You crack me up, little buddy

Telltale Games, un studio plein de promesses

Il faut remettre l'éditeur Telltale Games dans son contexte de 2006, année de la sortie du premier des 6 épisodes de ce Sam & Max: Save the World.

Sam & Max, c'est avant tout une série de comics, de Steve Purcell, datant des années 80/90. Série déclinée ensuite en un point'n'click aujourd'hui culte, Sam & Max Hit the Road, sorti chez LucasArts en 1993.

Forgé autour d'anciens employés de LucasArts, Telltale Games n'a pas encore la renommée qu'ils vont acquérir avec la série des The Walking Dead (2012 et plus). C'est donc une toute jeune maison qui reprend les droits de la licence Sam & Max. Ayant travaillé du temps de LucasArts sur un projet de suite, finalement abandonné, l'équipe récupère la licence, bien décidée à reprendre les travaux en collaboration avec Steve Purcell.

Telltale s'attaque donc au projet avec de l'ambition mais relativement peu de moyens et cela se sent dans les premiers épisodes.

Peu de protagonistes (la ville paraît bien vide) et des décors recyclés d'un épisode à l'autre. Tout cela fait un peu "production fauché" dans un premier temps et il est clair qu'on carbure à l'économie de moyen.

Pourtant le format épisodique donne de la légitimité à cette récurrence de lieux et de personnages. On démarre chaque épisode dans le même appart minable, la même rue et avec les mêmes voisins déjantés. D'épisodes en épisodes, de légères modifications laissent voir un quartier qui évolue et des personnages qui s'enfoncent dans leur délire.

Un gameplay classique, des dialogues au poil

Les premiers épisodes passent surtout grâce à une qualité d'écriture ciselée et impeccable. Parcourant le jeu entièrement en anglais, j'ai pu admirer la répartie et le rythme constant des punchline. Attention le vocabulaire est riche, il faut s'accrocher des fois. Les dialogues entre le flegmatique Sam et son joyeux acolyte psychotique enfilent les perles (avec parfois des références pointues qui ne parleront pas à tous le monde), et font passer au second plan les limitations de ces premiers épisodes. Car les premiers scénarios, bien que plaisants, peinent encore à trouver leur rythme et ce fil rouge autour d'un maître de l'hypnose ne convainc qu'à moitié. Le tout manque un peu de... folie. Qu'importe, dès le 4e épisode, la série gagne en ambition et pousse le délire un bon cran plus loin, comme désinhibée. Et on se plait à suivre toute cette troupe de plus en plus loin dans l'absurde.

Côté gameplay, on est dans du point & click assez classique mais bien dosé. Chaque épisode dure en moyenne 3 heures et pose son lot de challenge, loufoque mais finalement assez accessible. La difficulté est bien dosée et on sera rarement bloqué.

Au final, cette première saison, au démarrage encore un peu bancal, voire poussif, est sauvé par ses dialogues, ses personnages attachants et son gameplay solide.

Un remaster justifié

C'est désormais le studio Skunkape Games qui se charge de ressusciter ces 3 saisons, en commencant par cette première saison dès 2020. Loin d'être des inconnus, ce sont des anciens de Telltale. Le remaster plutôt bienvenu car la série originale n'était plus commercialisée depuis que Telltale avait mis la clé sous la porte. J'ai hésité avant d'acheter à nouveau un jeu que je possédais déjà. Il faut dire que le remaster est relativement discret, cette sortie est relativement fidèle à l'original mais bénéficie d'une mise à jour graphique et technique bienvenue, notamment point de vue résolution (l'original tournait en 1024x768 maximum). Ainsi qu'une longue liste de petits détails (à voir ici : https://steamcommunity.com/games/1440440/announcements/detail/2913231583179436797).

Dans l'ensemble, je ne me suis pas senti lésé et j'ai pris plaisir à reparcourir le jeu, assez fidèle à mes souvenirs, dans un format des plus modernes.