Lettre à Ellie
Ça fait quatre jours, moins de quatre-vingt-seize heures, et je ne m'en suis toujours pas remise. Oui, j'ai peur, parce qu'il faut que j'écrive à quel point j'ai aimé The Last of Us. Je dois,...
Par
le 26 août 2014
130 j'aime
41
Jeu de Naughty Dog, Neil Druckmann, Bruce Straley, Gustavo Santaolalla, Troy Baker, Ashley Johnson, Annie Wersching et Sony Interactive Entertainment (2013 • PlayStation 3)
Le jeu d'une année, d'une console, de toute une génération, l'apogée d'un genre que ce soit en terme de technique, d'esthétisme, de gameplay, de narration et que sais-je encore ? Voilà un peu le degré d'enthousiasme que j'ai pu lire et entendre sur le net depuis la sortie de The Last of Us et paradoxalement la raison pour laquelle j'ai tant attendu pour le faire par peur d'être déçu comme j'avais pu l'être par Uncharted 3 des mêmes développeurs qui ont bien changé depuis leur petit marsupial orange.
Le jeu sur console de salon aux meilleurs graphismes de l'année 2013 et par extension de toute la septième génération de consoles à en croire beaucoup, ça vend du rêve et en plus ça ne déçoit pas. Esthétiquement, passer d'environnements cloisonnés et sombres à des vus panoramiques en extérieurs absolument magnifiques c'est un contraste des plus efficaces dont use et abuse ce jeu pour nos petits yeux émerveillés. Je m'en suis d'abord rendu compte avec les bois et ce sentiment s'est souvent renouvelé, surtout avec ce système de saisons qui permet une variété des plus somptueuse à laquelle je ne m'attendais pas.
Techniquement le jeu souffre des limites de la PS3 avec des temps de chargement super longs au démarrage (2 à 3 minutes) mais qui sont absents en jeu y compris dans les transitions entre phases de jeu et cinématiques tant qu'on essaye pas de revenir sur nos pas, des textures apparaissent avec un peu de retard au loin, on retrouve les mêmes effets d'escalier sur certaines ombres qu'on retrouvait dans Uncharted, il y a du recyclage de skins chez les ennemis... mais tous ces petits défauts n’entachent en rien ou trop peu les graphismes de The Last of Us qui mérite ses éloges sur ce point de vue. La remasterisation sur PS4 est sans doute utile mais la version PS3 se suffit à elle-même.
Nous sommes sur console ce qui implique une visée au joystick et The Last of Us opte pour une visée exigeante donc ça créé des difficultés, passer de l'arc du dernier Tomb Raider à la souris à celui de The Last of Us à la manette c'est vraiment pas la même chose, ça serait un problème si tout le jeu reposait sur de l'action très nerveuse mais c'est pas le cas. Les phases d'actions sont adaptées à ce maniement et quelques situations originales les renouvellent comme se retrouver la tête à l'envers, sniper depuis un spot précis... ce qui fait que le jeu est non seulement assez long pour un TPS mais en plus il n'est pas répétitif, le maniement évolue peu mais les situations de jeu apportent cette variété qui fait que le jeu paraît plus court qu'il ne l'est. L'IA a tendance à faire n'importe quoi par moment par contre en nous tournant bêtement le dos sans raison et d'autre fois un ennemi chargera au corps-à-corps pendant que son pote le couvre à distance en communiquant oralement, assez inégale donc.
Le jeu comporte une partie non négligeable d'infiltration avec des ennemis qui peuvent nous tuer au premier contact, nos attaques au corps-à-corps non prioritaires qui empêchent de foncer dans le tas, le mode écoute assez bien foutu qui nous prévient tout de suite quand un ennemi veut nous prendre de flan mais pas abusé car ne montrant pas les ennemis planqués et loin, les jets d'objets pour faire diversion ou désamorcer les pièges... mais surtout le level-design assez vaste par moments avec plusieurs chemins dans une zone, mes phases préférées sont celles en endroit sombre entre les sources de lumière, les bruits et les fumigènes il y a de quoi faire de bonnes parties de cache-cache.
La survie est bel et bien présente avec l'importance des items et des choix à faire (trousse de soin ou coktail molotov, surin pour crocheter ou pour tuer, bombes à clou ou fumigènes...), bien sûr c'est frustrant de se retrouver à court de munitions et de ne tomber que sur des briques et des bouteilles à ramasser mais c'est le jeu et si on est prudent alors ça ne doit pas arriver. Les petites caches à trouver ici et là offre un petit côté exploration mais je ne les trouve pas très bien équilibrées, parfois on a de grandes zones avec quasiment rien à fouiller et d'autres fois des plus petites mais avec des récompenses plus intéressantes à la clef, je regrette aussi que des améliorations importantes peuvent être ratées bêtement, mais quand on pinaille sur des détails comme ça c'est que le fondamental assure.
