Zombie 108 c’est ce que l’on pourrait appeler un petit bâtard du cinéma. Réalisé par Joe Chein, qui signe ici sa première bobine, on a l’impression de voir un melting-pot de ce qu’on fait d’autres réalisateurs avant, bons ou mauvais. On a évidemment le meilleur avec du zombie moribond rappelant ceux de Romero et Fulci, servis par des maquillages plus que corrects, puis on a de l’actioner avec des séquences de survival musclées rappelant L’armée des morts de Zack Snyder (voire même Predator lorsqu’on voit le bibendum utiliser son minigun), et enfin on a des choses qui viennent se planter dans le décor sans que l’on sache trop pourquoi. Luc Besson a laissé trainer un de ses ovocytes, Julien Seri ou Gérard Pirès, du coup on a deux américains qui font du tumbling façon Yamakazis, soutenus par une sous-trame sortie de nulle-part, avec un Min-sik Choi like se la jouant J’ai rencontré le diable, kidnappant des femmes, les violant, et les tuant (les scènes sont d’ailleurs aussi crues que dans le film sus-nommé).
Un mix curieux qui rend la bobine un peu bancale, tant elle mélange des influences qui peuvent plaire autant qu’elles peuvent être intolérables, la transformation d’un des protagonistes en sorte de Titan de Resident Evil (ou Boomer, pour ceux qui se la donnent en multi avec le jeu-vidéo Left 4 Dead), amenée sans explications, enfonçant davantage cette impression.
Zombie 108 a néanmoins de grosses qualités, car avec un budget rachitique de 80.000 euros il arrive à être visuellement correct, que ça soit du côté de la régie que des effets-spéciaux. Les maquillages sont efficaces (quoique parfois un peu inégaux), le gore est plutôt bien rendu avec quelques close-ups très détaillés. On reprochera cependant un découpage un peu anarchique des scènes de kung-fu, souvent coupées au moment de l’impact pour l’afficher sous un autre angle, qui lui parait être issu d’une autre prise, gâchant le plaisir que l’on peut ressentir lorsque l’on voit un agent du Swat taper mano a mano sur la gueule de zombies.
Finalement ce petit film d’horreur indépendant réussit à compiler à peu près tout ce que l’on aime, mais donne aussi l’impression de voir deux saisons de The Walking Dead réduites à 90 minutes, rendant la chose non pas incompréhensible, mais remplie de sous-trames qui se multiplient plus vite que l’épidémie elle-même (on a même un japonais en vacances qui se révèle être un serial-killer, 15 minutes avant la fin de la bobine !).
L’humour n’est pas non plus laissé de côté, et tourne essentiellement autour du chef de gang, qui pèse au bas mot 160 kg, et passe le gros du film à engueuler tout le monde, dont évidemment les membres du Swat qui étaient venus évacuer la population, mais qui se sont retrouvés forcés de faire équipe avec lui et ses subalternes.
Zombie 108 marque un bel effort d’un réalisateur débutant (et jeune, le bonhomme étant tout juste majeur !), et surtout un joyeux défouloire du cinéma bis, pour peu que l’on fasse abstraction de son écriture totalement folle et son montage parfois amateur. Il n’en reste pas moins que Zombie 108 se classe parmi les projets les plus intéressants du genre, et il serait dommage de passer à côté (surtout si l’on aime les morts-vivants, les mecs burnés, les jolies pépés, et les décors jonchés de posters de Nirvana et AC/DC).