Construit autour d’une mécanique consistant à incarner 3 personnages d’un coup, Sonic Heroes abandonne la formule Adventure qui proposait plusieurs types de gameplay en fonction du héros. Ici, quand on veut jouer Sonic, on est obligatoirement accompagné par Knuckles capable de briser les obstacles et plus puissant en combat, ainsi que Tails qui bénéficient d’attaques aériennes et capable de voler sur une courte distance. On switch à la volée avec la simple pression du bouton attribué au personnage, et tous les niveaux sont construits pour que l’on incarne au maximum les 3 de façon équivalente et complémentaire.
Après avoir fait la campagne de Sonic l'an dernier (et ne pas avoir apprécié), je crois que la campagne de Shadow m'a enfin fait comprendre les mécaniques et les idées du jeu. J'avais été saoulé par la tonne d'affrontements sur la fin. Pourtant, du côté de Shadow il y a encore plus de combats et ce dès le début. Mais justement, le jeu nous fait bien plus facilement comprendre quand changer de personnage en fonction des situations. Là où l'on pouvait affronter les ennemis sans soucis avec Sonic et Tails jusqu'à la moitié du jeu, dans la campagne Dark on prend tout de suite la bonne habitude de changer pour le personnage puissant dès qu'il y a des adversaires (sinon le combat prend trop de temps).
Je dois bien avouer qu'en conséquence, j'ai bien plus apprécié le titre. Cette idée de complémentarité immédiate est intéressante, et quand tout ça fonctionne, c'est fluide, plaisant et rapide. Quelle satisfaction de faire un morceau vitesse, d'activer un mécanisme qui faire apparaître des rings, d'en profiter pour faire un ring dash, de switcher pour Rouge en tombant, lancer une attaque sur les ennemis aériens pour les faire chuter, et les achever avec Gamma. Quand tout ça s'enchaîne sans hésitation de la part du joueur, le jeu fait bien son travail.
Malheureusement, le problème reste un vrai manque de précision et de finition. On s'habitue aux attaques téléguidées des personnages puissants, mais il n'est pas rare qu'un ring dash nous propulse dans le vide, ou qu'un segment automatisé de looping ne nous renvoi pas sur la piste. Ce qui est évidemment frustrant.
Donc, oui c'est dommage parce que quand il fonctionne Sonic Heroes est original et plaisant, et a aussi droit à un level design avec de multiples chemins plutôt réussi. Il s'inscrit d'ailleurs beaucoup plus dans un héritage 2D en termes de construction tant par son level design que dans son visuel cartoon très éloigné des univers plus "humains" des Adventure. Un visuel qui s'en sort toujours très bien aujourd'hui avec des environnements variés et colorés, digne de l'esprit Sega. Dommage que ce soit un épisode qui, en contrepartie, délaisse complètement son scénario qui était pourtant un aspect très plaisant des Adventure.
Une bonne expérience malgré tout, même s'il est occasionnellement rageant. Pourtant, ce n'est pas le seul souci. L'autre éléphant dans la pièce, c'est le fait d'avoir 4 équipes à jouer, et donc 4 campagnes qui sont strictement identiques. Ce sont les mêmes niveaux, que l'on retraverse dans le même ordre. Shadow a juste plus d'ennemis et l'arrivée est placé bien plus tôt dans les stages de Amy. C'est tout. J'ai quand même pris sur moi, parce que j'appréciais l'aventure, en terminant les campagnes de Shadow, Sonic et Amy, mais même avec la meilleure volonté du monde, c'est épuisant. Alors quand j'ai réalisé que la Team Chaotix était à nouveau la même chose, mais cette fois-ci avec 10 collectibles à récupérer dans chaque stage (sinon il ne se termine pas), j'ai lâché l'affaire.
Faites la campagne de Sonic ou Shadow qui peuvent se révéler plaisantes. Mais à partir du moment où l'on en termine une, le reste du jeu peut devenir aliénant. Fun fact, le tutoriel du jeu se cache en introduction à la campagne d’Amy, campagne la plus simple, donc, mais qui est aussi placée dans les menus comme la troisième. Des absurdités propres à la licence qui s’accompagne également d’une ambiance sonore capable de rendre fou. Si les musiques sont pour la plupart de bonne facture (voire excellentes), le fait qu’il y ai un dialogue pour chaque type d’action de chaque personnage et qui se lance à chaque fois devient vite agaçant. Entendre 8 fois d’affilé Tails crier « Let’s go ! » à chaque saut dans une séquence de plateforme ou Knuckles crier « Shit ! » (je suppose en tout cas) à chaque coup qu’il donne est aussi drôle qu’épuisant.