais il n'en fait rien car il préfère qu'ils acceptent par eux-même. Dans l'histoire, il représente les handicapés.
Sir Ian McKellen incarne l'un des plus grands méchants de l'histoire des super-héros: Magneto alias Erik Lenhsherr (bonne idée d'avoir pris ce nom là, parce que son nom dans les comics fait très fake). Il a un charisme de fou. Peu importe ce qu'il dit il attire l'attention. La grâce aussi à son doubleur français Bernard Dhéran. Sa vision du monde où les mutants sont rejetés du fait qu'il a vécu la Shoah l'ont poussé à penser que les humains les rejetteraient quoiqu'il arrive et qu'il devait s'imposer en tant que mutant pour forcer les humains à les accepter. Bon sang qu'il a la classe ce méchant.
Même son plan est brillant. Forcer les dirigeants du monde à devenir des mutants et à accepter leur condition. Déjà c'est innovant et en plus c'est en totale adéquation avec sa vision du monde (et aussi parce que le plan "je vais tous faire exploser" me gonfle péniblement).
Jean Grey incarné par Famke Janssen incarne une mutante qui partage la vision de Charles Xavier et qui mène le combat pour la cause de l'acceptation des mutants par la voie politique où elle se fait gentiment rembarrée par les politiciens intolérants. J'ai une réserve vis-à-vis d'elle car elle est la plus mise en retrait par rapport aux autres personnages. Son problème symbolisé par les thématiques n'est exposé que dans une scène du début. Ce que je trouve dommage, d'autant que son pouvoir ne casse pas des briques.
Michael Marsden incarne Scott "Cyclope" Summers. Ce que j'aime dans ce personnage ce sont les dialogues qu'il a avec Wolverine. On sent clairement la rivalité qu'il a avec lui. Ce qui est d'autant plus marrant quand on voit qu'il a d'abord voulu être amical avec lui. Mais à part ses interactions avec Wolverine et sa relation quasi père/fils avec le professeur Xavier, on ne connaît pas tellement sa vision des choses.
Il y a le sénateur Kelly incarné par Bruce Davison. Et une chose est sûr, on a juste envie de le détester au début vu qu'il a horreur des mutants.
Puis quand il en devient un, on a un de la compassion pour lui. C'est plutôt bien trouvé de le faire forcer à être un mutant pour comprendre ce qu'il craint. Et dans l'histoire il représente les homosexuels refoulés qui ne s'accepte pas quand il devient mutant. Très bonne idée de le confronter à Ian McKellen qui est lui-même un homosexuel dans la réalité.
Il y a ensuite les autres membres de la Confréries des Mutants. Ils sont certes surtout des second-couteaux mais ils sont tous mémorables, que ce soit Mystique, Crapaud ou Dent-de-Sabre, on les retient pour le peu qu'ils apparaissent et qu'en plus ils donnent de très bonnes scènes d'actions.
La musique est confié à Michael Kamen. Et non seulement le thème principal est devenu culte, mais j'ai encore en tête la musique lors du climax tellement elle montait en puissance à la fin.
Si il y a des défauts que je pointerai du doigt,
ce serait les effets spéciaux numériques qui sont pas tout le temps aboutit comme la langue du Crapaud ou la mutation du sénateur Kelly ainsi que les griffes tordus de Wolverine pendant le climax qui font vraiment fake. Et quand on voit des dialogues aussi bien dosés dans le film, entendre la one-liner pourrie de Tornade face au Crapaud fait plus rire qu'autre chose.
Le film se concentre sur ses personnages et sur sa thématique de discrimination, son histoire est exemplaire (ça devrait être une référence) et ses dialogues sont très biens pensées. Chose que les comics ne faisaient probablement pas. Voilà pourquoi X-Men est une des meilleures sagas de super-héros, car il pourrait être un simple drame sans que le fantastique soit dans l'équation (parce que soyons honnêtes, ce n'est pas pour les scènes d'actions qu'on regarde ce film, elles sont classes mais elles ne sont pas extraordinaires).
Pourquoi les X-Men dans ce cas ? Parce que les thèmes de la discrimination sont encore plus mis en avant et encore plus développés dans cette univers où tout tourne autour. C'est un thème qui sera encore plus mis en avant dans les suites d'ailleurs. Et placer l'intrigue dans "un futur très proche" donne un aspect prémonition à éviter.
Bref, X-Men premier du nom est un film génial qui avait montré que les films de super-héros ne sont pas que des films avec un sur-homme qui tabasse des méchants. Ce film a apporté énormément de bien au cinéma car il a ouvert la route à beaucoup de blockbusters de super-héros à voir le jour à une époque où les seuls films de super-héros connus étaient les Batman de Burton et les Superman qui étaient à ce moment-là considérés comme des classiques ringards. Grâce à ce film (et à Spider-Man de Sam Raimi aussi) des films ceux du Marvel Cinematic Universe sont arrivés pour notre plus grand bien. D'ailleurs la présence de Richard Donner à la production donne un étrange parallèle étant donné que c'est lui qui a réalisé ce qui est considéré comme le premier blockbuster de super-héros: Superman. Et que X-Men comme Superman, a populariser le genre.
Bryan Singer a su trouver un réel intérêt à ce que ces films pouvaient apporter. Si seulement il y en avait plus des films comme ça...
PS: Je tiens à préciser aussi que dans ma critique, je me suis inspiré de beaucoup de points de la critique de Mickael J de VoxMakers sur Bryan Singer. Regardez cette critique si vous le pouvez, plusieurs avis valent mieux qu'un.
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Créée
le 31 janv. 2016
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