Alors, on danse?
Un film plein de fausses surprises. Ou bien c'est plutôt moi qui suis naïf. Ça commence avec une ouverture de 5 minutes. Je m'attends donc à un film de 3 heures qui comprendra une interlude. Raté, ça...
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le 2 déc. 2014
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Film de Lemuel Ayers, Roy Del Ruth, Robert Lewis, Vincente Minnelli et George Sidney (1945)
A chaque fois que je revois ce film, c'est un véritable enchantement, à condition d'aimer le musical comedy hollywoodien. Pour commémorer le vingtième anniversaire de la célèbre firme du Lion (la Metro Goldwyn Mayer), il fut décidé de mettre en chantier cette immense production à la gloire de Florenz Ziegfeld (1867-1932), entrepreneur de spectacles, qui avait fait la conquête de Broadway de 1907 au début des années 30 en montant des revues de music-hall à grand spectacle, appelées "Ziegfeld Follies", et dont la plus célèbre reste "Show Boat" (qui donnera un film MGM réalisé par George Sidney en 1951). La MGM lui avait déja rendu hommage en 1936 avec le Grand Ziegfeld de Robert Z. Leonard, où William Powell incarnait son personnage.
L'ouverture de Ziegfeld Follies voit William Powell qui reprend gracieusement son rôle, alors que Ziegfeld est au ciel, entrain d'évoquer ses souvenirs et ses fabuleux spectacles ; il a l'idée en rêve de remonter un dernier show avec les plus grandes vedettes passées et présentes. Il faut savoir que le cinéma naissant, et principalement la MGM créée en 1924, doit beaucoup à Ziegfeld, le prétexte était donc tout trouvé.
Le film est un film à sketches, utilisant plusieurs de ses vedettes-maison alors sous contrat avec le prestigieux studio, en alternant des numéros musicaux et des sketches dialogués à la manière des revues d'autrefois. Supervisieur de l'entreprise, Vincente Minnelli n'a pas signé tous les "tableaux", mais il en a dirigé la plupart, et surtout les meilleurs ; plusieurs critiques de presse ont fustigé la vulgarité et la médiocrité des sketches dialogués dont le comique vient tout droit du music-hall et servant d'enchaînement entre 2 tableaux à grand spectacle. Je trouve cet avis bien sévère, certes le sketch de Red Skelton, celui de Keenan Wynn et surtout celui de Fanny Brice ne sont pas terribles, mais "Pay the two dollars" avec Victor Moore et Edward Arnold va très loin dans l'absurde.
Parmi les numéros musicaux, on trouve aussi le meilleur et le moyen ; les sketches furent dirigés par George Sidney, Norman Taurog, Robert Lewis ou Roy del Ruth, mais c'est Minnelli qui s'est chargé de la plupart des numéros musicaux, à l'exception du ballet des femmes-chats avec Lucille Ball, de la séquence avec Virginia O'Brien, et du ballet nautique avec Esther Williams, tous réalisés par George Sidney. On retrouve Fred Astaire dans la séquence d'introduction et dans 3 autres tableaux, dont "the Babbit and the Bromide" où il se livre en compagnie de Gene Kelly à un numéro chanté et dansé étourdissant ; c'est la seule et unique fois où ces 2 grandes stars du musical comedy se sont retrouvées face à face dans un film, et rien que pour cette séquence, le film vaut le coup d'être vu. Elle ne dure que 7 mn mais elle est mémorable.
On retiendra aussi un joli numéro chanté de Lena Horne, un autre avec Kathryn Grayson et Cyd Charisse, le tableau de "La Traviata" (Libiamo) qui est un ballet chanté virevoltant, et 2 autres numéros avec Astaire et Lucille Bremer : "Limehouse Blues", poème onirique dans les bas-fonds de Londres reconstitués sur un immense plateau, et "This heart of mine". Par contre, je n'aime guère le numéro avec Judy Garland qui m'a semblé très banal, et le comble c'est qu'elle ne chante même pas alors que Garland était réputée pour sa voix exceptionnelle.
Pour ne pas dépasser les 2h de projection, plusieurs tableaux déja tournés furent coupés au montage et ont même disparu des archives de la MGM, c'est d'autant plus regrettable qu'il y en avait un encore avec Fred Astaire tout vêtu de blanc qui avait assuré lui-même la chorégraphie (certaines photos de plateau sont le seul vestige de cette séquence perdue), et un autre avec Lena Horne qui chantait sur un show-boat. Couleurs, décors, costumes, tout n'est qu'une féerie où l'on est transporté dans un univers enchanté, de paillettes et de rêve comme ce type de cinéma hollywoodien savait en créer. Un grand spectacle baroque et délirant qui est d'un autre temps mais qui témoigne du faste dont Hollywood pouvait faire preuve durant son âge d'or.
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le 25 mai 2024
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