Drôle de film que ce Zombi 3. Bien que signé Lucio Fulci, les coulisses furent le théâtre de péripéties rocambolesque. Affaibli et vieillissant, le célèbre réalisateur transalpin vit très mal le tournage au Philippines sous une chaleur écrasante. Faisant sauter des pages entières du script au jour le jour, il rend à ses producteurs un résultat final d'1h10. Trop court pour une véritable exploitation en salles, ces derniers font appel à Claudio Fragasso en urgence pour sauver ce qui peut l'être. Lui et sa femme s'attellent à la tâche, comblent les lacunes du script en écrivant de nouvelles scènes pour raccorder l'ensemble, et tout cela en une nuit. Une fois sur le plateau il est aidé de son ancien compère Bruno Mattei. Coupables du nanardesque Virus Cannibale quelques années plus tôt, les deux hommes sont désormais fâchés et vont tourner chacun de leur côté les séquences nécessaires pour finaliser le long-métrage.
Difficile aujourd'hui en visionnant le film de déceler clairement la patte de chaque réalisateur. Il serait trop facile d'imputer l'échec général à Fragasso et Mattei au vue de leur filmographie très Z. Le projet est à la base bancal, avec un faible budget, un tournage compliqué et un Fulci déclinant. En plus de ne pas être très inspiré, le scénario pompe allègrement à peu près tous les films de Romero consacrés à la figure zombiesque. On retrouve notamment l'opposition entre militaires et scientifiques du Jour des morts-vivants et l’échappatoire en hélicoptère à la Zombie. Le talent du cinéaste commence à s'estomper malgré quelques fulgurances typiques de son cinéma, tels ces zombies surgissant lentement d'une brume sur fond de musique électronique hypnotique.
Des zombies au comportement schizophrène qui changent de comportement d'une scène à l'autre. Les créatures à la cadence pachydermique d'une scène se transforment en ninja survoltés dans les minutes qui suivent. Ajouté aux délires gores absurdes (mais très drôles) comme cette tête contaminée volante ou ce fœtus anthropophage, l’œuvre complètement tricéphale s'enfonce dans les abysses du bis italien eighties. Bourré de faux raccords, de personnages à côté de la plaque et souffrant d'une réalisation souvent approximative le film passe cependant étonnamment vite. L'ennui ne pointe que très peu le bout de son nez, les péripéties et l'empilement de cadavres ne s'arrêtant pour ainsi dire jamais.
Fulci aurait selon la légende copieusement insulté les deux réalisateurs une fois le film terminé. Ces derniers plaident que leur aîné aurait au contraire validé le résultat final. Comme souvent, la vérité se situe sûrement quelque part entre les deux. Mais lorsque Claudio Fragasso rejoindra ses deux compères dans l'au-delà, gageons qu'autour d'une bonne bière les torts seront partagés.
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