La 20th Century Fox est bien embêtée. Comment, en effet, continuer à surfer sur la vague du super hero movie et exploiter un des joyaux de son catalogue, alors qu'elle vient de manquer la conclusion de sa trilogie mutante avec X-Men : L'Affrontement Final ?


Car il y a, pour sûr, encore pas mal de choses à raconter pour faire vivre cet univers. Et puis, à réfléchir, pourquoi ne pas tout simplement revenir au commencement, aux origines des héros les plus aimés, identifiables et torturés ?


Banco.


Rapidement, des projets concernant Wolverine et Magneto sont donc développés. Des sources du nazisme et du mal pour l'un, le début de l'animalité et du squelette en adamantium pour l'autre. De quoi exciter et mettre l'eau à la bouche. Pour le moins.


C'est X-Men Origins : Wolverine qui, le premier, atteint les écrans. Bénéficiant de la présence, de la classe et du charisme immédiat de son interprète historique, Hugh Jackman, au sommet de sa condition physique.


La proposition était alléchante sur le papier, confirmée par la première heure d'une aventure solo proposant de combler les trous de la mémoire du mutant griffu. De mettre des mots sur ce qu'avaient seulement suggéré Paul Jenkins et Andy Kubert en 2001 sur le lien de fratrie partagé entre Logan et Victor Creed.


Le reste se montrait tout d'abord sous les oripeaux d'un film mi guerre, mi commando, avant de s'emparer de l'histoire d'amour entre Wolverine et Silver Fox, puis de la rivalité meurtrière avec l'implacable Sabertooth.


Pour contestable qu'il soit dans son agencement, ce début de scénario vaut bien ce qui a pu être raconté en comics depuis plus de quarante ans. Sauf que passée cette heure de projection, conclue par la destruction de la maison des Hudson, tout part peu à peu en vrille.


Car, tout d'abord, si Liev Schreiber a la tête de l'emploi, il n'en a malheureusement pas la carrure, abandonnant l'allure impressionnante de ses origines.


Mais on se dit surtout, à mesure que la fin de ses Origins se profile, que le scénario, dès qu'il dépasse la scène de l'hélicoptère, commence à aller de travers. Qu'il tourne à l'amalgame assez piteux de différentes considérations et d'enjeux de production lorgnant vers le fan service encombrant.


Car on se souvient que Stryker, qui avait été exploité de main de maître auparavant, mène une croisade anti-mutants, teinté d'arme X ici, et qu'il va falloir, coûte que coûte, raccrocher les wagons avec ce qui avait été dit dans X-Men 2. Et c'est à partir de ce souvenir que X-Men Origins : Wolverine enquille les noeuds d'écriture paresseux, faciles, voire tout simplement honteux.


C'est là que le film sort définitivement de la route et balance à la volée nombre de nouveaux mutants transparents, très mal exploités ou encore totalement hors sujet, comme Cyclope, dont on se demande encore ce qu'il fait ici. Et qu'il abuse de la torsion de son matériau d'origine pour remplir le seul objectif de donner au spectateur du Gambit, du Emma Frost ou du Blob.


D'ailleurs, pour ce dernier, le nommer à l'occasion d'un malentendu digne d'une cour de récré, pour déclencher artificiellement une nouvelle séquence d'action, aux limites de l'embarras, traduit toute l'impuissance de scénaristes qui, littéralement, ne savent pas trop quoi faire avec ce qu'ils ont entre les mains.


Mais le pire est sans doute l'arrivée d'un Deadpool qui ne correspond jamais au matériau d'origine, totalement trahi, défiguré et ne faisant office que de boss final ni fait ni à faire issu des pires parodies de l'univers mutant. Dernier aveu d'une incompétence qui avait pourtant été retenue pendant à peu près une heure avant d'éclater au grand jour.


Ainsi, le 5 d'une mansuétude incompréhensible qui conclut ce billet ne vaudra que pour la première moitié d'un film qui se montrait plutôt agréable à suivre avant de sombrer. Hugh Jackman n'est pas pour rien dans cet attachement, même s'il ne peut pas faire grand chose pour un film finalement entraîné par le fond, soldant les nouveaux objectifs de la 20th Century Fox, le projet concernant Magneto ne voyant, quant à lui, jamais le jour après cette déroute.


Même si deux ans plus tard, certaines idées de la défunte entreprise seront à l'évidence exploitées par Matthew Vaughn, à l'heure de reprendre les X-Men et de les précipiter dans le passé.


Mais ceci est une autre histoire...


Behind_the_Mask, sens critiqueur qui sort ses griffes.

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le 30 avr. 2020

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