Ceci n’est pas un Girls with Guns !

Yes Madam. Non, il n’est pas question ici de parler du film de 1985 de Corey Yuen avec Michelle Yeoh et Cynthia Rothrock, également appelé In The Line of Duty 2. De toute façon, c’est un gros bordel cette saga. On a également un Magnificent Warriors (1987), également appelé Yes Madam 3 ; In the Line of Duty III, aussi connu sous le titre Yes Madam 2 (alors que sorti après), In the Line of Duty 4 qui récupère la bonne numérotation avec son autre titre Yes Madam 4 ; A Serious Shock ! Yes Madam ! est également appelé Yes Madam 92 ; on a un Yes Madam 5 de bien triste mémoire sorti en 1996 ; et puis il y a le film du jour, sorti en 1995, sobrement intitulé Yes Madam, mais aussi également connu comme Yes Madam 2. Je vous ai dit que c’était le bordel. Par contre, une chose est sûre, c’est qu’il fait partie des plus mauvais opus de cette vraie / fausse saga, et c’est peu de le dire.


Yes Madam, dans sa version de 95, n’a rien à voir avec avec les autres Yes Madam dont je vous parle au-dessus. Il s’agit ici d’une production taïwanaise opportuniste sans le sou dont Cynthia Khan s’est fait une spécialité à la fin des années 90. Il s’agit du dernier film de Chen Chun-Liang, réalisateur taïwanais qui n’a œuvré que dans le film de seconde voire troisième zone, aussi bien dans le genre kung fu avec Three Shaolin Musketeers (1978), le film de fantasy avec Monkey War (1982), ou encore le film de vampires pour enfants avec King of the Children (1989). Ce nom ne vous dit rien et pourtant, il y a un film de la filmographie dont vous avez forcément entendu parler si vous vous intéressez au cinéma de Hong Kong. Un film qui est même sorti chez nous en DVD dans une VF absolument frapadingue, à savoir l’adaptation live bien WTF sorti en 1991 de l’animé culte Dragon Ball et qui a fait le bonheur de tous les amoureux de nanars. Mais revenons-en à notre Yes Madam qui n’a de Yes Madam que le nom. Car je ne vous ai pas dit, nous ne sommes pas ici dans un Girls with Guns ou un Kung fu Polar comme TOUS les autres films de la « saga ». Non, il s’agit ici d’une comédie loufoque avec un humour enfantin durant 85% du temps, avec une intrigue qui ressemble à un patchwork de plusieurs autres films, avec de temps en temps, pour les 15% du temps qui reste, notre Cynthia Khan qui vient balancer des coups de tatane dans la gueule. Une fois de plus, c’est une jaquette mensongère, avec une Cynthia en gros sur l’affiche alors qu’elle n’est présente dans le film qu’à peine 15 minutes. Je n’attendais guère de la grande qualité avec ce film, mais là on est presque dans l’arnaque totale. C’est dommage car la scène d’introduction nous plonge immédiatement dans une fusillade couplée de combats. Cynthia est présente et les combats, bien que montés à la va-vite avec les orteils gauches sont bien nerveux et rapides.


Mais rapidement, l’humour crétinoïde et surtout pas amusant va s’installer, et c’est là que ça commence à méchamment sentir l’arnaque. Les gags vont commencer à s’enchainer avec un humour bien lourdinque, typiquement cantonais mais en raté, appuyé par des bruitages sortis d’un cartoon et un ersatz de Sandra Ng qui, comme son modèle, cabotine et grimace à mort. Déjà que Sandra Ng ne m’a pas souvent fait rire, mais alors sa version lowcost, c’est encore pire. Mais le gros problème, c’est que beaucoup de gags n’ont aucun putain de sens (celui où ils jettent la nourriture en l’air pour la manger, WTF ?). Pourtant, je ne recule jamais devant de l’humour non sensique. Là, on a des ninjas qui se cachent (mal) derrière des portes manteaux (gag) et assomment des gens avec des marteaux géants gonflables (gag) : un gamin de 8 ans obsédé (gag), des moments en accéléré avec musique débile façon Benny Hill (gag), … On a cette impression que le film a été fait pour des gamins de 10 ans, avec un budget proche du néant, avec des costumes cousus main à la va-vite et des maquillages faits à l’arrache, encore pire que dans un sentaï de 8ème zone. Au milieu de tout ça, une enquête qui n’est clairement pas ce qui intéressait le réalisateur tant cela est relégué au second plan. Les quelques très rares combats, bien que montés avec le cul, sont ce qu’il y a de mieux dans le film. Ils restent agréables, bien que souvent expédiés en quelques secondes. On se consolera avec un final qui part en gros WTF, avec pirouettes improbables, explosions bas de gamme, personnages qui volent et autres coup de pied dans les roustons, qui au final est une des rares scènes vraiment fun à regarder. Alors, oui, on est toujours content de voir une Cynthia Khan toute mimi, mais on est malgré tout assez triste de constater que sa fin de carrière est objectivement bien daubée du derrière.


A ne pas confondre avec son homonyme de 1985 réalisé par Corey Yuen, ce Yes Madam de 1995 est une comédie très lourdingue qui ne justifie son titre que par quelques combats foireux. Le final WTF sauve le film de la purge totale.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-yes-madam-de-chen-chun-liang-1995/

cherycok
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le 4 mai 2022

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