Future Noir : Hello Night City

Tiré d'un jeu de rôle papier des années 80 (Cyberpunk 2020) le dernier jeu vidéo de CD Projekt a soufflé le chaud et le froid à travers une campagne promotionnelle promettant monts et merveilles au joueur, ouai je connais on me l'a fait plus trop à 40 piges avec plus de 25 ans de gaming consoles/PC et c'est sans trop de surprises que j'ai vu le studio se prendre les pieds dans le tapis médiatique à la sortie calée sur les fêtes de fin d'année 2020. Sur PC c'était une sortie "normale" au sens que tout RPG a ses soucis les premiers temps. Sur consoles les polonais se sont quand même bien fichus du monde tant c'était techniquement à la ramasse et pas du tout adapté pour des PS4/Xbox One aux processeurs faiblards. En novembre 2021 les versions optimisées PS5/Xbox Series se font toujours attendre.
Le retour de bâton a été violent et justifiée même si au final le jeu a eu un succès commercial indiscutable.

Ayant joué à The Witcher III quelques mois après sa sortie sur PC je savais qu'il y aurait de la finition à faire avant que le jeu soit acceptable car déjà à l'époque j'avais rencontré des bugs assez importants (genre un PNJ disparu censé donner la suite de l'aventure principale, un peu gênant...). J'avais même envoyé un rapport de bug en bonne et dû forme.
Un studio comme CD Projekt a ses habitudes de conception comme toute boîte, il était prévisible que C2077 suive la même méthode de développement, sauf que les dirigeants du studio étaient plus enclins à mettre du charbon dans le train de la hype alors que des wagons de développeurs avertissaient en interne des soucis bien avant la sortie. La réponse : "ça va passer on a fait Witcher III" (authentique!), ouai c'est passé... avec pertes et fracas.
Maintenant ça fait presque un an que le jeu est sorti, l'essentiel des soucis ont été réglés (du moins sur PC) mais il subsiste ici et là des soucis de finition et à mon avis de conception de base qui ne seront jamais vraiment résolus (la physique des véhicules notamment, vraiment à l'ouest).
Mais dans tout ça il existe un jeu vidéo riche aux multiples aspects, les plus fameux étant l'esthétique et la narration vraiment soignées et totalement dans son sujet.

J'ai joué en cloud gaming sur le service geforce now avec des réglages encore inédits sur consoles au moment où j'écris ces lignes, le ray-tracing par exemple rajoute vraiment un plus vu tous les effets de lumières présents dans cette ville déliquescente qui n'est pas sans rappeler les références que sont Blade Runner mais aussi la BD Transmetropolitan (que je conseille de lire au moins une fois).
Je ne les ai pas toutes comptés tellement il y en a mais on peut rajouter pêle-même les romans Neuromancien, Snow-crash mais aussi les films Matrix, Ghost in the Shell etc... Les habitués du genre (dont je fais partie) sont en terrain connu.
Si en plus on rajoute Keanu Reeves qui, bien malin, a tout à fait conscience de son image dans le genre il faut bien reconnaître que le menu proposé est très plaisant.
Son personnage de Johnny Silverhand, rockeur-terroriste notoire, est présent la majeure partie de l'histoire, il est dans le fil rouge du scénario principal mais aussi dans quelques quêtes annexes et il n'est pas toujours très bien accepté par V, notre personnage principal. La coloc d'egos c'est pas évident.
Comme dans toute oeuvre cyberpunk les corporations ont un pouvoir insolent, Arasaka en est la principale de Night City et

Au-delà du fil rouge il y a une multitudes de quêtes secondaires plus ou moins intéressantes, je conseille de faire celles liés aux personnages parce qu'elles révèlent une partie importante du background et influence les relations entre eux. On rencontre parfois des surprises au hasard des ballades dans la ville alors ne pas hésiter à s'y perdre pour s'imprégner de l'univers du jeu surtout que l'immersion est très réussie.
Les missions du NCPD (les flics) ou des employeurs divers peuvent être intéressantes mais sont le plus souvent prétextes à faire de l'XP et du loot (oui on reste dans un RPG malgré ce qu'en disent certains). Loot souvent très abondant où il est nécessaire de faire parfois du tri.
Les compétences choisis ont également leur importance, mon personnage était un nomade assez bourrin (ça va avec la faction) adepte des bonnes pétoires mais on peut aussi bien faire un(e) corpo discrète et adroit(e) en piratage et élimination furtive ou un gosse des rues porté sur les lames.
Le jeu est assez souple niveau approche.

En conclusion pour le moment (car je n'ai eu qu'une seule fin sur 5 et un seul personnage joué) je trouve que c'est globalement une réussite même si la partie monde ouvert aurait gagné à être moins bordélique et plus ramassée niveau contenu. Le jeu peut se voir comme une sorte de mille-feuille où chacun pioche ce qu'il veut bien essayer. L'aventure principale ne réclamant pas d'avoir parcouru toutes les quêtes annexes il serait cependant dommage de passer à coté de ce qui fait la saveur d'un bon RPG, à savoir un univers riche et foisonnant avec une multitudes d'histoires dans la grande.
Laissez-vous immerger dans Night City et ses quartiers bigarrés ou clinquants, son mélange japonais, chinois, corpo et latino! J'y retournerai sans doute un jour pour en découvrir plus.