Le teaser d'une rétrospéctive de la collection YSL au Grand Palais...
Jalil Lespert est un piètre metteur en scène. Ils nous livre un film ou plutôt un téléfilm à la patte Canal +, fait à la hâte, qui manque selon moi d'objectivité et de distance. La réponse: le véritable metteur en scène se prénomme Pierre Berger.
Première critique : de grossières erreurs pour un film qui se veux pourtant aussi proche du réalisme que possible (Lespert a en effet contrairement à certains, le droit d'accéder à tout un tas de documents privés et aux vrais modèles d'YSL, gardés dans la forteresse de la fondations Berger-Saint Laurent). Toutefois on se trouve autour de l'étoile alors que le logement de Berger et YSL se trouvait rue de Babylone... Une des dernières séquences, en 1976 : présentation de la majestueuse collection des ballets russes rendant hommage à Diaghilev avec pour fond sonore la Callas sur du Puccini... Mais encore passons...
Si ce n'est, qu'à cela s'ajoute un style mièvre, une bande originale qui tente par de vagues échos lyriques grotesques de nous faire rentrer dans la nostalgie de cette esquisse ratée du couturier. On tombe dans tous les travers du genre "bio-pic" : un rythme binaire, une photographie terne qui finit par salir l'éclat des créations ainsi qu'une introduction en flashfoward pour introduire le narrateur Gallienne-Berger, qui nous conduit à penser que ce film a été fait pour glorifier Berger, pygmalion amoral et manipulateur du couturier. D'ailleurs le peu de d'analyse ou de profondeur de ce film peut se résumer avec le traitement qui est fait de la relation entre les deux protagonistes du film.
Certes, une transformation plutôt remarquable de Pierre Niney mais qui n'arrive cependant pas à nous transmettre la moindre émotion. Bref un jeu terne, sans vie, qui ne nous renseigne en rien sur l'intériorité ou la psychologie d'un artiste maudit, au génie révolutionnaire mais dévasté par ce dernier. On observe YSL sombrer dans ses névroses de maniaco-dépressif, dans l'alcool, la drogues et les salons obscures de mutilations masochistes sans pour autant percevoir le malaise et la détresse profonde du couturier. Le reste du casting, sans commentaire. Soutenons les efforts de l'ancienne miss météo pour masquer son accent québécois !
Après avoir surfer sur les potentiels profits de la mémoire de son prétendu compagnon, Pierre Bergé principal investigateur, commanditaire, conseiller dictatorial (comme il peut l'être dans la vie) de ce film, a décidé de brader définitivement l'héritage d'Yves Saint Laurent. De grandes soldes, où la mise en scène pathétique nous inspire agacement et révulsion. On observe les grands succès de la maison, les grandes créations d'YSL mais on écarte totalement la recherche de création artistique, les inspirations de l'artiste, son travail. Serais-je de mauvaise foi ? Oui effectivement, on a le droit à la création des robes Mondrian en 72 secondes où Saint Laurent piochant l'un des 8 livres de sa bibliothèque sur l'artiste peintre...
Au final, je trouve que le pari de Pierre Bergé de se présenter comme le bienfaiteur d'YSL, son "ami", l'homme de sa vie, se retourne contre lui. L'image qu'il en ressort est plus de l'ordre d'une profonde empathie, voire presque une certaine compassion pour le souvenir de cet homme timide qu'a été YSL. Un artiste perdu, entouré de proches et de prétendus amis, qui l'ont plus entraîné plus près du gouffre, de ses démons. Peut être pour mieux tirer profit des recettes de cette maison qui jadis faisait le rayonnement de la France.
Mes espérances se portent à présent sur Bonello, qui lui n'a pas subit la censure Berger. Il nous faut attendre l'automne, mais nous aurons peut-être ce printemps, le droit à une sélection cannoise, qui rendra hommage à cet homme qui transfigura la femme moderne. "La haute couture n'est pas un art majeur, mais il faut être un artiste pour la faire comme YSL."