Angry Birds est un jeu bouleversant. Bouleversant, bien sûr, car on ne ressort pas de cette expérience sans avoir les larmes aux yeux, mais aussi parce qu'il bouleverse le genre du jeu de scoring en introduisant des thématiques d'une subtilité rare.
Angry Birds, rappelons-le, est l'histoire tragique d'une famille d'oiseaux qui vit des jours paisibles, sans faire de mal à personne. Un jour, alors qu'ils attendent un heureux évènement, les volatiles se voient leurs précieux oeufs, leurs futurs chérubins, dérobés par d'infâmes cochons, dont les petits yeux luisent d'infamie et dont la verdeur ne peut inspirer que le dégoût.
Ivres de rage (d'où le titre du jeu), nos protagonistes se laissent aveugler par la vengeance et bientôt, il n'y a plus qu'une seule idée dans leur petite cervelle : ils veulent voir ces cochons mourir. Tous, sans exception. Et pour cela, ils n'hésiteront pas à mettre leurs propres vies en jeu, dans le seul espoir de venger leurs enfants qu'ils croient perdus à tout jamais...
Cette thématique de la vengeance domine et évolue constamment : vers la fin du jeu, on peut apercevoir des oiseaux explosifs, sans aucun doute métaphores des kamikazes. Kamikazes qui, rappelons-le, sont japonais, tout comme bon nombre de jeux vidéos. Une référence évidente.
On ne peut que s'apitoyer pour ces pauvres oiseaux que le sort destinait à la souffrance. Et qui n'a pas versé une larme devant ce magnifique écran de fin plein d'émotion, où l'on voit la famille enfin réunie, alors que le sol est jonché de cadavres, des côtes de porc et de plumes.
Et n''est-il pas tragique de voir ces oeufs rester désespérément immobiles, alors que les derniers survivants de leur famille aimeraient les voir leurs sauter au cou ? Les pauvres chérubins ne sont même pas conscients de tous les sacrifices que leurs parents ont faits pour les retrouver...
Et cette reine dont la couronne gît au sol, n'est-elle pas le symbole d'une monarchie déchue ? On peut voir Angry Birds contre la métaphore du peuple se soulevant contre ses souverains, détruisant tous sur son passage, pour obtenir la liberté, alors symbolisée par les oeufs. L'immobilité de ces derniers peut alors être interprétée comme le fait que les oiseaux doivent faire bon usage de cette liberté, pour laisser derrière eux le souvenir douloureux de ce massacre...
Angry Birds est sans aucun doute un jeu bourré de symbolisme jusque dans ses moindres recoins, et procéder à une analyse complète me prendrait malheureusement trop de temps.
Parlons maintenant du gameplay. Angry Birds est un jeu de scoring, où l'on cherche à faire le meilleur score possible. Dans ce contexte, cela consiste à se venger de ses voisins porcins de la pire façon qui soit, ne laissant pas un seul survivant et en causant le plus de dégâts possible, ruinant ainsi la famille royale lorsqu'elle devra entreprendre des réparations. Nos oiseaux sont bien sadiques...
Mais les cochons, au moins, ont de l'argent et, plus on approche du palais royal, dernier donjon du jeu, plus on peut admirer une certaine profusion de richesses. Alors que nos amis oiseaux, eux, ne disposent en tout et pour tout que d'une catapulte et de leurs propres corps, dont ils se serviront comme projectile.
Car ces oiseaux ne peuvent pas utiliser leurs ailes pour voler. Doit-on y voir une absence d'espoir ? Ou bien de Redbull ?
Chaque oiseau possède des aptitudes bien particulières. Doit y voir l'éloge de l'individualisme ? Pas si sûr, car ils sont bel et bien répartis en catégories qui se distinguent avant tout par leur couleur et leur taille. J'y vois plutôt, au contraire, une dénonciation de la nécessité que l'on a de se regrouper sous des étiquettes.
Une question s'impose alors à notre esprit : et les oisillons pour lesquels on agit, à quoi ressembleront-ils ? Question qui restera malheureusement sans réponse...
En conclusion, Angry Birds est un véritable petit bijou, un OVNI vidéoludique unique en son genre, qui mêle avec dextérité des principes simples et enfantins avec des thèmes beaucoup plus sombres... À ne rater sous aucun prétexte.
[J'ai mis 10 pour coller au ton de la critique, mais sinon, je mettrais probablement 6 ou 7.]