Il y avait bien longtemps qu'un film d'animation Disney ne m'avait autant intrigué, les retours étonnamment positifs propulsant ma curiosité dans la stratosphère. Au point de me pousser jusque dans les salles obscures ? Faut peut-être pas pousser, surtout si c'est pour se payer une ribambelle de dégénérés courts sur pattes. C'est donc quelques mois après sa sortie, bien au chaud devant mon écran, que je découvre ce fameux Zootopia.
Conscients du potentiel un brin niaiseux de leur point de départ (désormais, les proies comme les prédateurs vivent heureux main dans la main au coeur d'une mégalopole animale), les réalisateurs Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush, sans oublier l'apport de Phil Johnston, Josie Trinidad, Jim Reardon et de Jennifer Lee à l'écriture, dynamitent heureusement le récit de l'intérieur, l'égratignent volontairement pour mieux faire surgir les failles d'un système bien trop propre pour être vrai.
Ainsi, sous ses aires d'utopie adorable où tout est possible, Zootopia cache en son sein toute la paranoïa, la corruption et les inégalités d'une société digne de ce nom, miroir à peine déformé de notre époque faite d'insécurité, de sectarisme, d'abus de pouvoir et de délit de sale gueule. Derrière ses atours de gros bonbon acidulé, le Disney nouveau est donc une fable assez pertinente sur le droit à la différence, sur l'importance de ne pas juger un livre à sa couverture.
D'autant que ses auteurs évitent adroitement de tomber tête la première dans la bonne morale et l'avalanche de sentiments faciles, préférant taper davantage dans le buddy-movie et le film noir que dans la comédie musicale hystérique, si l'on excepte ce final dégoulinant où le spectateur adulte devra encore une fois se manger un insupportable clip fadasse où tous les personnages bougent leur boule sur de la diarrhée auditive.
Pas cher payé pour un divertissement fort agréable, aussi drôle qu'attachant, loin d'être con et bénéficiant à la fois d'une facture technique irréprochable et d'un casting vocal aux petits oignons. Vu le succès colossale de la chose, il est déjà à parier qu'une suite pointera le bout de son groin dans peu de temps. Curieux je suis.