Hollywood n’est jamais à cours d’inspiration quand il s’agit de réactiver une franchise juteuse. Cinq ans après la conclusion calamiteuse de la première trilogie, on demande au petit jeune qui monte, Matthew Vaughn, entre Kick-Ass et Kingsman, de s’emparer de l’univers des mutants. Pour remettre les compteurs à zéro, rien de tel qu’un prequel. Back to the sixties, donc, avec des personnages qui se découvrent et des premières rencontres.
Sur cet aspect, le récit se révèle assez efficace : les origines de la haine du futur Magneto, la candeur de Charles (non dénuée de zones d’ombres, notamment dans la façon dont il traite Mystique et les raisons de son passage d’un homme à l’autre) prennent chair, et la nouvelle génération de comédiens s’installe de façon convaincant ; et le caméo de Wolvernine est particulièrement sympathique. Certes, les redites sont assez nombreuses avec le premier épisode, puisqu’on constitue un regroupement de mutants qui apprennent à maitriser leurs pouvoirs, et qu’il n’est pas toujours facile de tous les renouveler : le diable rouge qui remplace le bleu du 2ème épisode, l’autre aux tornades, entre autre, ne nous surprennent pas outre mesure.
Mais le vrai charme provient sans doute du contexte : les années 60, l’occasion pour Vaughn d’une reconstitution nostalgique qui marche dans les pas de James Bond, avec conspiration mondiale, yachts à double fond, passages secrets et espionnes sexy. On retrouve cette imagerie qui fonctionnera aussi dans U.N.C.L.E, et qui déplace un peu le centre d’intérêt principal du blockbuster sur la mise en place d’un univers. Car c’est bien dans les séquences les moins spectaculaires que ce First Class est le plus séduisant. L’entrainement des mutants, les petites trouvailles pour canaliser leur énergie, la thérapie d’Erik par Charles, l’épanouissement sexuel de Mystique, le tout en split-screen d’un vintage savoureux, constituent les meilleurs passages du film.
Au rayon grand guignol, la casse reste limitée, et l’on parvient à encore trouver de belles choses à faire à Magneto, notamment lorsqu’il coupe un bateau en deux grâce à la chaine de son ancre. Rattacher l’intrigue principale à la crise des missiles est aussi assez sympathique. En somme, un seul écueil, mais de taille : le groupe des bad guys, passage obligé, peu intéressant, et surtout déjà établi alors que ce retour aux origines pouvait laisser présager plus de subtilité. Troisième guerre mondiale, désir de pouvoir, j’ai tué ta mère, tout ça… Le formatage de l’arc principal appauvrit beaucoup un film qui, dans ses voies de traverses, est à la fois savoureux et presque émouvant dans sa façon de creuser des personnages iconique du monde des mutants.
(6.5)
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