Why so serious, Sam ?

Après avoir enflammé les foules, mis enceinte plusieurs groupies et sorti une autobiographie renversante (SERIOUS SAM, Moi et mes flingues, Éditions Sans complexes ), Serious Sam, fort de son succès sur PC a voulu se faire une place au soleil sur Xbox. C’est téméraire sur la console des Halo, mais Master Chief et Sam partagent le genre, pas les mêmes gros bras.

Soyons clairs, soyons brefs, Serious Sam revient 10 ans en arrière, quand Doom, Duke Nukem et Quake imposaient aux fans leurs monstres hideux et idiots, leurs zones cachés et tant d’autres joyeusetés. Régression alors que Goldeneye, Half-Life et Halo avaient posé les bases de FPS plus « intelligents »? Que nenni, puisqu’il s’agit de retrouver des sensations perdues, celui de phases de tirs pêchues et sans complexes. Serious Sam reprend la recette et n’y change pas grand-chose mais le fait bien.

Le jeu assume complètement son côté bourrin et les cadavres se compteront par milliers sous les balles. D’autant plus qu’ils ne se mettront pas à couvert, n’essayeront pas de vous prendre à revers ou d’appeler des renforts. Ce n’est pas leur genre, c’est pas des mauviettes. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas dangereux: ils foncent tête baissée, et ce qu‘ils veulent, c’est la votre, de tête. Mention spéciale au hurleur kamikaze, qui court vers vous en hurlant constamment : s‘il vous touche, il s‘explose et boum, bobo. L’entendre arriver mais ne pas savoir d’où il arrive est particulièrement excitant, voire même stressant quand il arrive avec d‘autres de ses amis.

Le jeu de Croteam inclut 36 niveaux, découpés en chapitres correspondant à des univers différents selon l‘époque traversée (l’Égypte antique, la Perse, le Moyen Age, .). Oui, Sam traverse le temps. Plus fort que Chuck Norris ? Le joueur retrouve même à la fin des niveaux des statistiques indiquant le pourcentage d’ennemis tués, le temps passé sur le niveau et le nombre de secrets/trésors trouvés. Un bon parcours offre des vies supplémentaires. Les plus acharnés viseront le 100%, et eux, ce sont des vrais hommes (ou des inconscients).

Remake de The First Encounter et The Second Encounter, cette version sur XBox rajoute quelques bonnes choses, en modifie quelques autres, pour nous livrer un jeu qu'on a encore plus envie d'aimer que les originaux, et tant pis pour la souris. Elle ajoute ainsi un système de points pour doper la durée de vie. Tuer des ennemis, et si possible de façon explosive, en rapporte, de même que dénicher les zones cachées du jeu, très nombreuses. Au bout d’un certain nombre de points, une vie est offerte, ce qui n’est pas de trop pour contrer le rythme explosif et dangereux du jeu.

On pourrait croire que le concept assez limité de Serious Sam s’épuiserait lors de cette ribambelle de niveaux. Certes, certains niveaux sont fades mais les programmeurs de temps à autres y implantent quelques petites audaces bien venues, quelques clins d’œils ou pointes d’humour pour éviter la répétitivité ou arracher un sourire à la machine à tuer décérébrée qu‘est devenue le joueur. On y trouve ainsi des pièges mortels que n’auraient pas détesté Indiana Jones ou des séquences assez amusantes comme lorsque Sam doit batailler sur un balancier ou grimper sur les murs. De plus, le rythme est soutenu et procure de bonnes doses d’adrénaline notamment quand le joueur affronte des vagues de dizaines d’ennemis. Quelques bonus (invincibilité, déplacements de Sam accélérés et dégâts accrus) sont même là pour varier les plaisirs et retapisser toujours plus les murs des tripes encore chaudes des ennemis.

Certes, l’histoire est bateau, les armes ne sont pas originales, la réalisation est modeste et le level-design est parfois trop classique. Il ne révolutionne rien et alors ? Bourrin jusqu’au bout des ongles, le doigt toujours vissé à une gâchette, il invite le joueur à redécouvrir ce qui faisait le charme des FPS de l’époque: un rythme soutenu et une exploration poussée, un exutoire au quotidien. Le tout avec un humour crétin parfaitement assumé, émaillé de scènes absurdes, de secrets débiles et de commentaires de Sam bourrées de références geeks et autres. La traduction française est d’ailleurs un régal, avec de belles répliques comme « J’suis le tronçonneur des lilas ». Et quel plaisir de constater que c’est la voix française de Bruce Willis qui le double.