4 heures de jeu à mon actif
Quitte à faire un petit détour du côté des créations "légèrement" en dehors de mon genre de prédilection, pourquoi ne pas aborder le jeu vidéo AER Memories of Old, fini récemment. Développé par Forgotten Key, et édité par Daedalic Entertainement (l'équipe derrière les The Dark Eyes : Les Chaînes de Satinav et Memoria), ce jeu d'aventure à la sauce Skyland - parce qu'il y a des gros cailloux qui flottent dans les airs - se révèle fort, peut-être pas forcément émouvant mais apaisant pour peu que les créations quelque peu "vides" ne dérangent pas les joueurs.
Nous suivons Karah, une jeune femme lancée dans un pèlerinage pour tenter de rassembler des fragments divins et ainsi espérer ralentir l'invasion de créatures infernales.
Pas plus de spoil !
Si le scénario ne brille pas forcément par son originalité - concrètement, l'histoire d'un voyage pour rassembler des objets afin d'endiguer une invasion de créatures monstrueuses, cela n'étonne plus grand monde - force est de constater que ce jeu brille par sa principale volonté vis-à-vis du joueur, celle de s'évader l'espace de quelques heures, comme les jeux de son type. Le fait que ce dernier recherche plus à faire ressentir une émotion par la musique, le décor ou son unique élément de gameplay intéressant (on y vient) laisse une certaine forme d’apaisement et, de ce fait, semble facilement pardonnable. Le tout, toujours scénaristiquement parlant, reste assez prosaïque (le voyage initiatique, les trois fragments à récupérer...) mais force est de constater que le côté prosaïque surgit par quelques détails, le premier étant la capacité de métamorphose de Karah. En effet, le monde dans lequel nous évoluons est fait d'îles (plus ou moins géantes) flottantes sur lesquelles nous allons devoir fouiller les décombres dont le lore sera, à contrario de l'intrigue principale paradoxalement, plutôt intéressant à découvrir au fur et à mesure. Le principe de vol est assez simple à prendre en main et il s'en dégage une certaine sensation de libération et d'immersion, quand bien même le mode d’atterrissage peut laisser à désirer par moment.
De toute évidence, le jeu se mise pas sur un scénario à rebondissement, mais plutôt sur une ambiance légère qui offrira aux joueurs un temps de repos appréciable. Pas de séquences de combat, juste des énigmes à résoudre - on peut peut-être souligner le manque de difficulté - pour trouver les artefacts divins - et des régions assez variées à explorer. Et sur ce point, il est également possible de critiquer l'aspect vide du monde, un peu comme l'était celui du jeu The Legend of Zelda - Skyward Sword (pour rester dans le thème) : une carte de bonne taille mais énormément vide ; même si les ruines et les vestiges de la civilisation antérieure remplit parfaitement son rôle d'ébahissement du joueur.
De ce fait, l'intrigue n'est guère intéressant en soi mais c'est véritable l'aspect poétique et relaxant de l'univers présenté qui attirera, souligné par quelques autres détails :
Les personnages. Ils sont vides !
Pour les graphismes... Non, plus sérieusement, les personnages de ce jeu ne sont pas très détaillés, même pour ce qui est de notre héroïne pour la simple et bonne raison que ce n'est absolument pas le but de ce jeu de faire de la caractérisation. Ainsi, les personnages n'ont guère à offrir si ce n'est le trois gardiens des fragments divins qui possèdent des apparences et des mises en scène plutôt stylées.
Pour la patte graphique, il est intéressant de noter cette modélisation très polygonale, qui se rapproche, en moins détaillé, des graphismes du jeu Epistory - Typing Chronicles. Un rendu plutôt intéressant à observer et qui donne une touche plausiblement philosophe (réflexion strictement subjective) dans le sens où l'absence de visage, d'expression peut inviter le joueur à coller les siennes sur le visage de l'héroïne. Ou quelque chose dans ce genre... Mais bon, de ce point de vue là, pas grand chose à dire hormis la présence de deux-trois figures charismatiques, notamment dans l'apparence. Autrement, concernant le décor, les différents îlots sont colorés et plutôt détaillés en plus d'être rendu assez "vivant" grâce à la météo changeante selon les région ; mention spéciale pour les effets quand on traverse les nuages lorsque l'on est en forme animale..
Mais bien évidemment, un jeu de cette trempe trouve ses lettres de marque dans la musique, qui est tout bonnement merveilleuse et est une véritable ode à la rêverie, à l'aventure et à l'émotion. On demeure sur des notes assez calmes néanmoins mais qui ne sont pas dénuées de charmes.
A l'instar de la critique précédente, on se retrouve devant un jeu qui fera appel à notre subjectivité en terme d'adhérence et de recommandation. Il va sans dire que les quelques défauts soulevés (une carte plutôt vides, un scénario guère impressionnant...) peuvent jouer en défaveur de AER Memories of Old, sans compter que le terme "AER" n'est pas forcément définit au sein du jeu, ce qui ne joue pas en sa faveur. Mais le véritable but de ce jeu est l'immersion, l'évasion et le rêve le temps d'une courte session. De ce fait, et parce que je suis sensible, je recommande ce jeu pour la beauté de ces compositions musicales et des séquences de découverte que l'on réalise. Un jeu qui mérite d'être apprécié quand bien même c'est surtout à nous et à notre imaginaire de faire un effort d'appréciation.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !