Zombie - le crépuscule en marche

Un classique dans le genre du film de zombie - qui ne connait pas Romero ?- que j'ai découvert et que j'ai trouvé très intéressant. En effet le cinéma d'horreur a bien changé de 1978 à 2021 et les effets gores sont d'une naïveté absolue ici en comparaison à ce que nous faisons de nos jours. Les zombies sont calmes, leur maquillage est bien lisse, les intestins dévorés brillent de propreté et la chair arrachée est clairement de la pâte à modeler. Difficile de croire que Zombie ait pu alors être censuré à sa sortie en France.

Cette naïveté est néanmoins touchante, et même rafraichissante car elle laisse la place à une réflexion intelligente sur notre société, élément qui peut contraster là aussi avec beaucoup de films actuels bien plus dirigés par un souci économique. Une critique acerbe de la société de consommation tout d'abord, une grande partie du film se déroulant dans un centre commercial. Nos quatre héros élisent domicile dans ce centre et font tout pour se créer un quotidien et donner du sens à leur vie, allant jusqu'à consommer encore et encore dans les boutiques et même prendre l'argent des caisses car "cela peut être utile". Ce propos montre bien toute l'absurdité de cette société où même en pleine apocalypse, alors que tout est perdu, que le monde nous rend littéralement zombie, le seul moyen de trouver du sens à sa vie est en consommant et en s'enrichissant. Le serpent qui se mord la queue.

Un autre thème est aussi étudié dans ce film, celui de l'émancipation de la femme. Sur les 4 protagonistes, un seul est une femme. Quelle frustration de découvrir que pendant la première moitié du film, celle-ci est la seule à n'avoir aucune arme tandis que ses amis prennent un malin plaisir à tirer sur tout ce qui bouge ! Celle-ci ne peut alors que regarder passivement ce qui se passe, et faire son possible pour sauver sa vie alors qu'elle manque de se faire dévorer à plusieurs reprises. Il faudra qu'elle se fasse sauver une énième fois pour qu'elle ait enfin la possibilité de demander une arme. Finalement - attention spoil - cette demoiselle en détresse fait partie des survivants avec son ami afro-américain. Le film fait le choix de sauver la vie à deux représentants de minorités ethniques et sexuelles, ce qui est novateur pour l'époque et montre un certain changement de mentalités.