L'adaptation de bandes dessinées, l'industrie de l'animation européenne commence à bien connaître, merci pour elle.
Sauf que certaines semblent ignorées, malgré le succès de librairie.
Yakari fait partie de celles-là.
Difficile à croire, en effet, que l'oeuvre de Derib et Job fasse seulement, en 2020, l'objet de sa première adaptation sur grand écran. Tandis que deux malheureuses séries lui ont été consacrées, en 1983 et 2005...
Pas difficile à comprendre par contre, vu que Yakari n'en a pas grand chose à faire de l'exaltation de l'esprit gaulois, de la ligne claire belge, ou encore de cocher les cases du cahier des charges de l'humour pas toujours super finaud. Tout cela pour dire que Yakari, jeune papoose d'origine suisse, ne joue sur ce genre de ressorts.
Car Yakari a creusé son propre sillon : celui du respect de la nature, d'un message écologique et de l'Amérique des grands espaces d'avant la conquête et le génocide.
L'adaptation cinéma reprend ainsi, en 2020, l'esprit d'une bande dessinée qui semble hors du temps, hors des modes, ainsi que sa simplicité biblique basée sur la rencontre de l'autre, la préservation de l'environnement, l'amitié et l'immersion dans la culture des natifs.
L'aspect visuel de l'oeuvre régalera les yeux. Et pour rendre justice au trait sûr de Derib, Yakari opte pour l'animation en 3D façon cell shading, comme Nous, Les Chiens l'avait fait récemment du côté de la Corée. Sauf que le graphisme est plus marqué, plus précis, tandis que la richesse des couleurs est bien rendue, comme celle, particulière, des rencontres avec l'animal totem du petit héros.
Et s'il était à craindre l'aspect vignette de l'ensemble, les scénarios de la bande dessinée étant en général assez concentrés, Yakari : Le Film s'impose comme une véritable aventure, impulsée par ce qui a été raconté dans Yakari et Grand Aigle, tandis que le voyage initiatique du petit indien empile les jolies aventures et les rencontres. Et quel plaisir, dans ce registre, de revoir à l'écran certains de ses amis animaux tels que Oreille Tombante, Rayon de Miel, ainsi que Tilleul et l'ensemble des membres de la communauté castor.
De quoi, donc, passer un bon moment entre aventures, grands espaces variés aux décors superbes, bienveillance et amitié qui se dessine doucement, rappelant avec simplicité que la nature et le cheval sont bien les meilleurs amis d'un jeune papoose.
Behind_the_Mask, qui se demande bien où mettre sa plume...