Je me suis offert une petite revisite à Derceto quelques années après avoir bouclé une première fois le jeu, et ce fut une excellente expérience.
Déjà le jeu commence par une intro formidable, qui pose l’ambiance de manière magistrale. On y voit notre personnage déambuler lentement et pénétrer dans ce manoir qui va rapidement devenir un piège mortel. Et déjà les plans de caméra fixes et la lenteur de l’action donnent au jeu un côté cinématographique très réussi. Si on rajoute à ça la musique géniale, cette introduction fait clairement partie des meilleures intros de jeu auxquelles j’ai pu assister.
Et je trouve que cette maîtrise de la mise en scène se retrouve tout au long du jeu. Les plans fixes sont chouettes, bien choisis, et permettent aux développeurs de se poser en héritiers d’un certain langage d’habitude propre au septième art. C’est la même raison pour laquelle j’ai toujours adoré les premiers Resident Evil : je trouve que les caméras fixes associées à des personnages en 3D autorisent une mise en scène de très grande qualité.
Dès qu’on est aux commandes, le plus gros défaut du jeu saute aux yeux : sa difficulté de malade ! Le jeu ne nous fait aucune concession, et dès la première pièce on va mourir, mourir et mourir avant de pouvoir progresser. Alors certes c’est contrebalancé par la possibilité de sauvegarder à tout moment, mais le jeu n’en fait pas moins preuve d'un sadisme à toute épreuve. En gros chaque nouvelle situation va vous tuer une première fois avant que vous puissiez comprendre comment ne pas mourir.
Mais c’est aussi ce qui rend le jeu intéressant : le danger n’est jamais balisé, et tous les dangers/ennemis sont uniques. Chaque situation requière une solution propre, et c’est d’être confronté en permanence à ces menaces insolites qui va permettre au jeu de renouveler constamment votre intérêt.
Et j’insiste sur le « insolite », car le jeu fait preuve d’une inventivité folle dans les situations dangereuses, ce qui lui permet de jouer avec brio la carte de l’hommage/pastiche à Lovercraft. Les aberrations peuplant le manoir se marient à merveille avec les courts livres à la prose de qualité certaine que vous trouverez à droite à gauche, et offrent une ambiance très proche des écrits du fameux écrivain.
Bref une très belle réussite globale, malgré un côté die-and-retry assez violent par moments.
16/20
PS : Pour être tout à fait honnête, il est possible que le fait que j’ai déjà fini le jeu il y a une quizaine d’années m’a rendu certaines énigmes plus faciles, et que du coup que j’ai perçu le jeu comme étant moins frustrant que lors d’une première partie.