L'angoisse est en retrait mais pas totalement absente avec plusieurs phases où les spores sont nombreuses et les ennuis vite arrivés, réussir à accomplir les différents objectifs dans des endroits sombres et labyrinthiques sans se faire attraper pour ne pas dépenser trop de munitions ça demande un peu de stratégie et de contrôle de soi, paniquer en courant dans la mauvaise direction ou gâcher vos explosifs et balles à tout va et c'est le drame. Les énigmes par contre sont parfaitement basiques et répétitives, palette de bois sur l'eau et planche de bois pour passer un trou au bout d'un moment on connaît et on en a marre, à ce niveau ils auraient pu faire l'impasse dessus mais aucun de tous ces problèmes suffisent à entacher un gameplay au final très efficace.
S'il y avait un point sur lequel j'étais certain d'être convaincu avant de jouer au jeu c'est par le scénario, l'ironie du sort a voulu que ce soit le seul qui me déçoive. L'univers post-apocalyptique impitoyable et réaliste est très bien rendu via l'esthétisme, les notes à lire laissées ici et là, les dialogues qu'on peut entendre... même si je trouve que notre introduction dans cet univers n'est pas terrible, qui sont les lucioles ? pourquoi on combat l'armée ? … Mais c'est pas du tout ça qui m'a déçu.
Pour ce qu'il s'agit de la narration, The Last of Us n'est pas trop bavard, au contraire les discussions servent d'accalmies vraiment bienvenues mais le pépin c'est que c'est tout ce qu'il y a de plus dirigiste, le manque d'implication est total, en particulier à la fin qui pourtant m'a fait croire une seconde qu'on pourrait enfin faire un choix, pour un jeu qui se veut être le jeu de la gen ça m'aurait paru un minimum qu'il adopte un système de choix avec des conséquences mais non, tant pis ma vision de ce que doit être une narration ne doit pas concorder avec l'avis général. La mise en scène pour les persos secondaires est trop vite expédiée, je ne me suis attaché à aucun d'entre eux. La syncro labiale en VF a parfois de gros ratés sans raison, la VO est bien meilleure.
La relation entre Joël & Ellie est comme je m'y attendais au cœur du scénario et je l'ai trouvé avec ses hauts et ses bas, au début la relation froide entre eux est cohérente alors qu'on a encore le prologue en tête et la façon dont les choses évolueront est réussie, en revanche on a des moments un peu niais avec la fugue au ranch, la dispute et la réconciliation qu'on voit venir à des kilomètres c'est vraiment pas génial, ça m'a à nouveau plus en hiver où le ton était clairement plus mature avec une Ellie au sommet mais la fin franchement je ne l'ai pas du tout aimé.
Je m'attendais à une scène poignante, un choix moral abjecte, une scène épique je sais pas moi quelque-chose, pas une fuite en avant dans un couloir (même si la musique est belle), un choix inexistant et une petite balade dans les bois qui ne nous met pas une seconde face aux conséquences, c'est vrai que ça change et que ça veut prendre à contre-pied des fins plus classiques mais ça ne m'a pas parlé et question cohérence Joel lui a à peine proposé de rester chez Tommy et là c'est un peu tout l'objectif de Joel de garder Ellie, les lucioles laissent Joel en vie, le font garder par un seul garde juste armé d'un pistolet à côté de toutes ses affaires, Marlene a l'occasion de l'abattre (en se retrouvant pile au bon endroit, au bon moment), il vient de tuer tous ses potes et au lieu de ça baisse sa garde... enfin bref j'ai vraiment pas aimé cette fin, je veux bien croire qu'elle puisse plaire mais je m'attendais à autre chose perso.
Que ce soit par son visuel ou par ses mécaniques de gameplay, comme je l'ai précisé dans le titre variété, générosité et qualité ne font qu'un, c'est pas parfait mais c'est véritablement excellent, si j'avais eu le même sentiment pour le scénario alors oui j'aurais pu comprendre tout ces éloges et en formuler autant mais là c'est pas le cas, j'ai adoré faire The Last of Us qui regorge de qualités que j'aimerais voir plus souvent dans un jeu mais le scénario m'a suffisamment déçu pour que je sois un peu moins fan du jeu que la plupart même si encore une fois, je l'ai adoré.
P.S : Merci à Francisravage pour m'avoir prêté le jeu et avoir eu la patience que je le finisse.
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Créée
le 18 oct. 2014
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