"It's on its way for the biggest meal of its life"

Le cinéma de science-fiction britannique pendant la Guerre froide regorge de pépites de cet acabit, des films fauchés qui oscillent entre navets francs et bisseries tolérables, la Hammer ayant contribué de manière non-négligeable dans ce registre. L'équivalent de Roger Corman aux États-Unis, en un sens, en simplifiant à l'extrême. Il y a presque une filiation avec la série de films initiée par "The Quatermass Xperiment" en 1955 sur la thématique horreur SF.

Mais "X: The Unknown" appartient manifestement à la fin du tableau pour des raisons aussi nombreuses que diverses. Déjà on essaie de construire la figure d'un monstre souterrain abominable en ne le montrant jamais (mais en montrant régulièrement des personnages qui le voient, eux), faute de budget, pour se concentrer sur quelques apparitions à la toute fin, et autant dire que l'attente ne se révèle pas très fructueuse... Très décevant, on dirait une coulée de boue pas contente grosso modo, alors qu'il s'agit quand même d'une entité radioactive hautement dangereuse.

L'histoire se situe dans une base écossaise reculée mais on pourrait être à peu près n'importe où au Royaume-Uni : des soldats font des exercices militaires dans un champ de boue, très bien, ils s'amusent avec leur compteur Geiger, très bien, d'un coup la terre se fend et un machin inconnu blesse gravement deux soldats, très bien. Il est souvent fait référence à "la fissure", une faille laissée par le monstre dont on n'est pas capable de mesurer la profondeur. Un abîme sans fond sans doute, mais il n'y a absolument aucune puissance de suggestion qui sort des entrailles de la terre ici malheureusement.

Détail amusant, ou pas, Joseph Losey était censé mettre en scène le film mais il fut renvoyé par les producteurs sur la demande de l'acteur principal, Dean Jagger (il refusait de travailler avec une saleté de commie)... Un film plutôt insignifiant, en plus d'être antipathique donc, qui peine à fournir des éléments sur le climat anxiogène qui régnait à l'époque. Globalement, le scénario est quand même assez con il faut bien le reconnaître.