Petites voitures mais beaucoup d'amour
Fut une époque, j'achetais tout ce qui était à petit budget, improbable, japonais, ou tout ça à la fois, pour ma petite PS2. J'ai essayé de sacrées bouses (vous trouverez quelques-uns de mes avis dépités ici-même) et illuminé ma vie avec quelques perles (SOS The final escape, We love Katamari, God Hand, vous voyez le genre). Avec Road Trip Adventure, il est possible de le classer dans l'une ou l'autre de ces cases, selon ce que vous voudrez bien voir du jeu.
Derrière Road Trip Adventure, se cachent des petites voitures. En effet, il s'agit de jouets aux formes arrondies sorties des usines de Takara, aujourd'hui Takara Tommy. Dès 1984, les populaires et mignonnes voitures ont droit à leur jeu vidéo, développé par Taito sur MSX. Mais c'est en 1996 que sa déclinaison vidéoludique va redémarrer, et en troisième vitesse. Une vingtaine de jeux, et pas seulement de course, vont sortir jusqu'en 2008, sur toutes ou presque les consoles de ces époque. On connait peu la série par chez nous, et pour cause : tous ne sont pas parvenus jusqu'à nous, et parfois sous des noms complètement différents : Penny Racers, Road Trip ou Gadget Racers.
J'avais entendu parler du jeu avec Penny Racers sur N64, et avais gardé l'image d'un jeu de courses sans grandes ambitions et qui ne se prenait pas au sérieux. Et ça tombe bien, je déteste les jeux de courses trop sérieux. Je m'étais donc dit que j'allais pouvoir enfin tester cette série avec ce jeu, sorti sous le nom de Choro Q HG 2 au Japon en 2002. J'y ai peut-être joué cinq ans après l'avoir acheté, mais, hey, on va pas chipoter.
Je lance donc la console, sans trop savoir à quoi m'attendre. Et là, on m'apprend que le président, qui est une voiture, veut abandonner sa place à celui qui remportera un championnat. Puis on me laisse dans une ville, je peux entrer dans des habitations, parler à des voitures, il y a même des mini-jeux. Si j'arrive à conduire la brique à roulettes qui me sert de voiture. Whoa. On s'arrête et on reprend.
Les premières minutes sont... Étranges. Mais c'est bien cette identité bien particulière qui fait la différence pour ce jeu, que l'on aimera ou pas. Le jeu nous fait voyager de villes en villes, pour remporter de nouvelles coupes et obtenir de la monnaie locale (que l'on nomme au début de la partie, j'étais donc rémunéré en "culs", admirez ma maturité) qui nous permettra d'obtenir de nouvelles pièces. Nouvelles pièces qui vous permettront de rendre votre voiture enfin maniable.
Mais pas seulement, car dans Road Trip Adventure, vous avez non seulement des pièces d'équipement spéciales mais aussi la possibilité de personnaliser votre apparence. Après avoir porté un panneau de publicité qui vous donne de l'argent selon les kilomètres faits, vous ne pourrez être que ravis de découvrir l'hélice, qui vous permettra de rouler plus facilement sous l'eau, par exemple. Le large choix de klaxons différents ne se prend pas au sérieux. Et, parmi les 150 modèles de carrosserie, il est impossible de ne pas trouver son bonheur, du plus sérieux au plus farfelu, que l'on personnalisera avec une nouvelle peinture. Car c'est ainsi que Road Trip Adventure réclame votre amour, en vous permettant de vous impliquer dans son petit monde, de nombreuses façons que je ne pourrais toutes vous détailler.
Même si le jeu guide discrètement vos pas, vous pouvez tout aussi bien, dès le début, aller à la dernière ville. Le monde de Road Trip Adventure est donc open-world, dans des ambitions plus modestes que Test Drive Unlimited, notamment graphiques. Mais, si vous aimez explorer à la recherche d'un petit cadeau laissé là par les développeurs au fin fond de la carte, vous serez ravis. D'autant plus qu'il y a toute une série de quêtes à faire ou de minis-jeux à débloquer, parfois bien farfelus. Ne perdez pas le fil, le jeu est parfois obscur dans ce qu'il vous demande et la carte n'est pas d'un grand secours. Explorer le jeu, c'est donc aller de ville en ville à rechercher les nouvelles surprises que E-Game, le studio de développement, veut bien nous offrir.
Road Trip Adventure se rapproche ainsi très près du jeu d'aventure, dans le sens où il encourage l'exploration, la rencontre avec les autres personnages, ou l'exécution de tâches précises. Malheureusement, il pêche dans sa catégorie principale, le jeu de courses. C'est bien simple, j'avais tellement avancé dans mes quêtes, qu'il ne me restait plus que les courses à faire, et que j'ai bien cru que j'allais m'arrêter là. Mais, ho, je suis quand même devenu président.
Car le jeu ne vous procurera que peu de plaisir à être sur la piste. Les sensations sont rarement présentes avant que les meilleures pièces d'équipement n'arrivent. Dans les courses, l'IA est d'une bêtise rare, et les premières courses ne sont rien d'autres que des files de voitures qui se suivent ou font des coudes pour rester sur la trajectoire que leur demande le jeu. Quelques bugs gênants surviennent fréquemment, comme celui qui vous fait rester un peu trop longtemps dans les airs. J'ai même une fois fini en dehors du décor, mais j'avais abusé d'un objet spécial. Les petites voitures se laissent conduire, mais sans grande prétention, leur boîte de vitesses est ainsi obligatoirement en automatique.
C'est donc le capot face au vent, tourné vers l'aventure qu'il faut aborder Road Trip Adventure. Et on a rarement vu un jeu avec un titre aussi justifié. Sauf que, ami français, la traduction française est calamiteuse. Ce n'est pas trop grave, cela correspond bien à l'image "jeu fauché" du programme. Mais vous ne pourrez tout débloquer à cause d'un stupide bug qui vous empêche de recruter une voiture pour votre ville. Car oui, vous avez une ville à faire vivre. Pour quelqu'un comme moi tombé sous le charme du jeu, cela m'a brisé le coeur de ne pas pouvoir poser le jeu sur son étagère avec la satisfaction de l'avoir complètement essoré.
Jeu de courses pas très palpitant mais à l'univers si accrocheur, Road Trip Adventure a divisé. Jeuxvideo.com lui a décerné un 1/20 peu reluisant, où le testeur avouait n'y avoir joué qu'une heure. Pourtant, sur Metacritic ou Gamerankings, le titre obtient des scores beaucoup plus élevés, grâce à des testeurs qui ont su reconnaître les qualités du jeu. Le wiki de la série lui attribue d'ailleurs une grande place. Pour ma part, malgré ses défauts, malgré son manque de moyens, j'ai passé un excellent moment au bout de mes 1000 kilomètres de conduite, principalement hors-piste, et rarement un jeu "de courses" ne m'avait autant séduit.
Si l'envie vous prenait de vérifier si vous allez adorer ou détester ce jeu, il est ressorti sur le PSN mais se trouve encore à prix ridicule dans les magasins d'occasions ou sur le ouaib'.