Alice : Retour au pays de la folie par leo03emu

Alice retour au pays de la folie est vraiment une suite inespérée. Alors que personne ne s'y attendais, le réalisateur American McGee annonce qu'Alice Liddell revient, dix ans après ses premières aventures. Alice avait sombré dans la folie suite à un incendie qui a tué sa famille. Cette vision d'une Alice avec un couteau de boucher qui tue des monstres semble être le produit d'une adolescente gothique qui aurait mal tourné pour un public du même tonneau. Mais peut être au contraire, c'est la vision cul cul de l'histoire par Walt Disney qui était faussé ? Le conte en lui même n'a rien de niais ni de très sombre, l'histoire est juste bizarre. Et à partir de là, on peut donc dire que ce jeu est tout aussi proche de l'esprit original du livre que du dessin animée, ce qui, somme toute, n'est pas forcément un compliment.

Si le premier opus d'Alice nous faisait découvrir une vision violente et torturé de l'histoire, cette suite réussit à rester fidèle, malgré les dix ans qui les séparent, et l'équipe de développement différente. Un tour de force vraiment inespéré pour un fan de la première heure comme moi. Comble de l'extraordinaire, cette suite est même moins violente et plus orienté sur l'étrangeté du monde d'Alice. Un fait étonnamment cohérent avec l'histoire : Alice étant maintenant guérie et sortie de l'asile, elle est recueillit par une vieille femme alcoolique et manipulatrice. Elle a aussi un travail chez le docteur Bumby qui s'occupe d'enfants. Mais l'incendie envahie encore ses pensées, et elle se demande qui en est le responsable. Cette obsession la replonge dans le pays des merveilles, son seul refuge. A partir de là, on pourrait penser qu'Alice est un jeu d'aventure afin de bien mettre en avant le scénario et l'atmosphère si particulière. Au lieu de ça, Alice est un jeu... de plate forme 3D. C'était déjà surprenant pour le premier épisode lors de sa sortie, ça l'est encore plus pour cette suite aujourd'hui. Les jeux de ce type sont tellement rares maintenant que le gameplay donne l'impression d'une certain ringardise. Et pourtant ça passe. Ca passe car la plate forme, c'est amusant, et qu'Alice se débrouille très bien là-dessus. Le jeu se contrôle à merveille, et les combats sont très sympa et nécessite de la technique pour chaque ennemis. Les mécanismes sont très classiques: beaucoup de saut, des plateformes qui se déplacent, des champignons sauteurs, des ennemis, des passages secrets... Il est assez étrange de voir ainsi un tel visuel au service d'un gameplay aussi old school.

Mais avouons le tout de suite, l'intérêt d'Alice reste avant tout son univers. C'est en effet les retrouvailles avec Alice dans un univers plus sombre et réaliste, où le pays des merveilles est issu de sa folie, refuge de la tragédie qu'elle a vécut. Mais ce monde des merveilles tend parfois au monde des cauchemars. Elle retrouve ses amis, comme le chat du Cheshire, le chapelier fou... Mais c'est aussi des monstres étranges, des ruines, des tas de boue noir, des théières mécaniques, des soldats cartes... C'est tout aussi bien une forêt merveilleuse qu'une forteresse mécanique glauque. C'est tout aussi bien un monde d'estampe asiatique qu'un château en ruine. La voie de la guérison est encore loin pour Alice, et c'est aussi lorsqu'elle revient dans le monde réel qu'elle le comprend. Habillé en haillon, Alice déambule dans les quartiers mal famés d'East End à Londres en quête d'une échappatoire à ce monde sale et répugnant. Là encore, elle a bien une amie, mais on ne peut pas dire que ce soit forcément une bonne fréquentation. Un monde de fantaisie qui s'oppose au monde réel froid. L'univers d'Alice est incroyablement captivant et crédible.

Ce tableau est cependant on ne peut plus ternie par une level design paresseux. Le jeu est répétitif, et ce n'est pas à cause de son gameplay qui est assez bon. Non, le problème, c'est bel est bien les niveaux qui se suivent et se ressemble dans leurs constructions. Les level designer n'ont vraiment eu aucune idée durant toute l'aventure. Il y a bien des secrets, des énigmes, des phases de glisses... Sauf que c'est toujours les mêmes ! Les secrets sont toujours cachés de la même façon, les phases de glisses reviennent toujours au mêmes, les énigmes aussi... Les niveaux sont un long couloir remplis de champignons sauteurs, de jets de vapeur, de monstres, d'interrupteur et d'énigmes bidon. Personnes impatientes, prenez garde. L'avantage, c'est qu'au moins, on ne se perd pas. L'inconvénient, c'est que c'est vraiment lourd par moment, en particulier pour le chapitre 3 vraiment lourdingue. En revanche, le chapitre 5 est vraiment sympa à jouer. Le reste est correct, sans plus. C'est d'autant plus dommage car le premier Alice avait un gameplay bringuebalant mais avec de bons niveaux. Alice retour au pays de la folie, c'est l'inverse.

Au final, amateurs de jeux de plate forme 3D, mais surtout d'univers mature avec de l'imagination, Alice retour au pays de la folie est pour vous. Avec sa bonne durée de vie et son ambiance hors du commun, on passe un moment marquant. Pour les fans de la première heure, c'est enfin la suite de l'aventure, étonnamment fidèle au premier opus tout en le surpassant sur les points les plus importants. Une véritable expérience, servit de façon surprenant par un gameplay très old school dans l'esprit et même antagoniste à l'univers. En faisant très court, Alice retour au pays de la folie, c'est une excellente atmosphère, un bon gameplay, un mauvais level design.