Croulant sous les récompenses lors de festivals, Zombie Lover se présentait comme un film d'horreur comique de qualité, et l'on attendait avec impatience sa sortie en France. Mais est-ce que le produit qui nous est proposé correspond bien à sa jaquette ?
Patrick (Eric Lehning) et Carol (Cody DeVos) sont deux frères jumeaux venant juste de terminer leurs études universitaires. Ils vivent dans une petite ville américaine de banlieue avec leur jeune frère Beetle (Brett Miller). Un jour, la belle Wendy (Shellie Marie Shartzer), une amie de l'université, disparaît. Un moment difficile pour les deux jumeaux, secrètement amoureux de la jeune femme. En se baladant dans les bois, les frères vont tomber sur le cadavre de Wendy. Un cadavre, mais vivant... Les jumeaux vont alors ramener la jeune femme chez eux et essayer d'en prendre soin en secret.
Sous ses airs de comédie macabre, Zombie Lover n'en est pas une. On a bien quelques traits d'humour par ci par là, mais n'espérez pas des flots de rigolade. Côté horreur, c'est pareil, voire pire, l'oeuvre ne nous offrant même pas un morceau de bidoche. Bancale et ne sachant pas trop sur quel pied danser, le métrage multiplie les genres et oscille constamment entre l'ambiance bon enfant et la morosité, le rendant dur à appréhender, poussant le spectateur à se demander à quoi il doit s'attendre. C'est d'ailleurs cette hésitation qui rendra la première heure quelque peu laborieuse, avant de prendre enfin son envol lors de la deuxième. La faute en revient principalement au distributeur, qui use d'un titre aux thèmes racoleurs (mort-vivant, nécrophilie) pour nous livrer un produit à 100 lieues de nos attentes. Certes cette morte-vivante tient lieu d'élément déclencheur, mais Zombie Lover est en réalité une histoire compliquée entre deux frères jumeaux qui se déchirent, lors d'un été décisif qui signera leur passage à l'âge adulte. Nous sommes donc très loin de Zombie Honeymoon comme on aurait pu le penser de prime abord.
Visuellement les Deagol Brothers (les réalisateurs, qui ne sont d'ailleurs pas frères, étant en réalité Andy Duensing et Christopher Doyle) nous restituent parfaitement ce climat maussade, en particulier durant les scènes de jour, regorgeant de plans biens trouvés et de jeux de lumières charmeurs. On regrettera simplement que les plans de nuit soit moins maîtrisés, ayant recours à des spots pour créer des obscurités illuminées.
La bande-son, superbe, signée par The Non-Commissioned Officers, rappelant les films de Sofia Coppola, colle parfaitement au genre, et amplifie ce climat particulier, surtout lors de ses dernières minutes.
Bref, Zombie Lover est une oeuvre à demi-réussie, ayant de bonnes idées, mais décevant le spectateur qui se demande au final quel est le genre de film qu'il vient de voir. Un manque de rigueur, un manque d'audace, mais malgré tout une histoire présentant un minimum d'intérêt pour sa seconde partie, et surtout son final, et finalement trop originale et atypique pour que l'on puisse la bouder.
On s'étonnera aussi de voir que ce sera finalement la romance entre Carol et Addy (Leah High) qui sera au centre de l'oeuvre, le couple funèbre Patrick et Wendy étant relégué au second plan, s'éloignant encore plus du titre du film (bien qu'il ne soit certes pas le même en VO).
A noter également qu'il sera bien plus appréciable à visionner en version originale, le doublage français étant bâclé, et le petit Beetle, qui sert de narrateur, ayant une voix donnant envie de se mutiler les organes auditifs.
Pour conclure, les amateurs de films comico-horrifiques ne seront pas à la bonne, se sentant floués sur la marchandise. Les autres pourraient trouver intéressant le moyen détourné qui est employé pour pouvoir proposer quelque chose de différent.
Mention spéciale pour la bande-originale, véritable valeur ajoutée, d'ailleurs les réalisateurs l'ont compris, puisque si vous commandez le film sur leur site, vous aurez le droit à une superbe édition DVD/Bluray avec le vinyle. A vous de voir si vous préférez l'édition hideuse et limitée (en terme de bonus, pas d'exemplaires) signée Emylia, contenant toutefois DVD+Bluray+Copie digitale ou celle en vente ici http://www.makeoutwithviolence.com/index.html