Retour au foyer
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En vingt-quatre signes alphabétiques et autant de secondes réitérées jusqu'à atteindre un fascinant mantra programmatique Zorns Lemma s'impose comme une référence majeure du cinéma structurel, objet de pure stimulation cérébrale réinventant les sens de l'image et des éléments verbo-linguistiques. Une heure d'extase au coeur de laquelle tout n'est que pur ludisme et recherche progressive, métrage escamotant pas à pas les lettres de l'alphabet latin pour mieux les remplacer, segment après segment, par une image censée illustrer le signe originel ; l'abécédaire visuel proposé par Hollis Frampton devient très vite passionnant dans son ampleur tentaculaire, jouant de ses juxtapositions et de la somme de ses parties avec une inventivité résolument salutaire. C'est en tout point remarquable.
A l'instar de Michael Snow et de son futur Rameau's Nephew by Diderot Hollis Frampton explore les possibilités sémiologiques du montage et des images concernées, suggérant l'union inévitable entre le signifié et le signifiant, le contenu et le contenant. Succession métronomique de vues présentant panneaux, enseignes ou autres graffitis Zorns Lemma décortique les mots et leur signification plurielle, tout en explorant la notion de durée avec une extraordinaire efficacité.
Le mathématisme du découpage - permettant d'une part de retranscrire la boucle alphabétique et, d'autre part, de présenter un certain nombre d'action de leur commencement à leur fin - évoque les problématiques bergsoniennes : impraticabilité du langage et pouvoir de l'indicible doublés d'une maturation de la durée. En montrant le temps nécessaire pour éplucher puis manger une clémentine, celui qu'il faut pour hacher menue de la viande dans le système rotatif d'une moulinette ou le temps de cuisson idoine d'un oeuf au plat Hollis Frampton travaille avec brillance sur la complexité du temps et sa structure : son Zorns Lemma est un manifeste de tout premier choix cinématographique, un véritable chef d'oeuvre de l'avant-garde expérimentale. A voir et à revoir inlassablement.
Créée
le 11 oct. 2020
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