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Guilty Gear Xrd Sign constitue le premier opus de la série sur consoles nouvelle génération et opère un changement esthétique radical en passant de la pure 2D à de la 2,5D. Parler en détail de cette...
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le 30 août 2015
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Moi. Hier. 20h30.
"Bon, c'est bien sympa, ce mode story, mais comme il ne s'agit que de lire et de regarder les bonzhommes bouger à l'écran, je vais m'envoyer un ou deux chapitres tous les soirs et en une semaine, hop là, c'est plié".
Moi. Hier. 21h30.
"Bon, allez, encore un petit, et je passe à autre chose".
Moi. Hier. 22h30.
"Au point où j'en suis, je peux bien aller jusqu'au bout".
Moi. Hier. 23h30.
"Au point où j'en suis, je VEUX bien aller jusqu'au bout".
Moi. Ce matin. 0h30.
"OH MY GOD ! OH MY GOD ! OH MY GOD ! EN FAIT ILS VOULAIENT [SPOILER] DEPUIS LE DEBUT ! ET POUR CA ILS ONT [SPOILER] ! OH MAIS NON, PAS POSSIBLE ! [SPOILERS] et [SPOILERS] côte-à-côte ! JE... JE... KYAAAAAAAAAAAAAAA !
<3 <3 <3"
Moi. Ce matin. Une heure du mat'.
"Mes yeux. Mes yeux. Jamais j'arriverais à dormir. Et-je-m'en-fous !".
Ah ça, on m'a entendu râler, pester, jurer, tempêter, comme quoi "l'animation japonaise, c'était mieux avant". On m'a rétorqué que je n'étais pas objectif, que c'était juste la nostalgie qui parlait par ma bouche et à force, j'avoue, j'ai douté, j'ai même failli y croire...
Et puis Guilty Gear Xrd est tombé du ciel, ou pas loin, pour m'annoncer de sa voix de stentor : "there will be no more delay".
Parce qu'autant ne pas tourner davantage autour du pot, aussi ininteractif soit-il, son story mode colle une sévère branlée en mode "instant kill" à cinq ou six ans d'otakisme formaté par des tacherons pour des foules trépanées au Moe.
Oui, ça parle beaucoup, et parfois trop.
Oui, c'est très statique, ce n'est pas une série TV (hélas).
Mais fichtre de fourche, quel style, quelle fougue, quelle claque !
C'est dense, c'est complexe, c'est habile, c'est intelligent, ça rebondit sans cesse en empruntant discrètement à Philip K. Dick (Blade Runner et Siva, excusez du peu), Full Metal Alchemist, Evangelion, Doctor Who et même au premier Patlabor d'Oshii, au point de ne plus avoir à rougir face à un Xenogears qu'il tutoie sans effort.
Et si la galerie de personnages n'évite pas certains clichés propres à la japanimation, à aucun moment, ceux-ci ne sont une entrave ou une faiblesse, au contraire : employés comme ils le sont, ils deviennent de solides atouts - sans compter que le casting est si riche qu'on pardonne aisément que certains visages soient laissés à l'arrière-plan (comment faire autrement ?).
Depuis 1998, que l'intrigue dure, rendez-vous compte. Presque vingt ans qu'elle s'étire, qu'elle s'enrichit à chaque nouvel épisode, se dévoile pièce par pièce, livre son puzzle morceau par morceau pour n'amener, à chaque réponse, que plus de questions passionnantes, relancer sans cesse la machine à coups de cliffhangers habiles et bien pensés. Sans s'essouffler, bien au contraire. Prenant toujours plus d'ampleur, ouvrant toujours plus de perspectives.
Pour preuve : alors que cet épisode, enfin, livre les réponses aux interrogations posées par les opus PS2 (qui m'auront longuement occupé en leur temps), alors qu'il reconstitue le tableau d'une façon explicite à laquelle la licence ne nous a pas habitué, comme annonçant un dénouement, une ultime menace, révélant les vrais antagonistes qui conspiraient dans l'ombre depuis le commencement, il arrive encore à transcender son matériau originel pour rebondir encore, et encore, et encore, et l'étoffer d'autant, sans que jamais cela ne semble artificiel ou trop forcé, comme si tout avait été pensé depuis le premier épisode - ce qui n'est pas un mince exploit scénaristique, Nomura et Nojima en savent quelque chose.
