C'était il y a 3 ans. Suite à une discussion sur les jeux hyper réputés auquel on a pas touché moi et ma copine on achète Okami sur Wii sur un site de vente en ligne. Elle y joue un peu, j'y joue un peu, mais je me dis que j'attendrais qu'elle le finisse pour m'y atteler, histoire qu'on ne se spoile pas l'un et l'autre.
Sauf qu'elle arrêta le jeu "temporairement" et n'y toucha plus pendant des mois qui se transformèrent en année. D'où une vanne à chaque fois que celle-ci me disait qu'elle souhaitait qu'on s'achète Breath of the Wild : "ouais, si c'est comme pour Okami, pas la peine de dépenser 60 balles." Mais au moins, ça lui aura permis de prendre le taureau par les cornes et de le finir "péniblement" au bout de 47 heures, puis moi au bout de 55 heures.
Okami a l'aura de ce jeu culte auquel tout les amateurs de jeu d'aventure a entendu parler mais que personne n'a jamais vraiment fait, au point de plonger son studio à la faillite (bon, une grosse partie de son effectif est partie vers Platinum Games.) Et à vrai dire, même en y jouant sur Wii, le jeu reste encore très beau : le côté estampe de son univers, les différentes cinématiques, le framerate : tout y fonctionne encore et ne parait pas ni vieillot ni laid. C'est d'autant plus génial qu'ils avaient eu un temps pour projet de faire quelque chose de bien moins cell-shaddé et de plus "réaliste" et que le résultat aurait vraiment été moins grandiose.
Les problèmes du jeu
Après, reste le motion gaming balbutiant. Alors, oui, Okami est un jeu qui trouve tout son intérêt dans le fait qu'on puisse tracer des dessins avec la wiimote et c'est chouette parce qu'on a tout le temps de le faire et d'arrêter le temps. Mais celui-ci y est encore super balbutiant et certaines actionq comme "tracer une ligne" "faire un cercle" "faire le vent" seront méga galère. Rien n'est plus frustrant de recommencer sept fois le même mouvement et d'avoir l'impression que la Wii ne comprend pas ce que l'on essaye de faire. C'est d'autant pire dans les niveaux où il faut creuser le sol et où le jeu chronomètre aussi les moments où l'on fait des tracés. Et je ne vous parle pas des missions où il faut pousser une boule.
A vrai dire, à la fin du jeu il y avait des techniques que j'avais purement abandonnées : comme celle consistant à faire le signe de l'infini afin de dégager une pluie de feu. D'autres au final on été rendu plus facile non pas parce que la machine comprenait mes gestes, mais parce que j'avais réussi à comprendre quel geste précis elle attendait de moi. Autant dire que j'ai mis des heures à comprendre comment tracer un trait droit.
Idem avec certains coup spéciaux : j'ai mis du temps à comprendre comment utiliser l'épée d'Amateratsu de manière efficace... mais une fois que j'ai compris quel type de mouvement il fallait faire avec le poignet (le jeu ne vous aidant pas plus qu'en vous indiquant qu'il faut "balancer la télécommande Wii") les combats sont devenus vraiment facile et rien ne fut plus satisfaisant que d'éclater les mobs en littéralement trois revers de la main.
Autre difficulté : le jeu n'est parfois pas très clair sur ce que l'on doit faire pour débloquer telle ou telle situations. Ça m'est arrivé de tourner en rond dans un village ou de faire des aller retour de tel à tel lieu avant de comprendre à quel endroit précisement il fallait que la situation se débloque. Idem pour des trucs impossible à deviner sur lequel le jeu ne nous aide à aucun moment. Bon, ça n'est arrivé que 5 ou 6 fois sur 50 heures de jeu, ce qui reste accessoire. Ha.... et à un moment j'ai eu le droit à un glitch (assez connu) sur UN ennemi précis qui m'a forcé à abandonner ma partie et à tout repartir de zero.
La formule Zelda revisitée
Du reste, Okami c'est excellent. C'est surtout une relecture de la formule des Zelda par Capcom. (Ou plutôt le regretté Clover Studio, ex-filiale de Capcom) et c'est une influence, voire un hommage totalement revendiqué. On avance dans une aire de jeu (une région du Nippon) sur laquelle on devra faire différentes missions nous demandant d'explorer plusieures sous-région. Durant ces quêtes on débloque de nouvelles capacité pour Amateratsu, ça se finit par un boss, puis cutscène sur la résolution et ouverture d'une nouvelle région. Etc... etc... Ici avec même une séparation en plusieurs actes pour marquer le coup.
Pour le coup, cela reprend la formule aussi bien dans l'obtention de pouvoirs, d'objets, dans la grande variété des collectibles, dans la création de mini-jeux (dont un mini-jeux de pêche) et dans la recherche d'items cachés. Et évidemment le dernier palais nous demandera de réutiliser tous les pouvoirs que l'on a acquis. Sauf que Capcom oblige, avant celui-ci il faudra se refaire les boss du jeu, histoire de montrer au joueur à quel point il est vachement plus balaise que 20 heures plus tôt.
