A le mérite d'être court

Petite production à la limite du téléfilm, "Yellow rock" est toutefois sincère et honnête dans sa démarche, à défaut d'être ambitieux dans sa mise en scène.
En effet la réalisation n'essaye à aucun moment d'enfumer le spectateur ou de se parer d'une quelconque vertu moralisatrice (faute de moyens pour le faire me direz-vous...), le film m'ayant fait penser à un "sous Hostiles", bien entendu en moins brillant et intéressant, mais aussi en nettement moins long!
C'est ici l'indéniable point fort de cette réalisation, son aspect condensé et son faible nombre de "temps morts" m'ont permis de ne pas ressentir l'ennui habituel présent dans les productions s'étirant en longueur et qui sont malheureusement légions dans le cinéma actuel.
L'interprétation, sans être flamboyante, est également satisfaisante et j'ai apprécié retrouver Michael Bienh et James Russo en cow-boys hirsutes, sales et désenchantés, les pauvres n'étant aujourd'hui que les ombres d'eux-mêmes et de leur gloire passée, certes toute relative...

La rouquine en "docteur Quinn" et l'Indien immortel taillé comme une montagne ne sont pas en reste et ajoutent un côté atypique à cette joyeuse troupe de crapules, dont les seules péripéties seront finalement de traverser un cimetière hanté pour atteindre une mine abandonnée curieusement remplie de pépites d'or.
La "fièvre de l'or" comme disent les Indiens poussera bien entendu les visages pâles à s'entre-tuer, Bienh et la rouquine ayant été embringués dans cette sale histoire à leur insu et subissant l'avidité et la cupidité du groupe, aux intentions soi-disant louables dans un premier temps.
La mise en scène relativement cheap et le manque de moyens évidents ne m'ont pas spécialement dérangés ici, le film ne se voulant absolument pas spectaculaire, son intérêt résidant uniquement dans l'évolution progressive des attitudes et du comportement des personnages vers le "pic du loup" (ou un truc comme ça...), leurs relations se faisant de plus en plus tendues au fur et à mesure de leur avancée.
En parlant de loups, c'est peut-être la seule réelle (et bonne) surprise du film: ce sont des vrais!
Le manque de budget représente ainsi (et ici seulement...) un réel avantage, celui de ne pas avoir à engager une équipe de geeks pour nous proposer des images de synthèse dégueulasses afin de représenter des animaux pourtant existants (tout le monde fait ça aujourd'hui, c'est tellement détestable).
Bref, j'éprouve finalement de l'affection pour ce petit film sans prétention, qui bien que pourvu d'une mise en scène fauchée et d'une trame banale se regarde tout de même sans déplaisir et ne vous fera pas perdre trop de temps, à défaut de vous apprendre réellement quelque chose.
Puis pensez à ce brave Michael Bienh, il faut bien qu'il puisse gagner sa croute comme tout le monde...