Sur fond de guerre au Liban en 1982, la rencontre inattendue entre Yoni, un pilote israélien fait prisonnier par un groupe de palestiniens et Fahed, un gamin réfugié de 12 ans donne lieu ici à un film excessivement angélique et naïf, offrant une vision pour le moins candide d'un conflit aux mutations incessantes et aux implications diverses qui n'en finit pas d'opposer les peuples israéliens et palestiniens. L'intention principale est bien de réaliser un film mélodramatique qui joue sur la sensibilité d'un spectateur forcément ému par les drames qui s'abattent sur Fahed bientôt orphelin et privé de son meilleur pote. L'esprit de revanche et de vengeance qui anime le fougueux gamin trouve opportunément à s'exprimer lorsqu'il devient le gardien de Yoni. La suite du film ne sera que le déroulement prévisible de péripéties conduisant au rapprochement et à l'amitié naissante entre le soldat et le garçon. On espère à un moment donné que Eran Riklis choisisse le ton de la comédie, lorsque les libanais et les syriens viennent ajouter leur grain de sel à l'histoire, comme une sorte de pirouette et de mise à distance. Hélas, ce sont les bons sentiments qui prennent le dessus avec le recours à de grosses ficelles et de lourds symboles. Le gamin est suffisamment espiègle, débrouillard mais aussi dépassé par les événements pour être attachant et susciter toute notre sympathie. Le sujet devient dès lors l'apprivoisement d'un enfant par un adulte, rejetant du coup les enjeux intrinsèques au conflit qui est de plus en plus cantonné à une toile de fond anecdotique, presque déréalisée - ce qui pose quelque problème au regard des trente années qui séparent le moment où prend part l'action du film avec aujourd'hui. Le réalisateur de La Fiancée syrienne et des Citronniers nous avait habitués à plus de finesse, d'analyse et de décence dans l'utilisation des sentiments, moins de manichéisme et de niaiserie.