La bande annonce de Yesterday avait piqué la curiosité du masqué. Oui, il y avait bien les airs des Beatles, c'est sûr. Il y avait aussi le concept intéressant du What If ? aux doux relents de Jean-Philippe, qui lui avait bien plu à l'époque, celle où l'idole des jeunes n'avait pas décidé de donner corps à ce monde sans lui. Mais il y avait surtout la jolie Lily James, son nouvel amour qui se love contre lui dans ses rêves doux et tendres.
Ah ! Lily...
Behind devait donc aller voir Yesterday pour bien confirmer que Lily était toujours aussi belle et charmante, comme dans Baby Driver. Et se rendre compte qu'il avait toujours un coeur en sucre aussi tendre.
Mais il se rappelle soudain qu'il n'est pas là pour parler de sa girlfriend, mais d'un film qui partait avec un immense capital sympathie. Car c'est du Danny Boyle qui, même si sa filmographie est faite de hauts et de quelques bas, peut filer une belle oeuvre s'il se sent investi. Tout comme Richard Curtis à la plume, pour peu qu'il lâche ses envies neuneus. C'est à dire quand il n'est pas sur Love Actually ou Coup de Foudre à Notting Hill, quoi.
Dans sa première moitié, Yesterday emprunte à peu près tous les chemins balisés de la romance unissant le gars qui ignore les yeux transis de sa meilleure amie, puis les routes fréquentées de l'ascension artistique et de la célébrité subite.
C'est classique mais éminemment sympathique. Confortable et parfois attendrissant, car le couple fonctionne très bien et que l'on est curieux de voir jusqu'où vivra le mensonge. Et jusqu'où la reconnaissance se mettra en travers de l'amour. Lily est souvent à l'écran, tandis que Behind lui murmurait des mots d'amour à l'oreille comme si elle était dans la salle dans le siège à côté du sien. Le feelgood movie enchante parfois, fait sourire de temps à autre.
Jusqu'à la fin de cette première moitié, le masqué s'est dit que Yesterday, c'était vraiment pas mal et méritait certainement le détour, même si ses abonnés ne sont pas amoureux de Lily James comme lui.
Sauf qu'ensuite, le film s'acharne à dilapider une partie du bon a priori qu'il laissait dans une suite qui fait un peu de surplace dans son intrigue, avant de révéler ses limites en matière de consensuel, de critique populiste et de bien pensance culturelle, brossant hypocritement le public radin dans le sens du poil en professant l'illusoire gratuité de la musique en format numérique...
Car s'il était heureux de constater que le monde un tout petit peu alternatif dessiné tourne encore sans quelques autres références incontournables (Oasis, Coca Cola et... Harry Potter, youpi !), le masqué a commencé à faire la moue quand il a touché du doigt toute la superficialité du scénario. Qui se garde bien de rayer de la carte l'héritage et la voie ouverte par les Fab Four, pour mieux mettre en avant un (R)Ed Sheeran, gentil idiot venu parasiter l'entreprise, ou proposer une critique tarte à la crème des vilaines majors pas belles avides du blé du gogo.
A quoi bon définir un monde pseudo alternatif pour refiler au public les mêmes satires au final inoffensives, les mêmes réseaux sociaux et viralités mondiales d'une célébrité expresse ? Un monde en mode bisounours ou ceux qui pourraient faire pression sur l'artiste, histoire de lui soutirer du pognon, le remercient de mentir et de voler l'oeuvre d'autres en se contentant d'agiter sous le nez du plagiaire un sous-marin jaune ?
Quant à la fin de l'entreprise, elle pourra laisser perplexe : d'abord dans une rencontre d'outre tombe qui laisse une impression d'étrange malaise, puis dans une déclaration d'amour mièvre digne d'un Podium de sinistre mémoire, le tout en plein concert, comme le péquin très moyen qui monte sur scène pour ouvrir son coeur de manière impudique.
Même s'il s'agit de la jolie Lily...
Yesterday fait donc penser à la sortie de la salle que Danny Boyle est passé, presque, à côté de son sujet. Avant de se souvenir qu'il entamait son live de très jolie façon et que son oeuvre bénéficie d'un couple de tourtereaux attendrissant et d'un environnement travaillé. Si le scénario avait pu bénéficier de la même attention...
Lily James, elle, rattrape quelque peu l'entreprise aux yeux du masqué. Pas sûr cependant que cela suffise aux yeux de ses abonnés.
Behind_the_Mask, ♫ Lily in the Sky with Diamond...♪