Les Doronbo sont de retour pour vous jouer un mauvais tour! (voyage au bout du nanar 6)
Imaginez la Team Rocket, ce duo de super-vilains bêtes à manger du foin de la série niaise « Pokémon » (« attrapez-les tous ! » qu’ils disaient…), avec des vrais acteurs. Takashi Miike l’a fait ! Ils s’appellent les Doronbo et ils sont trois : deux débiles et une créature de rêve à la généreuse poitrine qui leur sert de chef (Maîtresse Doronjo). Ils recherchent les morceaux d’une pierre magique – la dokrostone – grâce à laquelle ils pensent pouvoir s’approprier les réserves d’or du monde. Ajoutez à ce trio maléfique totalement barré un duo de super-gentils un peu niais sur les bords (les Yatterman) et un super-méga-vilain particulièrement cruel pour le compte duquel travaillent les Doronbo. Saupoudrez le tout de robots et de gadgets débiles et vous obtenez le film « Yatterman ».
Celui-ci s’inspire de la série éponyme sortie sur les écrans nippons en 1977-1979. C’est un film grand public, destiné essentiellement aux enfants et pré-ados. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il il n’y a jamais de morts, malgré les explosions et catastrophes en tout genre qui parsèment le film. Tiens ? Ca me rappelle « Astérix » où les Romains ne meurent jamais ! Et les gadgets et robots dont se servent méchants et gentils sont étudiés pour faire marrer les plus jeunes.
Mais il y a une deuxième couche pour les plus grands : toute une ambiance érotique plane sur le film : Maîtresse Doronjo – la belle Kyōko Fukada – est à tomber dans des tenues sexy en cuir moulant (avec décolletés vertigineux). Miike, qui a de toute évidence un problème mammaire à régler avec son psy, fout des gros seins partout ; et plus ils sont gros, meilleur c’est ! Outre l’opulente poitrine de Doronjo, on a droit à une « robote » géante affublée d’une poitrine-lance-missiles et qui, par-dessus le marché, pousse des couinements de plaisir ! A ne pas manquer : la scène de séduction torride (et involontaire) entre Maitresse Donronjo et Yatterman n° 1 (le gentil). Très drôle.
Le tout est bien filmé ; c’est la moindre des choses quand on s’appelle Takashi Miike ! Héros comme super-vilains sont tous ridicules à souhait. Yatterman n° 2, la gentille (Saki Fukuda), porte un costume rose bonbon avec des cœurs sur les seins (sic)… Les deux sbires de Doronjo portent des déguisements de cochon et de rat… Les décors et les robots, soignés grâce à un budget conséquent, sont particulièrement kitsch. Bref, Miike le cinglé s’est lâché et s’est fait plaisir !
Il s’est notamment fait plaisir avec les méchants du film : ils sont grotesques, pathétiques, mais aussi sympathiques et très drôles. Du coup, ils volent la vedette aux héros. On a presque envie de les voir gagner un combat, tant les deux super-gentils sont nunuches et sans intérêt (ce qui malheureusement n’arrive jamais – le syndrome « Team Rocket » sans doute).
Vous l’aurez compris, « Yatterman » est très loin de révolutionner quoi que ce soit et les fans de Takashi Miike risquent fort de faire la grimace en voyant ce manga-cartoon clownesque, qui lorgne du côté du kitsch. C’est vrai : c’est débile, ridicule de bout en bout et intellectuellement inintéressant. Mais bon… A défaut d’avoir pondu un énième chef-d’œuvre (« Audition », « Gozu », « Ichi the killer », « Suicide Club », « Visitor Q », « 13 assassins »), Miike nous offre un bon divertissement qui se veut nanar assumé et revendiqué. « Yatterman » est rigolo, loufoque ; il dynamite joyeusement les codes du manga. Je suis sûr que Miike a du bien se marrer en réalisant ce « machin » sans prétention. Et il a raison : que c’est bon de rire !