En passant en revue mes -nombreux!- émulateurs, v’là-t’y pas que j’tombe sur ce truc : À Prendre ou à Laisser, le jeu (officiel!), sur Nintendo DS. (…) Quand on y réfléchit posément, le concept de l’émission n’est pas dénué d’intérêt, et pourrait même faire l’objet d’études sur le comportement humain, un peu comme l’expérience de Milgram…enfin ça, c’est la théorie. Dans la pratique, c’est un jeu TF1 : il faut donc simplifier le truc au maximum, et surtout, SURTOUT, rajouter une dose "d’émotion" pour faire mouiller la ménagère de moins de 50 piges…


Rappelons le principe tel qu’il est (était? J’avoue ne plus trop regarder la TV au vu de la qualité des programmes proposés…) dans l’émission : des boîtes numérotées sont assignées au hasard aux candidats, contenant chacune une somme allant de 0.01€ à 1.000.000€. L’un d’eux est alors tiré au sort et doit éliminer une à une les autres boîtes jusqu’à découvrir le contenu de la sienne, tandis qu’un "banquier" intervient à intervalles réguliers pour faire une proposition (une somme ou un échange de boîte) en fonction du déroulement de la partie…


L’expérience est à mon sens biaisée dès le début : le candidat ne choisit pas sa boîte. Quoi de mieux pourtant que d’insinuer le doute dans son esprit, en le faisant lui-même sélectionner l’objet de sa future (in-)fortune ? Il faudrait également que le banquier propose TOUJOURS de pouvoir changer de boîte, là encore pour renforcer la crainte du candidat d’avoir fait (ou non) le mauvais choix en changeant (ou non) de boîte. Car l’être humain a ce comportement étrange et fascinant de l’indécision perpétuelle : même en ayant fait un choix cohérent avec ses idées et à priori définitif, il aura toujours une petite voix interne (plus ou moins intense selon les gens) pour le faire douter à nouveau si une nouvelle possibilité s’offre à lui…


Pour finir, il y a le pathos omniprésent dans l’émission (violons, pleurs, toussa…) lorsqu’une grosse somme est éliminée, dont on se serait bien passé. Qu’un candidat chiale en ouvrant sa boîte à 1M€ alors qu’il n’a pas été sélectionné, ça je peux comprendre. Pour le reste… Comment ça "bouh, Wyz n’a pas de cœur!" ? Chochotte, va ! Plus t’élimines de petites sommes, plus t’as de chance d’en éliminer une grosse au tour suivant, c’est mathématique ! Alors c’est un peu débile de chialer à chaque fois… Encore une fois, ça n’est que du hasard, et rien que du hasard ! D’où d’ailleurs mon appréhension face à une adaptation vidéoludique…


Voilà voilà, on y vient enfin. Par rapport à l’émission, quelques changements notoires : on détermine nous-même le sens du hasard en choisissant la boîte de départ, pas de violons ni de pleurs à la con à signaler (les candidats gardent la banane même quand on perd 1M…je sais pas si c’est mieux finalement… :p), mais surtout : l’argent n’est que virtuel ! Remboursez ! Ah merde, je suis sur ému’… C’est d’ailleurs là sa principale faiblesse : il n’y a aucun intérêt ludique à gagner / perdre du pognon virtuel, la montée d’adrénaline n’est clairement pas la même que dans la réalité puisque le risque est minimal !


Et puis, c’est sans compter sur une interface en mode "foutage de gueule" : autant d’un point de vue visuel que d’un point de vue sonore, le jeu se contente du minimum syndical, avec un décor et des candidats statiques au possible, et des bruitages réduits à leur plus simple expression… Je sais qu’on est "que" sur DS, mais quand même… Oh, et une fois n’est pas coutume avec ce type de production, tout se joue exclusivement au stylet (enfin, à la souris sur émulateur :D)…


Il y a cependant un petit truc qui relève (un tout petit peu) le niveau général de cette adaptation : la possibilité de jouer le rôle du banquier. Il eût certes été plus intéressant de pouvoir mener en bateau un deuxième joueur plutôt que l’IA, mais ça reste tout de même assez rigolo d’inverser les rôles. Enfin, il y a un troisième mode de jeu complètement useless : le mode Gage, où les gains sont remplacés par des…ben par des gages quoi, genre faire la vaisselle ou sortir le chien. Oui, moi aussi je cherche encore l’utilité du truc…


Sans surprise, À Prendre ou à Laisser est un soft très mauvais…mais finalement pas spécialement plus ni moins que les autres adaptations vidéoludiques de jeux TV dont l’éditeur Mindscape s’était faite une "spécialité", notamment sur DS… On leur doit également les versions jeu vidéo de Fort Boyard, 1 contre 100, Intervilles…et même Koh-Lanta ou encore Pékin Express (et je déconne même pas!). Une politique éditoriale douteuse qui a fini par le précipiter vers la liquidation judiciaire en 2011…comme quoi il y a parfois des moments où le hasard n’a pas sa place !

Wyzargo
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le 12 mars 2018

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