Yankee
Yankee

Film de Tinto Brass (1966)

"You lost some customers as a barber, but you gained some as a gravedigger."

Un drôle de western spaghetti que ce "Yankee", dans lequel on peut trouver le protagoniste au qualificatif éponyme sous les traits de Philippe Leroy (plus connu sous l'appellation "gallu ancienne version"), visiblement pas très à l'aise dans la peau d'un cowboy hardi, pour son premier western. Ce choix de casting peut paraître vraiment étrange tant il peine à trouver sa place dans le rôle d'un justicier sans nom, à l'instar des personnages de Clint Eastwood dans la trilogie de Leone. On le sent affreusement crispé dans son costume, et le doublage particulièrement pénible, labellisé "film italien des années 60", rend encore un peu plus difficile l'acceptation du film et de ses codes. Heureusement, les dialogues truculents abondent ("l want to make myself 100 portraits
with the shreds of your skin").


Mais un fois accepté le deal (si cela s'avère possible), l'univers spaghetti de "Yankee" distribue ses petites gourmandises non sans une certaine originalité. Déjà, le grand méchant du film, "El Grande Concho", a une tête de pistolero mexicain vicieux pas possible, parfaitement sadique et machiavélique. Aucune erreur de casting de ce côté-là, on peut simplement regretter que la horde de seconds couteaux qui constituent son entourage ne soit absolument pas exploitée : ce sont vraiment des personnages d'appoint qui n'existent que lorsqu'on les voit deux secondes à l'écran, le temps de tuer ou de mourir. La trame narrative n'a absolument rien d'original et c'est sans doute la plus grande faiblesse de "Yankee".


Car à côté de cela, Tinto Brass rivalise d'imagination en termes d'idées visuelles : des zooms avant et arrière et des gros plans en pagaille, certes classiques en spaghetti, mais aussi des séquences au montage épileptique, des angles de vue surprenants, des trouvailles en matière de traquenards, etc. Notamment durant une scène de torture particulièrement originale, filmée depuis le plafond, au cours de laquelle le Yankee se retrouvera attaché à une croix, à terre, entouré d'un cercle de poudre enflammée : "lf someone is surrounded by fire, there's two options: he either burns or goes insane". Il y a aussi une scène qui en préfigure une autre, particulièrement marquante, dans "La Horde sauvage", à base de torture de scorpion : difficile de croire que Peckinpah n'ait pas vu ce film avant de réaliser le sien.


Un western affreusement banal dans le genre en termes de codes et de scénario, mais qui vaut éventuellement le détour pour quelques trouvailles brutes égarées entre deux fusillades et deux rires sardoniques.


[AB #153]

Morrinson
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le 13 nov. 2016

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