Au-delà, comment ne pas être sensible à l'amour paternel du scénariste pour ses personnages, qui transparaît un peu plus à chaque scène, à chaque confrontation ? !
Quelle générosité, dans la façon dont il les place chacun leur tour sous le feu des projecteurs !
Combien de morceaux de bravoure, aussi, pour contenter les fans, qui crieront comme des midinettes devant certaines réunions contre-nature, ou certaines séquences à couper le souffle.
Le tout, servi par un soundtrack symphonique dans la droite ligne d'un Pirates des Caraïbes, mais catapulté hors de la stratosphère, agrémenté de quelques morceaux rocks survoltés toujours utilisés à bon escient.
On sourit, on vibre, on retient sa p'tite larmichette.
Les révélations pleuvent.
De nouvelles questions se soulèvent.
Et alors qu'on se croit sur le point de tourner une page, à nouveau, on réalise qu'on s'est bien fait avoir et qu'au fond, ce qui précédait n'était qu'un long prologue. Les véritables enjeux sont ailleurs. Les véritables joueurs de cette partie d'échec n'ont pas encore sorti le grand jeu.
Guilty Gear aurait été une série TV qu'elle aurait eu de quoi alimenter plus de cent épisodes sans même se reposer sur les combats, et qu'elle aurait ridiculisé les neuf dixièmes des titres qui sortent actuellement, y compris les grosses machines à buzz comme Kill la Kill ou l'Attaque des Titans.
Et de loin.
Daisuke Ishiwatari, le scénariste, est tellement bon dans ce domaine que c'en est insolent.
Vraiment.
Il maîtrise le propos, les ficelles, l'art et la manière et joue de sa licence comme de sa guitare (si virtuelle soit-elle) : en virtuose.
Oui, absolument, c'est comme ça qu'on écrit.
Oui, absolument, c'est comme ça qu'on construit une intrigue.
Oui, absolument, c'est comme ça qu'on la met en valeur.
N'en déplaise à la clique des wannabees scénaristes adoubés par les partisans de la Dramaturgie, qui ne produiront jamais l'ombre de l'ombre d'un tel travail.
Oublions les Tetsuya Nomura (toujours lui) et les Hideo Kojima, ou fauchons-les de leur piédestal pas-toujours-très-mérité. Ishiwatari les surclasse, sans la prétention.
Y'a-t-il quelque chose qu'il ne sache pas faire, d'ailleurs ?
Il compose ses soundtracks avec un sens du riff vertigineux, écrit avec une précision d'orfèvre, scénarise à la perfection, dessine comme un dieu (les personnages, c'est lui aussi), va jusqu'à doubler son protagoniste, met en scène, gère les storyboards, crée les mécaniques du jeu, et parvient aujourd'hui encore à progresser, à placer la barre toujours plus haut, vers l'infini et au-delà.
N'aurait-il pas fondé Arc System Works, aurait-il eu le moyen de laisser ainsi son talent s'exprimer avec une telle pureté, un tel jusqu'au-boutisme ?
Est-ce là le prix qu'il faut payer pour rester un vrai créateur, et produire de la qualité, dans notre monde sclérosé par le prêt à rapporter ?
Mérite-t-il, pareillement, le quasi-anonymat qui l'entoure, alors qu'il représente l'une des figures les plus inspirées et les plus inspirantes de la pop-culture du moment ?
Guilty Gear Xrd est un excellent jeu de combat : nerveux, accessible, technique, addictif, visuellement et musicalement magnifique mais franchement, de vous à moi, j'aurais pu me contenter de ce mode story et ne pas me sentir volé.
Tant pis si je n'ai pas touché la manette pendant quatre heures.
Je n'ai qu'une hâte : pouvoir investir dans le prochain opus, pour reprendre le fil de l'intrigue où il s'est brisé net.
Une fois de plus, sur une victoire qui n'en était pas une.
Tant pis si mon ordi ne parvient pas à faire tourner le jeu : une fois encore, j'en suis certain, l'histoire suffira amplement.
Heaven or Hell... Let's Rock !
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Créée
le 9 janv. 2016
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