Zoo
6.5
Zoo

Film de Antonio Tublen (2018)

L’amour est plus fort que tout ?

Du film de zombie façon huis clos dans un appartement, je vous en ai déjà parlé à deux reprises. La première fois, c’était avec l’étonnant film français La Nuit a Dévoré le Monde (2018) qui, bien qu’imparfait, nous prouvait qu’on pouvait faire du cinéma de genre en France. La deuxième fois, c’était plus récemment, avec le film coréen #Alive (2020) dans lequel un jeune geek se retrouvait tout seul chez lui pendant qu’une épidémie zombie sévissait à l’extérieur. Le cinéma nordique a également abordé cette thématique en 2018 avec le film Zoo dont nous allons parler aujourd’hui. Primé dans plusieurs festivals, Zoo va nous conter comment un couple qui ne va pas bien, qui n’arrive plus à communiquer, va arriver à sortir la tête de l’eau lorsque, par la force des choses, ils vont devoir lutter pour leur survie dans leur appartement, se redécouvrir, parfois même se découvrir tout court. Au final, Zoo est un film à la fois drôle et poignant.


Déjà auréolé dans divers festivals (BIFFF, Shanghai International Film Festival, …) pour ses films précédents, Antonio Tublen signe avec Zoo, son quatrième film, une bobine qui en surprendra plus d’un. Tourné en anglais (pour l’exploitation internationale ?), il nous présente un film très minimaliste, avec très peu de personnages et un seul et unique lieu : un appartement. Le point de départ est très simple. John, instituteur, et Karen, policière, ne s’entendent plus … ne se comprennent plus. Karen semble décidée à partir alors que John, lui, subit cette situation, plus fataliste, se demandant comment l’amour fou des débuts a pu en arriver là. Derrière ce malaise latent se cache un drame, la perte d’un enfant et l’incapacité de Karen d’en avoir un nouveau. Mais alors que tout va au plus mal, un évènement va les forcer à rester ensemble. Le pays semble en effet sombrer dans le chaos total lorsqu’un virus transformant les gens en morts vivants se propage à grande vitesse. Pas le choix pour Karen et John, ils vont devoir se supporter encore quelques temps, cloitrés dans leur appartement. On va voir comment leurs journées s’organisent, comment ils arrivent à cohabiter, comment ils se préparent à toute éventualité. Puis comment dans ce désespoir ambiant ils arrivent à se reconstruire, ensemble, parce qu’ils n’ont guère le choix. Ou peut-être parce que c’est ce qu’ils voulaient au fond d’eux et qu’il leur manquait un élément déclencheur. Et les zombies dans tout ça ? On s’en fout des zombies, ils ne sont pas importants. Ils ne sont qu’un prétexte à ce huis clos dans un appartement. Ils sont en toile de fond. Une toile de fond lointaine. On les voit au final, en tout et pour tout, à peine une ou deux minutes. Zoo questionne sur plusieurs choses. Comment nous réagirions nous en cas de danger similaire ? Ou encore le changement de comportement des gens quand il est question de vie ou de mort. La psychologie d’un couple en temps de crise (dans tous les sens du terme). Mais avant toutes choses, le réalisateur Antonio Tublen veut nous raconter une histoire d’amour. Et il y parvient fort bien.


Zoo pourrait être défini comme une comédie romantique dramatique horrifique. Le film va passer par différentes atmosphères, différentes émotions. La première heure sera plus sur le ton de la comédie caustique et cynique, avec une ambiance à la fois légère et grave, parfois même angoissante. Zoo n’évite pas certaines facilités comme ce héros masculin, d’abord faible, et qui va s’affirmer au fur et à mesure que l’histoire se met en place, en transgressant tous ses principes. Il y a une fois de plus le coup du couple détruit à cause de la perte d’un enfant (une fausse couche à priori). Mais pourtant, ça marche car la démarche du réalisateur semble très sincère et s’avère rapidement touchante. C’est également dû à l’excellent casting, aussi bien Zoë Tapper (les séries Mr Selfridge ou Survivors) que Ed Speleers (Alice de l’autre côté du Miroir, la série Downton Abbey). Leur jeu de regards est extrêmement complice, et ils arrivent très bien à faire ressentir les moments de gênes. L’humour est finement distillé, un peu à la manière des comédies noires anglaises, et on rigole sincèrement de situations qui en temps normal seraient extrêmement gênantes, mais tout en gardant cette ambiance très anxiogène de confinement forcé. Puis vient la dernière demi-heure, plus tragique, plus prévisible également. Mais pourtant, on veut quand même voir comment tout cela va se finir car on arrive à croire à cette histoire d’amour. Le réalisateur arrive vraiment à faire ressentir cette sensation d’être en cage, comme dans un zoo (d’où le titre), que ce soit par rapport au huis clos qui reste constamment dans l’appartement (même lorsqu’ils en sortent, on ne nous le monte pas), où tout simplement cette routine de la vie dans laquelle les deux protagonistes ont fini par s’enfermer. Bien entendu, Zoo n’est pas parfait, le film n’exploite par exemple pas toujours bien ses idées. Son rythme lent pourra d’ailleurs en rebuter certains, bien que le film ne soit jamais ennuyeux. Mais avec sa mise en scène soignée, Zoo est un très beau film sur l’amour.


Zoo est une comédie romantique qui se démarque des romcom habituelles en évitant de tomber dans la niaiserie de bas étage. En prenant l’amateur de zombies à contrepied, le film nous surprend d’autant plus, dans le bon sens du terme. A découvrir !


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
7
Écrit par

Créée

le 19 janv. 2021

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