Entre le récent succès en salles d'Alien : Romulus, ma découverte des comics Alien avec Dead Orbit / Perdition, les séries audio proposées par Audible ou encore la future série télévisée supervisée par le créateur de Fargo et l'annonce inespérée d'un Alien Isolation 2, c'est peu dire que la licence Alien est omniprésente dans l'actualité. S'il est à craindre qu'elle finisse par atteindre le même stade de saturation créative que Disney a imposé à Star Wars en une décennie d'imaginaire aride, il est pour l'heure satisfaisant de constater à quel point les jeux Aliens se suivent mais ne se ressemblent pas. Alien Isolation était un formidable hommage à l'ambiance claustrophobique du film de Ridley Scott et ce Dark Descent est à son tour une belle adaptation de l'ambiance guerrière d'Aliens de James Cameron; outre sa fidélité au matériau d'origine, le jeu peut également se targuer d'offrir une vraie alternative au genre du XCom Like dont il n'emprunte pourtant pas le fameux tour par tour : l'action s'effectue ici en temps réel en contrôlant l'intégralité de l'escouade qui se déplace comme un seul homme vers son objectif dans des niveaux souvent labyrinthiques où notre progression va être facilitée par le déblocage progressif de raccourcis à la manière d'un SoulsLike. Mais prudence car le niveau d’agressivité de la ruche augmente inéluctablement au fur et à mesure de notre avancée, rendant nécessaire un repli stratégique avant d'être (littéralement) submergé par l'ennemi
Joli programme donc qui parvient à instaurer un dilemme constant dans l'esprit du joueur de s'aventurer plus profondément dans la base ou de revenir prudemment sur ses pas pour éviter la mort définitive d'un de nos marines, le tout pouvant culminer dans des situations réellement stressantes et presque terrifiantes par moments. A cela se rajoute un compte à rebours général avant la destruction planétaire d'une difficulté assez impitoyable car je me suis retrouvé bien malgré moi dans une impasse désespérée (et totalement RolePlay pour le coup) à devoir finir la suffocante mission finale avec une équipe de deux vétérans et un bleu à un jour du bombardement, sans possibilité de revenir à mon vaisseau.
Je pense très honnêtement que si je n'avais pas débloqué, presque par hasard, la compétence "Tir de précision silencieux" qui instaure presque une variante d'infiltration dans la partie, je ne serais probablement pas parvenu à finir ce titre extrêmement exigeant, même en mode normal; l'équilibrage est assez vicelard car on peut vraiment avoir le sentiment de dominer la situation pour se retrouver avec un enchainement de catastrophes et l'impression d'être soudainement pris au piège sans aucun échappatoire. Bref une excellente adaptation et une vraie proposition convaincante pour les amateurs d'un genre pourtant assez bien garni en propositions diverses ces dernières années.
Il ne lui manquerait qu'une gestion de la base plus approfondie pour atteindre l'excellence des XCom (souvent l'aspect sur lequel la série demeure assez indétrônable); le scénario se laisse suivre sans déplaisir, même s'il est plutôt dans une qualité Moyen+ au niveau de son écriture (j'étais un peu étonné d'apprendre que le studio était d'origine française vu la qualité très inégale de la traduction), les marines caricaturaux sont bien évidemment légion mais le jeu tente néanmoins quelques audaces vis à vis de son univers (même si les délires de sectes, on en bouffe déjà beaucoup depuis Dead Space) tout comme la direction artistique est assez louable, sans pouvoir évidemment égaler celle d'Isolation; le jeu n'est pas non plus exempt de bugs et de petits cafouillages techniques qui rappellent qu'on est en présence d'un AA vraiment méritant malgré ses limitations budgétaires. J'en veux encore pour preuve les efforts conséquents de variété que le jeu s'efforce de proposer continuellement dans ses situations de combat, même lorsqu'il s'agit simplement de nous priver de lumières, limitant notre champ de vision à notre faible lampe torche (des petites variations qui brisent régulièrement la routine sécurisée que le joueur pense avoir instauré dans sa maitrise de l'adversité); une diversité moins appréciable lorsque certaines séquences tentent d'opter pour une approche plus horrifique ou un épilogue malheureusement assez raté.
Ce qui me fait ainsi dire que ce Dark Descent sera peut être un essai unique malgré son succès mérité; l'univers d'Alien ne me semble en effet pas aussi infini qu'un Star Wars en matière de possibilités et j'ai du mal à voir ce que les développeurs pourraient proposer comme enrichissement significatif à cette formule. Je leur souhaite donc tout le meilleur pour peut être une autre licence à l'avenir, en attendant le jour où Disney se décidera enfin à proposer un jeu Clone Wars de cet acabit.