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Le titre est finement trouvé en ce sens qu'on aime ou on aime pas ce type de film, c'est binaire, d'autant qu'on ne va pas se rattraper sur la photographie. Du pur Abel, très déstructuré,...
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le 7 déc. 2021
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Si c’est bien en Jésus-Christ que Dieu assume les œuvres des Hommes, la ville est donc assumée par Dieu. Ville qui est, par l’acte de Cain, une révolte des Hommes face à Dieu. La première œuvre réalisée par l’humanité en dehors de la création. Une œuvre liée à une liberté particulière, celle de choisir de vivre dans un milieu urbain démesuré qui est intrinsèquement lié au péché. Elle est l’origine de la fondation de la technique, lui attribuant une puissance spirituelle particulière. Mais en assumant toutes les œuvres des Hommes, Dieu s’empare de la ville et lui offre le salut. Donc la liberté de l’Homme qui s'est révolté face à Dieu est elle aussi assumée par Dieu qui va « réunir toutes les choses en Christ celle qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la Terre » (Eph.I.10). La ville (et la liberté liée à elle) est alors « produit en Christ qui la juge et la sauve, qui la délivre et la soumet » (Ellul).
Mais que se passe-t-il si l’humanité vient à dévoyer cette œuvre de « liberté » qu’est la ville, en une œuvre d’oppression ? Cette grand œuvre des Hommes, assumée par Dieu, qui est détournée de sa fonction originelle. L’alliance des cieux et de la Terre est donc rompue, car les Hommes détruisent eux-mêmes leur révolte face à Dieu. De plus, ils empêchent toute forme de révolte par une répression et une oppression asphyxiante. On suffoque de ce masque porté en permanence, de ce confinement de la population et de cette caméra collée à la peau de J.J. L’ambiance visuelle est elle aussi très sombre, aucune lumière vive ne parvient à notre rétine, qu’on soit dans des églises ou dans la rue. Des rues qui sont cadavériques, parsemées de SDF et de soldat, où l'on s'y déplace pratiquement que la nuit ou au petit matin. L’oppression passe aussi par les moyens de transport qui sont en permanence subis : les trajets dans les véhicules des militaires, un enlèvement dans une berline d’oligarque ou encore une fuite à l'aide d'un scooter. Ethan, s'il se véhicule, le fait uniquement par contrainte. La voiture est donc un moyen d’oppression. A l'inverse de 11 x 14, réalisé par Benning, où le véhicule est synonyme de liberté, d'un moyen d'habiter pleinement son espace. Ce qui, dans ce film, est impossible. Tout le monde vit reclus chez soi. L'extérieur est occupé par les soldats.
La suppression de la liberté de la ville, qui avait été assumée par Dieu, permet alors de mieux comprendre que le monde dans lequel évolue J.J est à l’opposé de lui. C’est un monde où dieu est mort, interdisant toute révolte, car même la révolte contre Dieu n’existe pas, Dieu n’existant plus dans leur cœur. Cependant, J.J a encore la foi. Et c’est pour cela qu’il va se révolter contre cette oppression en se tournant vers les cieux.
Le ciel est lié aux rares moments de « légèretés » et d’oxygénation du film, qui sont illustrés à l'aide de plan au drone. Ils sont filmés par Ferrara, nous permettant de suivre Ethan, ou ils sont dirigés par Ethan lui-même. Néanmoins cette légèreté est ambiguë, car la sensation de n’être qu’un observateur, un oppresseur de plus nous vient en tête. Cette légèreté du ciel est opposée à la terre qui est un espace d’oppression et de pesanteur. Le sol est constamment foulé par des soldats. Il y a énormément de plan de coupe sur leurs chaussures qui battent la terre. Le personnage d’Ethan est quant à lui ambivalent. Il est un intermédiaire entre ces deux espaces car il est à la fois un soldat et un homme tourné vers Dieu. Il se rend à l’église et dans une petite mosquée pour prier ce qui accentue ce motif d’intermédiaire. Mais il est au départ un oppresseur, il utilise sa caméra pour participer à la répression. Cependant, il va se retrouver piégé par cet outil. Les transitions entre ce qui est filmé par la caméra de Ferrara et celle d'Ethan forme une sorte de passage entre deux mondes, une tentative de supprimer un clivage entre sa caméra et celle d'Ethan.
Ce clivage va être supprimé par la supposée arrivée de la Jérusalem céleste. La scène finale l’expose bien, elle met un terme définitif à l’œuvre de l’Homme et du Christ en mettant un terme au film. Cela reste une interprétation, mais le vol des oiseaux montre la descente de l’esprit saint. De plus, l’élévation de J.J, d’une femme et d’un enfant, fixant le ciel sur le toit d'un immeuble tout en baignant dans une douce lumière montre l'accomplissement de la gloire de Dieu : « La ville n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer car la gloire de Dieu l’éclaire » (Apoc.XXI.23). Cette scène est suivie par l’apparition d’enfants jouant dans un parc, signifiant bien une nouvelle existence. Elle met ainsi un terme à l'œuvre de mort que l'on a parcouru tel un vagabond errant, comme Cain, pendant une heure « tu seras un errant et vagabond » (Gen IV.12). C'est pour cela qu'une joie formidable ressort de ces images finales, une rédemption sublime à travers ces deux plans. Après avoir retenu sa respiration pendant une heure, il est libérateur de voir que la révolte de J.J est entendu par Dieu qui va rétablir l’œuvre des Hommes et unir le jardin à la ville. La ville s'ouvre et « ses portes ne se fermeront point car il n'y aura plus de nuit » (Apoc.XXI.25)
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Créée
le 12 févr. 2022
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