Fesses salies
Sally Face est un jeu indépendant assez captivant racontant l'histoire d'une vie tourmentée. Celle d'un jeune homme et de sa bande de copains au cœur d'un immeuble hanté où ils résident tous. Le scénario n'est pas sans me rappeler l'histoire du roman ça de Stephen King dans le sens où vous suivez la vie d'un groupe d'amis de l'adolescence jusqu'à leur vie d'adulte le tout baignant dans un univers horrifique et macabre. Et c'est précisément l'horreur rencontrée à l'adolescence qui va sceller leur amitié à tout jamais. Soudé par des traumatismes passés, ils se retrouvent à l'âge adulte, chacun ayant pris une trajectoire de vie différente (amour, pro, familial, etc.), pour tenter de vaincre définitivement le mal. Sally Face reprend à quelques variations près ce schéma scénaristique pour notre plus grand plaisir puisqu'il va sans dire que le point fort de ce petit jeu est bien entendu à aller chercher de ce côté là. En effet, l'histoire est tour à tour dérangeante et fascinante, on s'attache également beaucoup aux personnages et le dénouement est excellent.
Sur le plan artistique, c'est aussi une belle réussite que ce soit la mise en scène, les graphismes 2D avec un design très particulier, propre au créateur Steve Gabry (je vous laisse regarder des images) ou la bande son assez rock n roll. À vrai dire, j'ai été un peu moins convaincu par le gameplay un peu à l'écart du niveau élevé du reste. En effet, le joueur passe son temps à déambuler dans cet immeuble de cinq étages en se déplaçant latéralement et en ratissant le moindre recoin pour choper des indices ou objets lui permettant d'avancer. Rien de transcendant, on se fait même un peu chier. Heureusement que, encore une fois, l'histoire est extraordinaire. D'autant plus décevant que Sally Face est un jeu difficile. Les énigmes sont retorses, trouver la suite de l'aventure est parfois alambiqué et je ne vous parlerai pas des succès dont leur obtention vous demandera de consulter une soluce sous peine de devoir recommencer quinze fois le jeu. Sally Face est découpé en cinq chapitres vendus séparément, j'imagine, à l'époque de sa sortie (2016) un peu à la manière des productions Telltale dont on osera le léger rapprochement entre gameplay caractéristique des jeux narratifs et stratégie de vente en épisode à la manière d'une série télé.
Côté horreur psychologique, je dois admettre que certains passages sont dérangeants, mais à titre personnel, je n'ai pas trouvé que Sally Face faisait peur au-delà du raisonnable. Ceci est subjectif bien entendu. Le gros point noir du jeu est qu'il n'a pas de traduction française ! Il y a une traduction russe, italienne, chinoise, portugaise et allemande mais pas française. Honteux. Tout simplement. J'ai parcouru ce putain de jeu entièrement en anglais. Et sachez chers lecteurs que je hais cette langue de merde adorée par mes funestes compatriotes. Eh oui, quitte à s'oublier et disparaître comme nous sommes en train de le vivre à vitesse grand V, autant préférer la langue des Américains (trop utile et stylé) et mépriser sa langue maternelle (langue de plouc beauf qui vote Le Pen). Bon, j'admets volontiers que ce ne sont pas mes funestes compatriotes qui sont responsables de l'absence de traduction fr mais vous avez compris l'idée.
En clair, et malgré l'absence de traduction française, Sally Face demeure un excellent titre dont le scénario ne laissera que peu de monde indifférent. Reprenant l'ossature romanesque d'un génie de l'horreur américain, Stephen King, Sally Face s'assure de faire vivre une expérience à ses utilisateurs. Horreur psychologique, gore, énigmes corsées, histoire d'amitié et d'amour, drame humain, bienvenue dans l'histoire sombre du monde de Sally, le voyage durera dix heures. Je recommande.
Créée
le 21 mai 2022
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