Jean Grey au service d’une race d’extraterrestres ?

Un X-Men sans Bryan Singer en tant que réalisateur ? Avec en plus un scénario similaire à celui du moyen opus réalisé par Brett Ratner ? Je dois dire que ça ne sentait pas bon du tout, je ne voyais pas trop l’intérêt de cette douzième réalisation de la plus emblématique franchise cinématographique de mutants, je dois dire que ce ne me donnait aucune envie de le découvrir dans une salle de cinéma. En m’informant juste par hasard sur ce projet visuel, j’ai découvert que deux raisons m’ont vivement excité l’envie de visionner ce long-métrage dans une salle de cinéma. Tout d’abord, j’ai vu que c’était Simon Kinberg, scénariste des films X-Men depuis l’année 2006, qui occupait la place du réalisateur pour la première fois dans sa carrière dans le cinéma. Comme le scénario n'a jamais été un lourd inconvénient dans les films, je me suis dit qu’on avait affaire à quelqu’un de responsable, de sérieux et prenant bien soin des projets qu’on lui confiait. De plus, suite au rachat de la 20th Century Fox par The Walt Disney Company, il devait rendre honneur à cette franchise, il devait conclure cette licence par une fin méritoire et louable. 

C’est donc une nouvelle page qui va donc s’ouvrir et le prochain film X-Men sera, sans aucun doute, un reboot, avec éventuellement un cross-over avec les Quatre fantastiques, si le projet est toujours attirant aux yeux des producteurs. Du coup, il fallait bien finir en beauté le travail qui a été commencé par Bryan Singer en 2000 et nous proposer quelque chose de nouveau et de frais. Ayant cet objectif à atteindre, Simon Kinberg choisit de tout peser sur un côté sombre, sur une phase émouvante et sur une atmosphère désespérée, en mettant complètement l’accent sur l’une des plus puissantes et dévastatrices mutantes de la franchise, Jean Grey alias Phoenix Noir. Évidemment, on pensait bien qu’on allait tomber sur une production alimentée par un scénario semblable à celui de la version Brett Ratner mais on est loin d’être dans ce cas-là, Simon Kinberg n’a pas complètement centré sa production sur elle mais également sur une invasion d’une race d'extraterrestres surpuissants. L’idée de base peut sembler étrange et incongrue mais j’y ai pris goût, cela permettait à la licence de s’ouvrir sur une nouvelle perspective forte intéressante et osée.

Une idée de génie mais malencontreusement pas assez bien traitée, que ce soit la progression des extraterrestres sur la Terre ou le changement inquiétant de Jean Grey, on peut être assez déçu d’un certain manque d’exploitation dans ces deux phases. J'ai trouvé que ça traînait pas mal sur les explications ou les découvertes, cela retardait considérablement le dénouement. Vu le contexte, c’est sûr que le réalisateur tenait à faire de son film un projet inoubliable et sensationnel. Il ressort même le fond percutant que celui de la production Avengers : Endgame, avec quelques morts inconcevables mais nécessaires pour définir significativement le danger planant sur la Terre. C’est sûr qu’il pouvait en profiter, je pense que la plupart des cinéphiles ne s’étaient pas remis depuis le fantastique film Avengers : Endgame. Ce n'est pas aussi poignant qu’Avengers : Endgame mais ça nous touche bien au cœur. J’aurais été curieux de voir si Bryan Singer n’aurait pas fait quelque chose de plus puissant et de plus signifiant, ça manque un peu de sa patte artistique personnelle mais bon, ce n’est pas non plus un résultat décevant.

Sophie Turner développe une vraie dimension tragique de son personnage, elle est convaincante dans toutes les scènes où son personnage intervient. Elle incarne une sorte de fausse héroïne avec une personnalité très atypique. Et on peut compter sur le reste du casting pour représenter des mutants prêts à tout pour garder la sécurité de l’humanité, avec une Jessica Chastain campant une méchante extraterrestre d’une froideur directe et persuasive. Elle renouvelle même le mal avec une sagesse particulière et d'une beauté assez exemplaire. Pour une première réalisation pris en main par un scénariste expérimente, c'est pas mal du tout. La mise en scène est bien réglée, les scènes d’action sont assez dynamiques, les effets spéciaux sont presque de même qualité que ceux de la plupart des films X-Men et la tension se marie avec brio avec l’hostilité omniprésente pendant le visionnage. Une conclusion manquant d’un certain potentiel mais très respectable pour un dernier long-métrage marquant la fin d’une franchise, avant qu’un reboot voit le jour. 6/10

L’esprit est un objet fragile, il suffit d’un rien pour le dévier.