Fausses divinités
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À tous et à toutes celles et ceux ayant aimés « X-Men : Days of Future Past », autant le dire tout de suite, « X-Men : Apocalypse », toujours réalisé par Bryan Singer, n'apporte absolument pas ses promesses. Passé une introduction granguignolesque, la marchandise finie par se vautrer lamentablement dans un récit sans substance où gravitent des personnages particulièrement désincarnés. Pourtant, tout semblait mis en place pour aboutir à l'apothéose de cette trilogie prequel, engagée par « X-Men : First Class » en 2011. Le recrutement d'à peu près tous les X-Men figurant dans les précédents films, le réalisateur d'origine de la saga, un duel entre un véritable Dieu vivant et une équipe dessoudée, ainsi qu'une noirceur fortement présente, comme toujours avec Bryan Singer.
Se calquant sur le modèle du blockbuster rutilant à la Christopher Nolan, « X-Men : Apocalypse » ne cache pas ses ambitions, celles de créer une véritable frise chronologique, tout en mettant en conflit le mutant et le sur-mutant, remettant également en cause les pères fondateurs. Mais si Bryan Singer parvenait à créer un véritable renouveau avec « X-Men : Days of Future Past », c'est en invoquant ici le tout-puissant qu'il montre qu'il n'a rien à dire. La race humaine est ici totalement inexistante, ce qui donne bien moins de sensibilité à un récit qui dès le début patine. Petit à petit, les éléments s'empilent scolairement dans une histoire sans substance et dont la fin est connue d'avance, tandis que la forme du film montre de graves difficultés à gérer sa choralité.
Flanquée de maquillages pétulants, cette sorte de remix de « Terminator 2 » invite également Hugh Jackman pour pas grand chose, préférant un méchant dont la seule obsession semble d'être de buter l'humanité entière par simple mégalomanie. Le rythme est certes sans temps morts, mais botoxé par un colossal cahier des charges, étranglant le potentiel épique du film pour résoudre hypocritement un récit dès le départ sans saveur. On le sait, l'industrie hollywoodienne actuelle ne favorise pas la « politique des auteurs ». La firme Marvel l'a bien compris, mettant davantage accent sur le scénario que sur le spectaculaire dans « X-Men : First Class ». Dans « X-Men : Apocalypse », c'est tout l'inverse. Contrairement aux deux précédents films ainsi qu'aux deux premiers opus de la saga, les enjeux sont ici d'une éprouvante banalité, mettant en avant une bien cheap vulgarisation d'un propos universel gentiment moralisateur entretenant mollement la flamme du comic-book de Stan Lee.
Après avoir atteint les sommets avec « X-Men : Days of Future Past », Bryan Singer se brule les ailes, se sacrifiant sur l'autel d'un spectacle lourd et affreusement désincarné. Est-ce donc ça la somme de toutes ces merveilleuses promesses ? Un blockbuster idiot, kitsch et tristement convenu ? Apocalypse Now.
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le 20 mai 2016
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