Accepter le désir
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le 2 janv. 2021
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En 2009 sort un court métrage intitulé Obvious Child, écrit par la jeune scénariste Karen Maine, salué par la critique. Elle l’adapte 5 ans plus tard en long métrage, avec Gillian Robespierre à la mise en scène. En 2017, Karen Maine sort un autre court métrage, Yes, God, Yes, lui aussi salué dans tous les festivals dans lesquels il passe. Mais ce coup-ci, Maine décide de s’occuper également de la réalisation pour son adaptation en long deux ans plus tard. L’histoire reste similaire, l’actrice principale également, mais on passe de 12 minutes à 1h17 pour un résultat des plus rafraichissants, certes pas parfait, mais ô combien tendre et attachant. Yes, God, Yes est un film tout en douceur qui, en plus d’un traitement réussi d’un sujet pas forcément évident, nous fait découvrir Natalia Dyer, une actrice très talentueuse que les amateurs de séries ont pu voir dans Stranger Things. Vous l’aurez compris, j’ai aimé Yes, God, Yes.
Produit entre autres par Chris Columbus (Maman j’ai raté l’Avion, Harry Potter), Yes, God, Yes est en quelque sorte un teen movie au féminin, genre jusque-là dominé par les hommes mais qui peu à peu inverse la tendance. J’en vois déjà qui à la lecture de « teen movie » froncent les sourcils, mais ne vous en allez pas tout de suite, car ce film n’est pas un teen movie comme les autres. Nous sommes ici dans une comédie satirique, qui va immédiatement mettre son sujet sur la table en parlant de religion et de sexe, du rapport conflictuel entre catholicisme exacerbé aux States et le sexe, de tous les tabous et « règles » que cette Amérique puritaine prône alors qu’ils sont parfois les premiers à transgresser. Yes, God, Yes va rapidement mettre en opposition ces 2 thématiques, le temps de deux scènes qui vont se succéder : une première nous montrant un cours sur la sexualité dans une école catholique (que je qualifierais de radicale) où on nous explique même que la masturbation est un pêché qui nous envoie aux portes de l’Enfer ; une deuxième avec une jeune fille prude qui commence à avoir l’entrejambe qui frétille et qui se sent « à part » à cause de ses nouvelles envies. Mais ici, la sexualité est abordée de façon très tendre, parfois cocasse, et le film évite constamment tout le côté scabreux et pipi caca d’un American Pie et des nombreux ersatz qu’il a engendrés. Point de quiproquos sur le sexe ici, point de graveleux. Au contraire, il se dégage une légèreté, une tendresse, une fraicheur, de la candeur. On ne rit que rarement mais on arbore un sourire du début à la fin devant cette jeune fille en plein éveil sexuel, avec de nouvelles envies qu’on lui répète interdites, ou du moins très mal venues. Le ton est assez intimiste et la mise en scène toute en douceur, très précise, sans aucun artifice ou autre esbroufe visuelle.
Yes, God, Yes ne tombe pas dans les clichés alors qu’il aurait été facile de se vautrer dedans, aussi bien au niveau de l’humour que de la mièvrerie que des amourettes d’adolescents pourraient générer. Il préfère proposer une réflexion sur ces jeunes ados endoctrinés par la religion (aussi bien par leur famille que par leur école) et la découverte du sexe, sur le fait que sexe et religion catholique (version extrémiste comme on le voit parfois aux States) s’opposent dans ce que cette dernière essaie d’inculquer, mais qui seront malgré tout intimement liés. Je parle bien de « réflexion » car la réalisatrice ne cherche jamais réellement à les opposer, à les confronter, ni même à dire que l’un est mieux que l’autre. Et quand elle se décide à balancer des petites piques, elle s’attaque plus à l’hypocrisie de ceux qui font le système qu’au système en lui-même. Car les apparences sont parfois trompeuses, et le sexe est malgré tout partout, quelle que soit sa forme. La satire reste toujours très discrète, très pudique, à l’instar de son personnage principal. Ce personnage principal, il est une des forces du film, et plus particulièrement son interprète, Natalia Dyer, qui livre une excellente prestation. Dans l’ensemble, c’est le casting de manière générale qui s’en sort parfaitement, mais Dyer crève l’écran. Elle est parfaite dans le rôle de cette adolescente de 16 ans qui ne sait pas trop comment s’y prendre avec les choses de la vie, qui découvre son corps et ce qu’elle peut faire avec pour se procurer du plaisir. Elle arrive à faire passer énormément de choses juste avec les expressions de son visage, avec ses mimiques, avec un naturel déconcertant. Seul point négatif du film, son rythme. L’exercice d’adapter un court métrage en long métrage est parfois périlleux, et Yes, God, Yes tombe dans le piège des scènes un peu trop étirées. Il en résulte quelques longueurs, malgré ses 1h17 génériques compris. Mais qu’importe, difficile de ne pas succomber au charme de ce petit film tout simple passé complètement inaperçu, tant il respire la fraicheur dans un genre usé jusqu’à la moelle depuis 20 ans.
En nous racontant une tranche de vie d’une ado catholique en plein éveil sexuel, Yes, God, Yes est une comédie satirique qui vise juste. Un film frais, tout en douceur, tout mignon et qui fait du bien par où il passe.
Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com
Créée
le 24 mars 2022
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