Yakuza vs. G-Men fait partie de cette vague de films de yakuzas inspirés d'histoires vraies produits par la Toei au début de l'année 1973 : Combat sans code d'honneur (Kinji Fukasaku), Histoire vraie du Ando-gumi (Jun'ya Satô), Yamaguchi-gumi Sandaime (Kosaku Yamashita), etc. Ecrit par Kôji Takada, qui deviendra un scénariste régulier pour Fukasaku et Hideo Gosha, on nage ici à mi-chemin entre le film policier d'infiltration et le yakuza-eiga réaliste. Un mélange qui prend bien et donne une certaine dynamique.
La séquence d'ouverture est sublime, toute en lumière tamisée à travers les rues et les néons du centre-ville de Kobe. Une photographie impeccable qui réservera d'autres belles séquences à travers le film : portée par les nombreux travelings en voitures délicieusement 70's on voit défiler les images d'une ville de Kobe en plein essor.
Au cours d'un récit sombre entrecoupé d'accès de violence, le scénario cultive une certaine duplicité : pour qui roule vraiment Ise (Hiroki Matsukata) ? Akutsu (Tatsuo Umemiya) va-t-il passer la ligne qu'un flic ne devrait jamais franchir ? Et quid du mutique Lee (Bunta Sugawara) ? La complicité entre les deux acteurs principaux réserve de bons moments qui virent parfois au potache. Une belle galerie de personnages où les femmes ne sont malheureusement pas présentées à leur avantage si ce n'est peut-être l'épouse de Lee qui relève un peu le niveau au cours de sa brève apparition.
Un très bon exemple précoce de la tendance à venir des films de yakuzas réalistes (jitsuroku), un style qui marquera durablement les années 1970.