Oozi is born

Quand on s'aventure sur le XBLIG, un premier mot envahit notre esprit : BORDÉLIQUE. Comme le XBLA, mais en 10 fois pire. Difficile dans de telles conditions de distinguer le grain de l'ivraie, la serviette du torchon, le sage qui regarde la Lune de l'idiot qui fixe le doigt. Et malgré la bonne idée de Microsoft d'imposer un temps d'essai de près de 10 minutes (idée qui à mon avis devrait s'étendre à tous les jeux depuis la disparition progressive des demos), le défaitisme nous gagne rapidement lorsqu'on doit faire le tri entre les rares jeux ayant un réel intérêt et le reste, contenant entre autres choses applications douteuses, clones inutiles de succès passés et softs misant sur la (les) forme(s) pour attirer le chaland…

Certains jeux sont pourtant très bons. En restant dans le domaine de la plateforme, je peux vous conseiller l'excellent Urban Space Squirrels, Akane the Kunoichi (malgré sa jaquette bôf-beauf) ou les parodiques DLC Quest. Ou le jeu qui nous intéresse ici, Oozi – Earth Adventure, de Awesome Games Studio. Un développeur malin à plus d'un titre : il a découpé son jeu en quatre chapitres, pouvant parfaitement être joués indépendamment les uns des autres. Ils sont de plus vendus 1€ (80 MSP), donc forcément plus sujets à l'achat compulsif, qu'un jeu "entier" à 5€. Donc, au final, un joueur non convaincu n'aura investi qu'un petit euro, tandis que le satisfait, lui, aura économisé 1€ pour l'expérience complète…en somme, tout le monde y gagne !! Parlons du jeu maintenant…

S'il y a bien un "reproche" qu'on puisse faire à Oozi – Earth Adventure, c'est son manque d'audace, de prise de risque. Graphisme, bestiaire, gameplay, musique, toutes ses composantes respirent le classicisme absolu, mais néanmoins efficace. Oozi possède une panoplie de mouvements très honnête, qui s'étoffera au fur et à mesure de la progression. En plus de sauter et de pouvoir grimper aux lianes, il peut de base faire un "saut lourd", qui paralyse un court instant un ennemi à proximité, cette manip' servant également à libérer les passages souterrains (là où la terre est meuble). Il acquiert finalement le double-saut au milieu du chapitre 1…

…Mais c'est surtout à partir de l'opus 2 qu'Oozi acquiert toutes ses facultés, correspondant en fait au moment où il récupère sa combinaison spatiale (Oozi étant un Philip J. Fry-like ayant percuté une météorite) : il pourra ainsi rebondir de mur en mur tel ce bon vieil Hayabusa, s'agripper à des crochets pour escalader certaines parois (me demandez pas ce qu'ils foutent là, j'en ai aucune idée), donner un coup de poing (dans un rocher ou sur un ennemi préalablement sonné), ou encore effectuer des actions plus ponctuelles dépendant de son environnement, comme utiliser des bombes ou se cacher dans les enfoncements à la Mark of the Ninja (ou Secret Agent Barbie, mais c'est moins classe comme référence…).

Les environnements justement, sont forts jolis, à défaut d'être originaux. Un thème unique compose chaque chapitre : la jungle dans les épisodes 1&4, les grottes dans l'épisode 2 et le laboratoire dans l'épisode 3. Le level-design s'en tire un peu mieux, proposant son lot de zones secrètes et de passages relativement hardcores. Reste le chara-design… Oozi a plutôt une bonne bouille (de demeuré con-génital), et sera toujours plus classe qu'un Bubsy, un James Pond ou un Mario-hélice. Les ennemis composant le bestiaire ont eux aussi souvent un air assez ahuri plutôt plaisant, et sont souvent exclusifs à leur environnement : on croisera ainsi des escargots, des hérissons, des piranhas, des chauve-souris et des slimes, ou encore des pièges divers comme de la lave, des éboulements, des faisceaux-lasers ou des caméras de surveillance…

Côté contenu, Oozi s'en sort plutôt bien. En prenant en compte les 4 chapitres, on dispose de 20 niveaux + 4 boss, composant le "mode Story". En finissant ce mode dans chaque épisode, on débloque les modes Arcade et Challenge relatifs à celui-ci. Le mode Arcade -qui porte assez mal son nom- est une sorte de Time Trial dans lequel on retraverse les niveaux sous la pression d'un chronomètre… Le mode Challenge quant à lui profite de niveaux dédiés (7 dans le premier chapitre, 11 dans chacun des 3 autres). Dans ce mode, il faut ramasser toutes les étoiles éparpillées aux 4 coins des niveaux, là encore en temps (parfois très) limité. À noter qu'à partir de l'épisode 2, il faut impérativement trouver les 5 étoiles roses dissimulées dans chaque niveau du mode Story pour avoir accès à tous les niveaux du mode Challenge, et certaines sont assez bien cachées…

Finalement, seule l'ambiance sonore pourra laisser un goût amer : les musiques sont à la fois trop discrètes, mais surtout trop simplistes, donnant l'impression de n'être là que parce qu'il faut bien qu'il y ait de la musique, pour faire comme dans 99,9999% des autres jeux du genre… Les bruitages suivent la même tendance : hormis le petit tintement lorsqu'on chope une étoile et le "pof" quand on écrabouille un ennemi, l'ensemble est désespérément silencieux… Dommage !

Pour schématiser, Oozi – Earth Adventure n'invente rien et recycle beaucoup, mais ce qu'il propose, il le fait bien. Oozi n'est pas le plus charismatique des héros, le soft n'est pas spécialement dur (sauf peut-être en hard, qui consiste à traverser les niveaux d'une traite, sans aucun checkpoint), et pourtant… Rares sont les jeux du genre sur le XBLIG à atteindre un aussi bon degré de finition. Si jamais vous ne savez pas trop à quoi jouer entre deux grosses sorties…