Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller tôt le matin afin de jouer au jeu pour lequel vous vous êtes justement couché tard la veille ?
Avec Aladdin ça a été le cas pendant une bonne partie de l'hiver 1993, juste après noël donc.
D'abord tenez ça , ça fera pas de mal pour vous mettre dans le bain.
Vous y êtes ? Les sables brûlants du Moyen-Orient, les palais des Mille et Une Nuits, les cimeterres qui s'entrechoquent, les dromadaires qui crachent... Parce-que moi j'y étais, j'ai joué à Aladdin comme un fou et j'étais complètement absorbé par l'ambiance. Les gars de Virgin Interactive, David Perry en tête avaient donné tout ce qu'ils pouvaient c'est certain, et avec l'appui d'une boîte comme Disney en outre. Ah ça madame, la guerre des jeux à licence c'était autre chose de notre temps. Bon, il y avait des petites escroqueries de derrière les dunes par moments, reconnaissons-le. Disney nous avait cependant habitués à de jolies adaptations, Castle of Illusion, Quackshot et, non, pas Fantasia.
Mais ce Aladdin là c'est non seulement un jeu à licence réussi, mais aussi, vous devez l'avoir lu ça et là, un jeu réussi tout court et un classique immédiat de la Megadrive.
Il suffit de jeter un oeil aux graphismes et à l'animation incroyable (celle d'Aladdin qui descend le long d'une corde est parfaite, je m'amusais à le faire monter et descendre juste pour admirer), pour voir de quoi je veux parler, on croit à une fantastique update du vénérable Prince of Persia dont il partage la thématique. L'animation donc, les musiques (comme pour Street Fighter II, je branchais le casque pour écouter le sound test télé éteinte le soir pour m'endormir) et pas seulement celles qui reprennent les thèmes du dessin-animé, les originales, un peu jazzy/orientales sont géniales, et l'humour ! Entre les gardes qui perdent leur pantalon, se brûlent les pieds sur les charbons ardents, les squelettes guindés, les voleurs planqués dans des paniers qui se déplacent subrepticement, les quelques clins d'oeil à l'univers Disney (Goofy, la Bête ou les oreilles de Mickey qui sèchent sur une corde à linge !) et l'animation dingue d'Aladdin qui jongle avec des pommes si on ne touche pas à la manette pendant un moment, il y avait de quoi flanquer un sourire béat sur mon visage d'adolescent quand je jouais à ce jeu.
Bon, il y avait quand même des moments de pure rage. Au milieu d'un jeu très facile certains passages m'ont collé des sueurs froides sous ma couette, car oui, je jouais depuis mon lit. Le niveau de la lave me faisait hurler et la course en tapis volant (très belle) poursuivi par une vague de lave nécessitait de connaître le niveau par coeur pour espérer s'en sortir. Le niveau complètement délirant de la lampe magique demandait également pas mal de concentration quand on pouvait se retrouver précipité dans le vide après un mauvais rebond sur une tête de Génie hilare et grotesque.
Le pire de tout étant ces misérables plates-formes rétractables dans les geôles ! A la limite du bug, il faut tomber au bon moment de l'animation et surtout sur la bonne poignée de pixels sinon, le pauvre Aladdin passe à travers et gagne le droit de tout recommencer, c'est incompréhensible et impardonnable. C'est souvent à ce moment que j'ai éteint la console de colère avec de multiples exclamations du type "c'est pas juuuuuste làààà mais rhâââââââ^!" typique du joueur animiste qui pense que le jeu lui en veut à lui, personnellement et que ça va peut-être servir à quelque chose de crier.
Les boss quant à eux n'étaient pas très exigeants et un peu de méthode permettait de s'en sortir sans trop de mal. Ils sont d'ailleurs un des rares points faibles du jeu, manquant un peu de personnalité, le tout dernier combat contre Jaffar quant à lui n'avait pas grand chose d'épique également. Dommage.
Mais la beauté générale du titre, ses effets impressionnants et son côté dessin-animé interactif, un vrai, pas comme Road Avenger ou Dragon's Lair qui sont des dessins-animés un peu interactifs, font qu'il occupe une place toute particulière chez tous les possesseurs de Megadrive. J'y ai joué et rejoué, je le connais bien mieux que le dessin-animé dont il est issu, je ne l'avais d'ailleurs pas vu du tout quand j'ai eu le jeu, du coup je ne comprenais pas toute l'histoire avec le "vieillard" et le scarabée. C'est l'un des jeux auxquels je pense direct quand on me parle de la Megadrive et l'un des premiers vers lequel je me suis tourné quand j'ai pu remettre la main sur mon antique console assortie de sa collection. Ses quelques défauts sont éclipsés par sa formidable réussite technique et, disons-le, artistique. Et, bonus ultime dans la cour de récréation du collège, il permettait de dire à ses interlocuteurs, "ouais, mais Aladdin sur Megadrive il est vachement plus beau que sur Supernes ! Et ouais !" Pour une fois qu'on pouvait bomber le torse comme un prince !