Yalda (Massoud Bakhshi, 2020) vaut moins pour l’affrontement de deux femmes et, à travers elles, de deux classes sociales, assez caricatural et prévisible compte tenu du canevas, que pour la mise en spectacle de la justice, pratique iranienne qui n’est pas sans rappeler l’omniprésence des shows télévisés en Amérique ou en France au cours desquels jurés comme spectateurs décident de la beauté, de la voix, de la survie (fictive, inhérente au divertissement) de quelques fantoches maquillés. Le long métrage propose une articulation fort intéressante entre des traditions ancestrales et des modalités de diffusion modernes, la rancœur et les aveux ne devant recourir qu’à une sincérité fardée qui écarte la violence et la spontanéité. Nous sommes dans une société des émotions fausses et de la réputation inaltérable, une réputation qui colle à la peau des personnes telle une puce électronique greffée en elles et qui empêche leur renaissance, ailleurs.
L’approche du monde de la télévision, notamment lors de la préparation initiale du show, dissèque avec une précision chirurgicale ce théâtre de marionnettes réglé comme du papier à musique : des chansons, des récitations viennent ponctuer le débat et ainsi insuffler dans le cœur des spectateurs – et dans leur esprit… – des sentiments nobles et revigorants. Dommage par conséquent que la seconde partie, voulant à tout prix dynamiser son récit par des retournements et le faire signifier par des symboles explicites, renonce à cette approche quasi documentaire et emprunte les sentiers balisés du thriller sur fond de mélodrame.