Emily is Away premier du nom m'avait laissé sur ma faim, la faute -entre autres- à une durée de vie limitée et des chapitres trop espacés dans le temps qui m'ont maintenu un peu en dehors de l'histoire, malgré un concept déjà prometteur. Ce deuxième opus gomme tous les défauts du premier et offre une expérience que je ne suis pas près d'oublier.
Premier changement majeur, nous discutons désormais avec deux jeunes filles en même temps, de quoi varier les plaisirs et retirer un peu de pression des épaules du joueur. Je ne veux pas reléguer l'une des filles au rang de "plan B", je ne les ai pas perçues de cette façon lors de ma partie, cependant cette configuration m'a rendu confiant quant au fait que tout se passerait bien avec au moins l'une des deux. De plus, les deux premiers chapitres sont en apparence dénués d'enjeux, on fait connaissance avec Emily et Evelyn, on en apprend davantage sur leurs goûts, leurs projets après le lycée, leur expérience amoureuse etc, et on partage les "nôtres" sans trop calculer. Après tout, pourquoi mentir ? Doit-on vraiment s'abaisser à ça pour mettre toutes les chances de notre côté ? Perso ça ne m'a pas traversé l'esprit.
Dès le début du jeu, j'ai eu le sentiment d'avoir deux personnes face à moi, deux ados comme j'en ai connu des dizaines à l'époque où je fréquentais des chats et découvrais MSN. Les dialogues sont très naturels, on retrouve quelques tics de langage assez discrets, des abréviations ou fautes d'orthographe, des private jokes (les "drunk texts" d'Evelyn) et un humour qui manquait à l'épisode précédent. Pouvoir taquiner et faire rire son interlocutrice contribue beaucoup à l'immersion, en tout cas c'est pour moi une part importante de la séduction et des rapports amicaux de manière générale.
On appréciera l'ajout de parodies amusantes de Facebook et Youtube ainsi que d'historiques de chat à consulter via notre vrai navigateur internet. Le jeu fournit également une image à mettre en fond d'écran et offre la possibilité de personnaliser son avatar sur le chat bien sûr, mais aussi son profil, en y affichant les fameuses citations d'oeuvres populaires que l'on avait tous à l'époque. Bref, tout est fait pour nous replonger dans l'adolescence.
Le seul reproche que je peux faire au jeu concerne l'épisode 3, qui installe de la tension de façon brutale et peu crédible, causant inévitablement l'éloignement de l'une des deux filles. J'aurais aimé que ça se déroule différemment, ça sortait un peu de nulle part mais le jeu passe vite à autre chose et nous invite à chérir la relation privilégiée que l'on entretient désormais avec l'autre fille. C'est du moins la situation dans laquelle je me suis trouvé, mais j'ai cru comprendre que les petits malins qui s'amusaient à mentir à l'une ou l'autre des adolescentes récoltaient facilement une mauvaise fin.
Autant des jeux comme Life is Strange ou les Telltale peuvent me rendre manipulateur au point que ça se retourne parfois contre moi, autant je suis resté moi-même devant Emily is Away Too et ce fut payant. C'est embarrassant à admettre mais l'espace de quelques heures, j'ai eu de nouveau 16 ans et ma meilleure amie et moi étions seuls au monde à écouter du rock en évoquant notre prochaine soirée...