Paradis multicolore, Pimentière, petit pays situé on ne sait trop où - sûrement sur une planète comme la terre ou un truc comme ça - coule avec ses habitants des jours heureux pleins d’amour, de paix, de culture et de musique. C’est un vrai plaisir de voir tous ces gens calmes, sereins, ouverts... sauf pour Le Sire Bleunoir. Car le chef pléniventripotant de la tribu des Meskins n’aime que le bleu, déteste la musique, le mot oui et les gens heureux. Alors, il décide d’envoyer son armée bleuir Pimentère une bonne fois pour toutes. Bleuir, ça veut dire passer de la couleur au noir et blanc, figer tous les mouvements et surtout anéantir tout ce qui peut ressembler à de la musique. Ce qui est fait en deux temps trois mouvements tant ces méchants Meskins, dans leurs différentes composantes (Gants volants, Pommeurs, Turcs à crocs, Clowns …), sont efficaces . Seul un brave papi barbu réussira à s’échapper en embarquant in extremis dans un sous marin jaune qui vole, qui se trouvait là.
C’est dans une rue triste de Liverpool qu’il échouera, rencontrera Ringo et ses trois compères de la Fanfare des Cœurs Esseulés, qui iront – à l’issue d’un voyage délirant au travers d’un tas de mers inconnues, mer du temps, mer de vert…et avec l’aide d’un Riennais savant embarqué en route - libérer Pimentière en y réintroduisant la musique.
Voilà grosso modo le synopsis, version française.
Il n’existe pas de version doublée en français de Yellow Submarine. Sûrement que Pierre Tornade, Jacques Balutin et Roger Carel n’étaient pas libres à l’époque. Mais les sous-titres valent leur pesant de cacahuettes : Pimentière pour Pepperland, le Riennais pour Nowhere Man, Les Meskins pour les Blue Meanies…C’est génial.
Nous sommes ici dans un chef d’œuvre unique, un dessin animé d’une poésie, d’une inventivité, d’une drôlerie absolument jubilatoires. Dans le scénario, dans le graphisme, dans la musique, les notes surréalistes se mêlent habilement aux fondamentaux psychédéliques : profusion de couleurs vives, de fleurs, de rayures, de photo-compositions, de clins d’œil au pop-art.
Quant à la musique … douze chansons des Beatles du meilleur tonneau (de Eleanor Rigby à Lucy in The Sky, en passant par un formidable Hey Bulldog opportunément réintroduit dans la version DVD), qui collent aux images de façon magique !
Ce désormais classique de l’animation, c’est l’épatant symbole de cette époque peace and love, débridée, folle et profondément humaine dont on ne peut s’empêcher aujourd’hui d’avoir la nostalgie.
Allez, un petit tour en sous-marin jaune et ça ira mieux…