Rêve de gosse.

Si je vous cite David Arquette, qui se souvient de lui ? Bien sûr pour son rôle de flic dans la saga Scream, en tant qu'ex-mari de Courtney Cox... et c'est à peu près tout. Pris dans la spirale d'une carrière qui ne décolle pas malgré des décennies de jeu soit dans les films ou les séries Tv, à courir encore et toujours les castings et auditions à plus de 50 ans, David Arquette va décider à un âge aussi tardif de se reconvertir en tant que catcheur !
Fanatique du sport depuis l'enfance, il aime tellement ça que pour la promotion du film Ready to rumble, sorti en 2000, et qui parle de catch, il va disputer une rencontre, en total novice sur le ring, où il va remporter à la consternation générale le titre de champion du monde des poids lourds. Ce qui fut pris comme un tollé par les sportifs et les fan. Près de vingt ans plus tard, ce qui devait être une gloire pour l'acteur est en fait une blessure qui ne s'est jamais refermée, Hollywood lui a plus moins tourné le dos ou alors à faire des séries B ou Z, et sa carrière est au point mort. Et là, il veut prouver que, oui, il est vraiment catcheur afin de gagner le respect des autres et de soi.

Sorti en Aout 2021, ce documentaire suit l'acteur durant des années dans sa reconversion qu'il prend très à cœur, malgré de gros soucis de santé, notamment cardiaques, et le résultat a de quoi interroger. Loin d'être un faux documentaire comme I'm still here, où Joaquin Phoenix tentait de faire croire à une carrière dans le rap, tout ce qu'on voit dans le film est réel. Mais il y a une telle impudeur, un masochisme tel, que finalement, la course à la respectabilité de David Arquette est au fond touchante. On va le voir prendre des protéines, subir des critiques violentes de ses amis et sa famille, qui sont tous interviewés, aussi bien sa femme que sa fille Coco ou son ex-épouse Courtney Cox, mais il met du cœur à l'ouvrage, quitte à morfler physiquement et moralement.

Au début, son premier combat va être dans un jardin, dans un ring de fortune, et sans entrainement, il va se faire démolir la gueule par d'autres catcheurs, qui lui font éclater des tubes de néons sur le dos, lui font pisser le sang et même jeter des clous sur le tapis qu'il se ramasse en tombant. Il se rend compte qu'il n'est pas encore prêt, et va s'entrainer au Mexique pour faire un autre combat, encore plus violent, où il doit foncer à l'hopital à cause d'une jugulaire tranchée, à se demander comment il a pu survivre, car le sang coule vraiment, et ça n'est pas du chiqué.
Tout est comme ça dans ce documentaire complètement fou, où Arquette ne sait pas vraiment pourquoi il fait tout ça, sauf qu'il a l'air d'agir comme un gosse, de manière impulsive, et il parait vraiment immature, ce qui exaspère son épouse.

Sa fiche sur Imdb montre que David Arquette tourne beaucoup, même si c'est la plupart du temps dans des trucs peu mémorables, il a l'air d'avoir des moyens à juger sa maison gigantesque, mais ça ne suffit pas ; on voit bien qu'il recherche à prouver qu'il est vraiment quelqu'un, et pas seulement le policier Dewey de Scream On pourrait penser à un caprice, mais il s'en donne les moyens, veut s'exprimer dans autre chose que le cinéma, et au générique de fin, on apprend qu'il est classé dans les 500 meilleurs catcheurs du monde.

Il y a de quoi être masochiste à se montrer ainsi, y compris dans le plus simple appareil où, excepté une chaussette pour couvrir son zizi, il va se faire épiler intégralement, mais au fond, quand le documentaire se termine, on en ressort avec davantage de respect pour David Arquette, qui a certainement mangé bien des humiliations ou des défaites, mais ressort de là la tête haute. Avec pour finir un très bel hommage à son ami Luke Perry, dont le film lui est dédié, car son fils est lui aussi catcheur.