Au début des années 90, c’est la mode au neo wu xia pian et il en sort plein chaque année. Les Swordsman, Blade of Fury, The Assassin, All Men Are Brothers, Dragon Inn, Handsome Siblings, … la liste est longue et il devait être difficile de se faire une place au milieu de tout ça. C’est dommage car un film comme Zen of Sword, avec son excellent casting et sa proposition, aurait mérité un meilleur accueil, et même d’être plus connu auprès des amateurs de cinéma de Hong Kong. Réalisé par un certain Yu Mang-Sang dont c’est le premier film (et qui ne fera que 3 autres bobines par la suite), produit par Stephen Shin avec un casting et une équipe technique composé en grande parties d’anciens membres de la D&B, parfois décrit, à tort, comme la suite du classique de King Hu A Touch of Zen (1971), Zen of Sword fait clairement partie du haut du panier de tout ce qui a pu sortir à cette époque en termes de films de sabre frénétiques façon wire-fu. Bien que son rythme particulier risque d’en dérouter quelques-uns, tout amateur de neo wu xia pian se doit de voir ce Zen of Sword.


Nous sommes ici dans du pur wu xia pian fantastique, avec des personnages qui font des bonds hors normes, voire qui volent littéralement dans les airs, et un côté complètement frénétique des affrontements. Les combats sont très punchy et les chorégraphies de Phillip Kwok très réussies, le bougre arrivant même à rendre Waise Lee crédible dans les fights alors que ce dernier n’est pas du tout un artiste martial. Certains combats sont très inventifs à l’instar de celui où il se battent avec un arbre entier tout en étant très virevoltants, ou ce final complètement explosif et délirant avec membres coupés, magie et corps qui explose. Le wire-fu est assez impressionnant, imaginatif, et bien que certaines scènes pourraient paraitre kitch pour les non-initiés, comme ces moines aux techniques très tournoyantes, les amateurs apprécieront car Phillip Kwok fait clairement ici du bon boulot. Certaines scènes sont assez violentes, et même surprenantes comme cette petite fille coupée en deux qu’on ne voit pas venir. Visuellement, l’ensemble est assez travaillé. Entre les très beaux paysages, la photographie soignée pour les mettre en valeur, et le joli travail sur les éclairages, Zen of Sword a plutôt belle allure. Le réalisateur sait choisir ses cadres afin de régulièrement donner une ambiance mystérieuse, poétique pour d’autres, à ses scènes et certains plans sont tout simplement superbes. Même chose au niveau des costumes et il suffit de voir celui de Kara Hui, tout de plumes orné pour s’en convaincre. Pourtant, on sent bien que le budget ne devait pas être énorme et quasiment tout le film se passe dans cette forêt mystérieuse. Mais ce n’est à aucun moment gênant car le réalisateur utilise très bien cet espace.


Le casting s’en sort parfaitement. Waise Lee endosse une fois de plus son rôle habituel de traitre qu’il sait si bien faire, le trio d’actrice s’en sort également à merveille, en particulier Kara Hui dans le rôle de la tante un peu trop protectrice et colérique, et Cynthia Khan dans celui de la garde du corps fidèle qui trouve ici sans doute un de ses meilleurs rôles. Michelle Reis a un rôle plus passif, celui d’une princesse, mais illumine chacune de ses scènes par sa douce beauté. Dans tous les cas, rien que pour le trio d’actrices, Zen of Sword est à voir, elles sont sublimées par la camera qui s’attarde longuement sur elles, sur leur visage, et on sent un réel amour du réalisateur pour ces trois personnages. Mais il ne vaut pas oublier le jeune Lau Sek-Ming en prince tiraillé entre sa tante qui l’a élevé et son amour pour la princesse du camp adverse. Le rythme du film pourra par contre en dérouter certains, car autant les 20 premières et les 20 dernières minutes sont assez intenses, autant ce gros milieu va prendre un rythme bien plus lent pour s’attarder sur les personnages et particulièrement sur une histoire d’amour entre deux d’entre eux. Mais ce n’est étonnamment pas niais comme on le voit parfois et, même si on regrette un manque d’action à ce moment-là, cela se suit avec beaucoup de plaisir car quelques rebondissements viennent amener un peu de sang neuf à un scénario qu’on pensait balisé. De manière générale, ce scénario se suit sans souci là où d’autres neo wu xia pian allaient dans l’alambiqué avec une avalanche de personnes et de sous-intrigues. Zen of Sword explore les thématiques de l’amour, de l’honneur, interrogeant sans cesses les personnages sur leur voie à suivre et posant la question si l’amour peut vaincre les ambitions. Non, décidément, pas grand-chose à reprocher à ce petit wu xia pian qui vaut vraiment le détour.


Vous aimez les neo wu xia pian frénétiques de Hong Kong du début des années 90 et vous en avez marre de revoir toujours les mêmes films ? Alors jetez un œil à Zen of Sword, un très bon film de sabre trop souvent oublié et qui pourtant a de bien beaux arguments.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-zen-of-sword-de-yu-mang-sang-1992/

cherycok
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le 22 août 2024

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