Ceci dit, Okami est assez généreux et vous laisse tout loisir de vous améliorer de différentes manières. Ainsi ma copine a fini le jeu au bout de 47 heures, sur les rotules en ayant épuisé toute sa réserve de d'os (l'équivalant des potions de vies) et de parchemin en lâchant un "purée il était compliqué." Tandis que moi, qui avait fait pris plus de temps pour finir quelques quêtes secondaires et acquérir des objets permettant de booster aussi bien la vie que des techniques d'épéiste, ainsi qu'un item faisant en sorte que les pots d'encre de chine (l'équivalant du mana) se vident deux fois moins vite j'ai littéralement roulé sur le boss, et aurait utilisé qu'une maigre portions de mon immense stock d'os. Certes, j'ai fini le jeu en 55 heures, mais au moins, j'étais à l'aise.
Après, la grosse différence avec Zelda c'est aussi son univers. Fini l'univers d'héroic fantasy, voici un univers basé sur les différents compte et les mythologies du japon. Là encore le qualificatif de "généreux" fait sens vu qu'on va avoir droit à différents personnages issues de mythologies, de contes et de légendes complètement éparse : tout d'abord le shintoisme (et notamment la déesse Amateratsu, son frère Susano et différents ennemis comme Orochi le serpent à huit tête, kyubi le renard à neuf queues, etc...) mais aussi d'autres contes et légendes comme celui de la princesse kaguya ou celui sur le 13eme signe du zodiaque ainsi que le design des ennemis basés sur les Yokai.
C'est hyper bien construit avec un côté "japon de carte postale" (on doit faire fleurir des cerisiers, y a rien de plus japonais) tout en alignant des côtés incongrus et humoristique (Kaguya repartant sur sa planète dans une fusée construite en bambou) et un grand nombre de personnages et de missions. Après certains personnages ne sont pas futés, le personnage de Susano et son côté "matamore" (le personnage fainéant qui fait croire qu'il est un héros) est gonflant, mais celui-ci disparait à mi-chemin du jeu. (Ouf.)
Mais le pire ça reste Issun.
Ayant fait de nombreux Zelda, je connais le clichés de la fée agaçante, qui vous donne des conseils énervants, insiste pour vous remettre à votre place lorsque vous foirez un truc, vous force à aller à tel ou tel lieux. Mais ici, pire, Issun, le petit personnage situé dans vos poils, parle à notre place, tenant un discours condescendant, se gourrant la moitié du temps et le pire... c'est un gros forceur avec les filles. Il passe son temps à appeler les femmes "ma beauté" à leur donner un petit surnom alors qu'il les connait à peine, voire à souligner le fait que l'une d'entre elle à une énorme poitrine tout les trois lignes de dialogues. (Le tout appuyé par une forme de mâle gaze dans le jeu, parce qu'une fois qu'on est parti dans le fanservice...) Bravo Issun, tu vient de détroner Navy dans la liste des "fées reloues" alors que tu n'est techniquement pas une fée
Après, pour une raison que j'ignore les crédits de fin ont été supprimé ce qui laisse le jeu d'un seul coup sur notre faim. Et surtout ça a totalement déplu à Hideaki Kamiya qui estime (à raison) que le générique fait partie de l'histoire.
Bon sur la longueur
Au coeur du jeu je m'étais dit que j'allais mettre 6 ou 7 à Okami pour ses quelques défauts, mais plus j'y ai joué, plus j'ai maitrisé la façon dont on se battait et plus je le trouve génial autant pour son univers que pour sa courbe de progression très réussie au final.
Et surtout pour sa générosité : si j'avais voulu j'aurais pu passer une dizaine d'heures supplémentaire à débloquer d'autres item à récolter que ce soit les perles cachées, les animaux à nourrir, les techniques de puissance à améliorer ainsi que d'autres quêtes secondaires (j'ai jamais su pourquoi un arbre en ville ne pouvait pas fleurir par exemple.) Et contrairement à des jeux open-world à la longévité artificielle, ces quêtes n'étaient pas ennuyante à faire (le jeu de pêche pouvait l'être, j'ai laissé tombé celui demandant de pêcher un énorme poisson) c'est juste que... j'ai Breath of the Wild a faire.
Ce jeu a une bonne raison d'être culte. Je conseille, surtout que la version HD a surement corrigé pas mal de bugs bien relous et a dû équilibrer certaines mini-quêtes.
PS : la traduction Wii est pas ouf. Issun qualifiant Amateratsu au masculin une fois sur deux. Rien que ça, ça en dit long sur le manque de professionnalisme.