Pensée sur la mutation

La critique du premier volet s'appelait : Réflexion sur la mutation, il y avait une réflexion, plusieurs idées importantes dans le film. Avec ce deuxième volet, cette réflexion devient une pensée: cette fois-ci, Bryan Singer donne une pensée aboutie, mure et sombre, de la question des mutants et plus largement, de la société actuelle. C'est l'aboutissement pour la saga, alors que l'on est qu'au deuxième volet. Tout paraît plus maîtrisé, plus adulte, plus spectaculaire, mieux pensé dans ce film. Ce second volet des aventures mutantes au cinéma, sobrement intitulé, X-Men 2 est une réussite mure et splendide.

D'entrée de jeu, le film nous propose une scène d'introduction spectaculaire et maîtrisé qui a une double utilité: premièrement, cela permet de montrer de suite que ce second volet sera puissant et spectaculaire mais aussi, cela permet de montrer que la lutte entre mutants et humains n'a pas été stoppé par la chute de Magneto. Toute la première partie du film (jusqu'à l'attaque des soldats) joue le rôle de piqûre de rappel pour le spectateur: cela replace les personnages, les enjeux, mais ajoute aussi certaines questions et personnages comme celui de William Stryker. Cela montre aussi toute la maîtrise de Singer pour cet univers qu'il connait par cœur. Cette première partie est vraiment une réussite car elle permet de se replonger en douceur mais avec une certaine rigueur dans l'univers des mutants.

Une nouvelle fois, le film est porteur de message important: le personnage de William Stryker est à lui seul l'incarnation de bon nombre de ces messages: la peur de l'inconnue, la volonté de maîtrise absolue, l'envie de connaitre au pouvoir. Même si tout cela passe au second plan vis-à-vis de l'histoire de l'équipe, on ne peut pas nier que le film porte un jugement sur la nature humaine, et plus largement, sur le fait que l'homme n'est pas dieu sur terre. De plus, le film montre aussi les fébrilités des mutants, les faiblesses qu'ils peuvent tout de même endurer face aux inventions humaines. Ce qui me plaît beaucoup, c'est que le film ne tombe pas dans le cliché du "méchant humain qui veut tout contrôlé". Les motivations de Stryler sont plutôt louables, entre vendetta personnelle et volonté scientifique, il cherche à comprendre la mutation mais aussi, à la détruire, cela revient à se poser la question suivante: que ferions-nous fasse à une telle situation? Quand je vous dis que cette saga est vraiment réfléchie.

Ce film est sur tous les points de vues nettement plus maîtrisé: si on pouvait regretter dans le premier volet le fait que des personnages soient un peu en retrait (Jean notamment), ici, Singer parvient à rendre justice à chacun d'eux. Chaque personnage, y compris humain, est traité de manière juste et profonde. On sent qu'il y a eu un vrai travail d'écriture pour faire évoluer les personnages d'une bonne manière. Plusieurs éléments importants du film comme la quête de mémoire de Wolverine, la montée en puissance de Jean ou bien le danger que représente le cerveau de Charles sont des éléments qui permettent de lier un lien direct avec le premier film. C'est une vraie suite, il n'y a pas de détachement entre les deux films et cela est très important dans une saga.

Revenons sur un autre point important quand on parle de saga: la musique: oui, avec ce film, on a le droit à un générique qui est devenu culte avec le temps, avec sa musique très entraînante. A plusieurs reprises dans le film, la musique joue un rôle très importante pour signifier la tension dramatique de certains moments clés du film. Cela montre encore un peu plus l'aboutissement que représente ce film pour la saga.

Autre point important: l'idée de dualité entre Magneto et Charles. Depuis longtemps, ils sont des personnages cultes des comics, les incarnations ultimes du bien et du mal. Cette dualité qui est là depuis le début de leur relation est au centre de la relation que les deux personnages entretienne dans le film: au final, les deux ne sont ni gentils ni méchant: ils sont deux incarnations différentes de la mutation: Charles est la vision positive de la mutation, la vision que nous jugeons juste. Magneto est la vision négative en quelque sorte mais cela n'en fait pas une vision injuste. Au vue des souffrances du personnage, son combat est parfaitement justifié même s'il paraît injuste.

Plus mature, plus sombre, plus aboutit, ce second volet des aventures mutants nous plonge encore un peu plus dans l'impossibilité pour l'homme de comprendre le problème mutant et sa volonté de le contrôler à tout prix. C'est un film philosophique par moment. Mais, il n'en reste pas moins spectaculaire et vraiment impressionnant par moment. Dans la multitude de film de super-héros, il possède une des meilleurs fins. Même si on connait tous que sa suite n'est pas de très bonne qualité, il faut bien avouer que Bryan SInger maîtrise parfaitement son sujet avec ce film.