Beshay de roi
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le 10 mars 2019
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Il faut reconnaitre (avec honte, j’en conviens) qu’on croirait au début d’un sketch des Inconnus : en compétition officielle à Cannes, un premier film égyptien mettant en scène un acteur non professionnel, ancien lépreux désormais défiguré et mutilé dont on va suivre les pérégrinations.
Il faut reconnaitre, aussi, que le film brasse à peu près tous les attendus du récit social et à vocation « ruisselant d’humanité » : un road movie dans une Egypte hors des sentiers touristiques, dans la misère des reclus, panoramique des reclus – les tendres, les criminels, les agressifs – et une quête illusoire, celle des origines pour cet homme abîmé par la vie, auquel on va adjoindre, bien évidemment, un enfant d’abord repoussé, puis adopté symboliquement.
En résulte une jolie fable qui parvient à toucher lorsqu’elle fait émerger de véritables personnages. L’idée de rendre à ce protagoniste son humanité au-delà des apparences (le modèle Freaks est assumé), par un caractère forgé à l’opiniâtreté fonctionne un temps, et met en place une communauté dans une décharge devenue un lieu d’habitation. La démarche est sincère, le regard souvent juste, et cette solidarité des laissés pour compte permet une prise de parole assez rare. La confrontation finale au père et le discours proposé sur la vie à l’écart de la société comme seule solution est d’une ambiguïté assez intéressante, et ménage des pistes de réflexion qui resteront malheureusement sous-exploitées dans le reste du récit.
Car la singularité du personnage et de son parcours semble suffire au réalisateur, qui greffe sur eux tous les ingrédients inhérents au sujet : des effets appuyés (les rêves…), une musique omniprésente formatée au possible (sur le mode « gentillette mélodie universelle de nos cœurs tous bleus ») et une répétition assez convenue des péripétie qui ressemble à un cahier des charges.
Comme pour bien des films de Cannes 2018 (Capharnaüm, Les filles du Soleil…), se permettre de fustiger la valeur esthétique et scénaristique de cette œuvre peut faire passer pour un monstre d’indifférence face à la misère du monde réel. Mais pour réellement servir sa cause, une œuvre doit savoir éviter les effets de manche et les poncifs qui révèlent des coutures et accentuent la distance par rapport au sujet qu’elle voulait mettre en lumière.
(5.5/10)
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Créée
le 28 nov. 2018
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